Morgan.e

Bienvenue dans H comme Handicapé.e.s, le podcast qui donne la parole aux personnes handicapées parce-qu'on ne les entend pas assez. Pour ce sixième et dernier épisode, j'ai discuté avec Morgan.e de son vécu en tant que personne handicapée faisant partie de la communauté LGBTQ+. Et si nous avons l'air fatigué, c'est parce-qu'on l'est. Fatigué.es du validisme bien trop présent dans cette communauté. Un des nombreux sujets de cet épisode. On y parle aussi de l'histoire de la communauté queer et de ses liens avec la psychatrisation, ou encore de Frida Kahlo.

Est-ce que tu peux te présenter un peu ?

Alors je m'appelle Morgan.e, je suis une personne queer et handi. J'ai 26, euh non pas 26 ans, j'ai 36 ans. Et je suis un artiste. On va dire. Je fais plutôt des collages, dont le but est de...Bah offrir une représentation et une visibilité pour les personnes handi. 

On est là aujourd'hui pour parler de la communauté LGBTQ+ quand on est une personne handicapée. Parce-que à l'heure où on enregistre l'épisode on n'est pas encore au moins de juin, et ce n'est pas encore le mois des fiertés. Mais, quand l'épisode sortira, on sera en plein dedans. Du coup, avant de parler de la communauté LGBTQ+, je voulais qu'on parle un peu de toi et de ton parcours avec ta queerness. Et comment t'as compris que t'étais queer ? 

J'ai mis du temps. J'ai mis beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup, encore un (rires) de temps, à m'en rendre compte. Mais je pense que c'est un...Pour moi c'est assez logique en fait en tant que personne handi, d'avoir mis autant de temps. Parce-qu'en fait; bah j'avais ce bail là à régler avant. C'est-à-dire que...Bah moi j'ai grandis, comme pas mal d'entre nous je pense, avec cette idée là que j'étais un fardeau. Et du coup, il  a fallu que je me batte plus que les valides, pour être à peu près considéré. Et donc pendant des années j'ai vachement performé...Là dedans quoi, dans l'hétéropatriarcat (rires) J'ai voulu vraiment me conformer à ce modèle là qu'on nous impose. D'être le plus, d'apparence valide possible, le plus cis possible, le plus hétéro possible... 

Alors que tu n'étais aucun des trois (rires) 

(rires) Voilà. En petit résumé c'était ça (rires) En fait nan. Du coup, je me suis épuisé pendant longtemps jusqu'à ce que, bah en fait...J'en puisse plus quoi. J'étais épuisé de tout ça. Et en fait j'ai commencé à m'intéresser un peu au féminisme. Qui m'a amené vers Monique Wittig. Et clairement Monique Wittig elle...Elle a un peu changé ma vie cette personne. Ouais. En fait j'ai réalisé qu'il y avait un, un autre chemin possible. Et du coup bah, je me suis engouffré là dedans. Et c'était bien. Et c'était la meilleure décision de ma vie. 

Ouais, je pense que le féminisme ça a aidé pas mal d'entre nous à...prendre conscience de plein de choses.

Bah ouais. Déjà bah qu'on est des personnes.Qu'on a de la valeur. Que c'est pas normal qu'on soit traiter comme on l'est. Après évidemment il y a des biais avec le féminisme mainstream actuel, parce-qu'il pense pas à nous en tant qu'handi. C'est très centré sur bah, les cishet quand-même. Un peu trop à mes yeux en tout cas. Mais comme la société quoi. 

On est d'accord. (rires) Mais on s'éloigne un peu quand-même là. On a parlé du féminisme dans le premier épisode avec Marina. Vous pouvez aller l'écouter si vous voulez. Et là on parle de la communauté LGBTQ+.

(rires) 

(rires) Sinon je vais m'embrouiller moi. D'ailleurs je vous recommande le premier épisode, il était vraiment trop bien. Euh, mais voilà. Fin de la parenthèse. Ouais, bah du coup la deuxième question t'en a déjà un peu parlé mais...Est-ce que ça a été facile pour toi de cumuler...D'accepter de cumuler, queerness et handicap ? Parce-que je sais que je sais que pour moi ça a été hyper compliqué et ça a pris...des années. 

Ouais bah pour moi aussi ça a pris vraiment beaucoup de temps, et je pense que j'ai encore beaucoup de taff a faire hein. En terme de validisme intériorisé, et de queerphobie intériorisé. Parce-que...Bah, j'essaie d'être un peu doux avec moi, et en fait c'est logique. Parce-qu'on vit dans  des sociétés hyper normées. Et du coup bah...devoir se confronter à...A deux types d'oppression en même temps. Bah c'est pas facile, tout simplement. Et puis, enfin je sais pas...C'est partout tout le temps. Mais une fois que...En fait moi, une fois que j'ai accepté vraiment mon handicap. Enfin accepter, ouais si je crois que c'est le bon mot. Plutôt que je...Que je l'ai fait mien. Que j'ai réussi à comprendre qu'en fait c'était...A mes yeux en tout cas, pour moi le handicap c'est une construction sociale. En fait, on vit dans des sociétés qui...Qui sont basées vraiment sur des idées, de...hyper normées sur ce que ça veut dire que d'être humain, que d'avoir des comportement dit "naturels" ou whatever ce que ça peut vouloir dire. Et du coup, quand on n'est pas dans la norme. Ce qui est considéré être dans la norme, effectivement on prend cher pour ça, et on nous le fait payer toute notre vie. Donc bah forcément, ça a été long et douloureux de...Un chemin long et douloureux que d'accepter qu'effectivement j'en faisait pas partie. Et il m'a fallu du temps pour en être, pour être heureux en fait, de pas en faire partie. Parce-que c'est chiant en fait d'être enfermé dans une boite (rires). Et que j'ai pas envie d'être enfermé dans une boîte. 

(rires) c'est clair. Et du coup ouais bah tu parlais de cette norme hétéropatriarcale ultra...Ultra normée tout simplement. Est-ce que tu pense que ton handicap influence ta queer, ta queerness ? Enfin joue un rôle sur ta queerness ? 

Bah je pense que les deux sont intrinsèquement liés. Bah déjà la queerness et l'histoire des queer, c'est quand même une histoire de validisme. Dans le sens où on a été psychiatrisé.e.s quoi. Et on l'est encore. Enfin les personnes trans elles prennent encore bien cher, sur ce pandant là de la psychiatrisation. Du j'ai du mal en fait à moi, à délier les deux en fait. J'arrive pas a comprendre comment on peut pas...On peut pas voir que tout est lié, mais comme le racisme, comme...En fait toutes les oppressions. Encore une fois, nos sociétés leurs buts c'est juste de contrôler nos corps. Et du coup dès que nos corps ils correspondent pas à ce que...Ce que les systèmes de dominations qui sont en place dans...Dans, bah dans nos sociétés encore une fois. Bah ils sont pas contents, et du coup ils nous punissent pour ça quoi. Enfin ils sont "pas contents" c'est un peu enfantin dit comme ça, mais tu vois ce que je veux dire. C'est vraiment, le validisme, les queerphobie, le racisme, la grossophobie...Bah c'est juste des façon de nous contrôler, et de contrôler nos corps quoi. Une fois que t'arrive à comprendre ça...Bah, je pense que ça, ça allège. 

Ouais, Nan et puis, c'est vrai que...Surtout quand on est, comme nous deux par exemple, quand on est né avec des handicap visibles, et qu'on a des corps qui sont visiblement différents...En fait, de fait, on est directement éjecté de la norme hétéropatriarchale. Et donc en fait, on est juste deux fois plus queer que tous les queers valides de la Terre.

(rires) 

D'ailleurs pour les personnes qui nous écoutent et qui ne savent pas ce que c'est, ce que ça veut dire "queer". A la base c'est une insulte homophabe qui en anglais veut dire bizarre, tordu...En opposition à "straight" qui veut dire "droit" et aussi "hétéro"....

Oui du coup, on est littéralement queer par escence quoi. 

Ouais c'est ça. Parce-que on est littéralement pas droit en fait (rires) on est littéralement bancals 

(rires) Oui. Oui cette idée là de binarité entre queer et straight, et binarité tout court d'ailleurs, mais c'est un autre débat. Ça n' a pas de sens parce-que l'être humain il est pas...Bah il est pas standard quoi. Il est pas droit par essence. On est tous plus ou moins un peu tordus et plus ou moins droit. Ça dépend comment on voit les choses mais, à mes yeux c'est vraiment un contresens que de penser comme ça...Que le corps humain et normé, que c'est un standard et qu'une façon d'être et de penser, et de vivre dedans. 

Ouais ouais. Non mais c'est clair. Mais du coup enfin, les personnes handi sont encore moins dans cette norme là. Et du coup...Oui, on est queer par essence en fait. Même les personnes handi qui sont cis et hétéro, elles sont quand même queer en fait. Dans la définition du mot. Donc euh...Juste...(rires) Incluez-nous dans la communauté LGBTQ+ parce-que on a notre place. Mais d'ailleurs là je m'emballe un peu (rires) je m'emballe un peu sur la troisième question. Troisième ou quatrième ? Je ne sais même plus. Mais du coup la...La prochaine question. Est-ce que en tant que personne handicapée tu te sens incluse et représentée dans la communauté LGBTQ+ ?

Euh non. Évidemment. Après dans, dans la société et n'importe quelle communauté je me sens pas représenté. Mais ouais, bah dans celle qui est la mienne, non pas du tout quoi. Non non. Bah il n'y a pas d'endroits, il n'y a pas d'endroits où on est célébré. Ouais que ce soit dans cette communauté là ou dans une autre. On est quand même vachement rejeté et...Il y a une phrase de Merri Lisa Johnson qui est assez parlante. Et elle dit qu'il y a une répugnance de la théorie quuer à s'atta, à s'adresser aux personnes handi. Et je crois que c'est assez vrai. il y a un coté je pense qu'on...Ouais il y a un peu un truc de attraction répulsion. Et je pense que c'est aussi lié à notre histoire où encore une fois...Notre histoire en tant que queer où effectivement bah on a...On a subit vachement de psychatrisation et de validisme du coup. Et je pense que du coup les valides, enfin beaucoup de valides. Pas tous. Beaucoup de valides. Je pense surtout aux gays. Aux gays blancs, cis quoi. Qui ont réussit à s'en sortir de là dedans bah...Je pense que du coup c'est un peu sauve qui peut quoi. Ils sont sortis de là et du coup bah ils laissent un peu une partie de la comu derrière quoi. 

Ouais ils ont pas envie d'y être confronter à nouveau quoi.

C'est ça. C'est comme ils ont réussi à se sortir de ce truc là bah...Ouais c'est un peu triste. Je sais pas si c'est...Si c'est conscient ou pas hein, mais je pense qu'il y a de ça. Parce-que tu vois il y a quand même vachement...Ne serait-ce que de sérophobie dans le milieu. Ce qui est quand même pareil un contresens absu...Enfin, genre, c'est hyper mind fuck. Mais du coup, enfin, à mes yeux la sérophobie c'est une forme de validisme. 

Oui bah oui, c'est clair.

On est vraiment...Ouais c'est  rejeter...Bah rejeter les handi et les malades chroniques quoi. 

Ouais. Ouais c'est intéressant. J'avais, j'avais pas pensé à ça comme ça, mais ouais. C'est intéressant. Oui du coup : Est-ce que la communauté LGBTQ+ a un problème de validisme ? OUI (rires) 

Oui ! Tout à fait. Ouais. Ouais je me dis qu'il y a peut être un...En tout cas c'est comme ça que j'ai envie de le comprendre et de l'entendre. Bon évidement que, bah comme on baigne dans cette oppression, bah forcément on reproduit ce dans quoi on a grandi. Mais il y a aussi je pense un truc...Peut-être je sais pas, des formes de traumas pas, pas gérés encore quoi. 

Ouais, c'est peut être une...Une piste ouais. Et du coup...Parce-que là c'est vrai qu'on parle beaucoup de la communauté LGBT comme une entité...Est-ce que du coup t'as des anecdotes d'expériences en lien avec la communauté LGBT qui pourraient illustrer un peu, un peu tout ça ?

Bah là c'est...Ouais c'est un peu dur de dire des trucs en ce moments positifs sur la commu parce-qu'elle a été hyper dur avec nous. Avec le covid. 

Oh mais on est pas là pour être positif sur la commu t'inquiète ! (rires)

(rires) 

Bah parce-que clairement ça a été...On est vraiment bah...Ouais encore une fois on a été un peu, bah délaissé.e.s quoi. Enfin, au mieux délaisser. On nous a un peu laissé...Enfin jeter sous le bus et puis...Et puis voilà, sauve qui peut quoi. Moi ce qui m'a vraiment perturbé, bah c'est que déjà évidemment, d'un point de vue personnel ça m'a vraiment attristé de voir que...Bah que vraiment ils en avaient rien à foutre de notre gueule quoi. C'est évidemment un peu blessant d'un point de vue égotique, mais c'est aussi que...J'ai pas compris parce-que, j'avais l'impression que, ce que faisait la commu, c'était au final assez semblable à ce que fait...Bah les politiques gouvernementales. Je pense qu'il y a eu vraiment, une grosse absence de solidarité et de care collectif, depuis la crise du covid. Et bah en fait c'est juste...La crise du covid elle a, elle a révélé ce qui était déjà là en fait. C'est juste qu'elle a mis un miroir grossissant dessus. Parce-que bah, c'était une crise. Et du coup oui pas de care collectif et un...Et un abandon ouais. On nous a mis de côté, on nous a pas écouté et puis... Ouais et puis tu sais tous ces trucs de fêtes clandestines qui ont été faites. Tous ces trucs là sans qu'ils se posent des questions. Et après ils chouinent quand des personnes leurs tapent sur les doigts en leurs disant que c'est hyper validiste. Bah ouais mais...

Ouais c'est clair. Non je me rappelle d'un post que t'avais écrit sur instagram après la Pride de Paris qui avait eu lieu l'année dernière là. En juillet je crois.

Oui c'est vrai. La Pride ça avait été vraiment... Ouais bah depuis j'ai plus fait de manif, et je suis pas sûr d'en refaire encore. 

Bah ouais. Ouais où personne n'avait de masque. Où enfin, il y avait zéro truc qui été pensé pour les personnes handi et tout. 

Bah ouais bah c'est pareil, c'est comme...Les les...Les queer valides ils pensent que tout le monde est valide en fait. 

Ouais 

Tout simplement. Tu sais ils pensent pas à la santé... On parle un peu plus de santé mentale et encore...Dans un certain cadre. Il faut pas être trop malade mental non plus quoi. Enfin, malade mental entre guillemets hein. J'aime pas ce terme mais tu vois. Pas trop mais un peu quand même. Et physique bah, non ça n'existe pas quoi. Et puis c'est vraiment...Ce type de comportement hyper égoïste et validiste. Et eugéniste en fait. Bah ça reproduit vraiment, bah ce que fait l'Etat. C'est à dire nous laisser crever dans notre coin, et advienne que pourra quoi. Et c'est vrai que c'est un peu l'opposé de ce que censé être la communauté LGBTQI+ quoi. On est censé être du love et du care et blablabla... Ouais bah ça c'est...Les paillettes c'est pas pour nous en fait c'est pas pour les handis. 

C'est clair, c'est clair. Bah moi je me rappelle...En fait quand j'ai lu ton post j'habitais pas en France. J'habitais en Autriche à l'époque.  Et en fait je venais de, de vivre la meilleure Pride de ma vie genre une semaine avant. C'était génial ouais parce-que...Bon c'était pas Paris évidemment, c'était une petite ville Autrichienne, donc euh, enfin, il y avait beaucoup moins de foule et tout. Et surtout en fait, à cause...Enfin à cause ou plutôt grâce au covid, ils avaient fait un mode de distanciation où tout le monde été à vélo ou à roues, ou à skate, où à fauteuil...Et du coup c'était, c'était vraiment cool parce-que ça faisait beaucoup plus d'espace. Et tout le monde était à peu près à la même hauteur, et j'avais pas besoin de lever la tête pour voir les gens, et je me sentais pas oppressé ou quoique ce soit. Et c'était vraiment trop bien. On a, vraiment on a fait deux fois le tour de la ville, on avait toute la rue que pour nous, c'était...Les flics étaient hyper safe, il n'y avait pas de débordement, c'était trop bien. Et vraiment j'étais hyper heureuse, et c'était la première fois que je me sentais vraiment incluse dans un événement LGBT quoi. Et en fait après j'ai lu tout post, et je me suis rendu compte que... Il a fallu que j'aille vivre en Autriche pour, pour me sentir inclus dans ma communauté quoi. Enfin...Il y a quand même un truc...Il y a quand même du boulot quoi. Beaucoup beaucoup de boulot. 

Oui il y a du boulot vraiment ouais. 

Non mais du coup j'espère que...Parce-que comme tu dis ça a, ça a fait remonter tout le, tout le validisme et tout, cette pandémie. Mais j'espère que des personnes vont...Vont prendre conscience de ça et vont essayer d'améliorer un peu les choses parce-que...

Bah moi aussi j'espère. Parce-que enfin, l'idée c'est tellement pas de cracher sur les gens et ses comportements, Même si évidemment ils sont, ils sont condamnable on va dire. Mais c'est plutot bah, faut réfléchir à tout ça quoi. Parce-qu'on peut faire mieux en tant que communauté. Je pense que ça aurait pu être fait, facilement en plus quoi. Je crois que, en vrai la, la violence qu'on a subit, elle a été rendu possible parce-que...Parce-qu'elle a été reproduit. Mais on est pas obliger de reproduire. On aurait pu mieux faire, on aurait pu penser les choses différemment. Et on devrait. Enfin j'espère qu'on y arrivera. Je pense qu'on est beaucoup a être, en tout cas pour les handis...Bah au bout du roulot quoi. On va pas se mentir. Mais on va finir par se relever, et je pense qu'on arrivera à créer des trucs. Bah clairement j'ai été déçu par la communauté, mais je pense que c'est pas grave. Dans le sens où, c'est pas parce-que il y a eu des merdes, que ça va rester comme ça au contraire. Moi quand je râle en fait c'est un peu des appels...C'est un peu des élans d'amour quoi. Parce-que en fait, j'attends rien de la société cis hétéro et compana. Par contre j'attends de la comu. Parce-que je l'aime. Et moi quand je me permets de râler, bah en fait c'est...Ouais c'est un élan d'amour. C'est comme un call in tu vois. C'est genre : Bah ouais, il y a des choses qui ont été mal faites et qui on été blessantes, et qui nous on mises en danger.  Faut que vous vous en rendiez compte et que, et qu'on fasse mieux en fait. Qu'on soit vraiment une communauté, c'est à dire qu'on prenne soin les un des autres. Et c'est possible. Enfin moi j'ai pas envie d'être rageuse toute ma vie. Ca me fait du bien d'être en colère et de la, et de la nommée et de la dire quand j'en ai besoin mais, j'ai pas envie de rester dans la colère. Faut que ça devienne quelque chose de constructif, sinon ça sert à rien. 

C'est clair. C'est exactement pour ça que j'ai fait ce podcast d'ailleurs. Mais ouais, ouais ouais. Je suis totalement d'accord avec t..Enfin, surtout que...En fait, ça fait d'autant plus mal que on fait parti de cette communauté et que on a envie d'être, d'être accepter par cette communauté, et d'être aimer par cette communauté, et que on se sent deux fois plus rejeter alors que...Encore une fois c'est une communauté à laquelle on appartient donc...

Bah ouais, on devrait pas avoir à se...A bosser deux fois plus pour avoir un sentiment d'appartenance quoi. On devrait pas avoir à nier nos handicaps pour pouvoir aller dans des lieux pas accessibles. On devrait pas avoir à faire ça. C'est violent en fait de subir ça. Et c'est humiliant. Et il faut effectivement que...Que les personnes valides qui organisent des événements, elles s'en rendent compte quoi. C'est hyper humiliant. Et vous reproduisez ce qu'on vit tous les jours, déjà de base quoi. On peut mieux faire. Et ça peut être fait de façon, pas si compliqué et pas si coûteuse. Mais pour ça faut nous écouter en fait. 

Il faut nous écouter. Tout à fait.

Bah ouais. C'est un peu la base quoi. Faut nous écouter. Faut arrêter de croire que c'est pas parce-que t'as un pote handi qui arrive à faire 50 choses, trucs dans la journée, que bah ton, un autre va y arriver. Enfin tu sais faut arrêter de...D'essentialiser les gens en fait. Le handicap c'est un spectre assez immense et on a tous des besoins, propres à chacun. Et c'est ok en fait. Il y a quand même des solutions assez faciles pour rendre les choses accessibles à une plus grande majorité de personnes.

Non mais c'est clair. Enfin moi je sais que, pendant hyper longtemps j'ai pas voulu aller dans des évnements queer et tout parce-que...Juste j'avais trop peur de me faire rejetter en fait. Deux fois plus. Encore. Enfin, en fait je pense que si il y a des personnes queer valides qui nous écoutent il faut vraiment qu'elles comprennent qu'elles perdent des adelphes en fait. En rendant leurs évenement pas accessibles et tout bah...Juste elles perdent des adelphes.

Ouais et puis, elles rejettent des adelphes aussi. C'est pas que...

Ouais voilà. 

Il y a quand même une action concrète qui se passe, dans le fait de rendre pas accessible des lieux. C'est qu'en fait vous nous rejeter hein. Non faut vraiment que les gens arrivent à comprendre que le handicap c'est pas une question de...De faiblesse ou de fragilité, mais c'est juste une injustice sociale quoi. Parce-que oui j'ai des capacités qui sont peut être différentes de toi Jean-Michel valide, Mais c'est pas une raison pour laquelle ça me donne le droit de...Bah de me fermer des portes littéralement quoi. Enfin je...C'est pas parce-que je peux pas marcher que c'est que je puisse pas prendre le métro en fait. C'est pas normal. 

C'est clair. Quel message tu aimerais faire passer aux personnes valides de la communauté LGBTQ+, militantes ou pas, qui nous écoutent  ?

Bah amplifiez nos voix. Éduquez vos proches. Reprenez les quand ils disent de la merde sur le, sur le handicap, et les maladies chroniques. Boycottez les événements non accessibles. Enfin soyez des vrai.es allié.e.s en fait. Enfin, vraiment. Bah évidemment la base c'est quand même de commencer à vous déconstruire, mais si vous avez fait déjà un peu de truc là dessus...Ouais. Et d'ailleurs pas que pour les valides hein parce-que...On a tous vachement de validisme intériorisé. Moi j'en connais des personnes handi queer qui ont encore du taff là dedans à faire. Et c'est pas pour les shamer au contraire moi ça me fait de la peine. Mais ouais c'est un vrai taff, et ça ferait du bien à tout le monde en fait. Handi comme non handi. De se déconstruire là dessus. Parce-que toute cette pression qui est sur nos corps et sur notre performativité...Bah c'est dur à porter quoi. Et c'est juste le capitalisme hein. Donc soyez anti capitaliste jusqu'au bout. Voilà. (rires) 

(rires) C'est clair. C'est clair. Et surtout, moi j'aimerais juste rajouter un truc. N'attendez pas d'avoir des ami.es handicapé.es pour vous déconstruire.

Mais oui ! 

N'attendez pas d'avoir des handicapé.es autour de vous pour vous déconstruire, et faites vos recherches par vous même. Genre...

Ouais, on est pas des éduc spé gratuits quoi. 

(rires) C'est clair. C'est clair. Je pense que c'était un très bon...Avant dernier, message (rires)

(rires) 

Du coup là on arrive à la dernière question, qui est la question recommandation culturelle. Tu m'as dit en off que tu en avais pas. Et en fait, je t'en ai cité quelques uns, et finalement tu en as (rires)

(rires) C'est juste que je suis un petit peu trop...J'allais dire dépressive. C'est vrai aussi mais, dissociatif en ce moment. Du coup j'ai un petit peu de mal à me connecter avec mes idées, mais oui donc bref. Tout ça pour dire : Passion Crip Camp. Si vous l'avez pas vu bah voyez le. Et revoyez le encore. Et encore une fois. Ce film, c'est un documentaire donc qui parle de la lutte pour les droits civiques des personnes handicapées, aux Etats-Unis dans les années 60...

Ouais 70. 

  1. Et il est génial. Il m'a fait chialer la première fois que je l'ai vu, et puis la deuxième aussi. Et c'est un peu mon film...Enfin genre, petit film feel good et qui me donne de l'espoir. Et qui me fait du bien quoi. Ouais, enfin il est génial. Faut vraiment le voir. 

C'est clair. Il est trop bien. Il fait vraiment vraiment trop du bien. Et en même temps je trouve qu'il est hyper...Enfin il y a un côté qui est très dur quand même, enfin...

Oui

Mais en même temps qui est hyper positif et, et comme tu dis qui est hyper inspirant. Et qui est vraiment trop bien. Enfin moi je...je l'ai vu, et clairement j'ai...Je crois que j'ai pleuré pendant une heure après.

Ah ouais nan mais j'ai tellement chialer moi la première fois. 

J'ai dû mettre sur pause tellement je pleurais. Enfin c'était...wouah.

Mais tu vois ça c'est tellement, ben on a tellement pas de représentation. C'est des choses qu'on nous apprend pas. Et du coup c'est génial qu'il soit sur Netflix, accessible à peu près à un grand nombre de personnes. C'est trop bien. Parce-que ben ouais nos histoires elles sont invisibilisées quoi. Ca existe, et ça existe aussi en France hein des...Bah des personnes handi qui militent comme ça. Bah d'ailleurs, ça me fait penser à, Handi-Social en ce moment. Bah c'est exactement la même chose qui se passe, sauf que bon, ben là... 

Ouais. Gros soutien à Handi-Social d'ailleurs. Je le redis parce-que...

D'ailleurs ils ont une cagnotte, et si vous voulez les soutenir, donnez leurs des sous pour payer les frais d'avocat et tout. Les amandes qu'ils doivent payer pour avoir essayer de...d'accéder à des droits fondamentaux. Mais oui c'est clairement, Crip Camp c'est...C'est la vie. Vraiment. 

Et d'ailleurs dans ce film, on voit très bien l'importance des allié.es. Parce-que notamment les personnes qui...Les personnes handi qui manifestent et tout pour leurs droits, elles se font notamment aidé.es par les Black Panthers

Et des gouines aussi. Il y a un groupe de gouines aussi. Enfin tu sais, quand ils font leurs... 

Oui.

Leurs squatte de je sais plus quel...Bah il y a les Black Panthers et un groupe de gouines qui viennent leurs apporter à bouffer. Enfin en tout cas qui les soutiennent. Et oui c'est un bel exemple de convergence de luttes quoi. Effectivement tu pourras pas libérer... La libération elle doit inclure tout le monde, sinon c'est pas une libération quoi. Parce-que bah, tu peux être handi et racisé.e, et tu peux être handi et LGBT...Et du coup si tu libère que les LGBT mais pas les racisé.e.s ni les handi, bah tu libères personne en fait. Tu continues juste à croire à tes privilèges. Donc ça sert à rien. 

Voilà. J'ai envie de dire PREACH, et de lâcher le micro. Et voilà. (rires) Mais euh, nan. J'ai encore quelques recommandations à faire. D'ailleurs je sais pas si tu veux parler de la deuxième, mais je vais la présenter, et après si tu veux, tu en parles. Donc c'est un fi...Un film, non (rires) C'est un livre. Que j'ai entre mes mains actuellement. Et qui est absolument génial. C'est un petit livre qui s'appelle "Les chants du placard". Qui a été écrit par Luz Volckmann. J'espère que je dis bien son nom. Qui est une autrice trans. Et...Comment dire ? Ce livre c'est...Il est petit mais il est hyper fort. Il est hyper bien écrit et très poétique. Et comme son nom l'indique, il parle de placards (rires) Et de différents placards que ce soit quitter la campagne, ou quitter l'hôpital, ou quitter, quitter ces choses qui, qui nous enferme. Et il est, il est trop bien. Et il y a notamment ce troisième...Ouais je crois que c'est le troisième et dernier passage du livre, où elle parle de...D'une grosse, d'une énorme opération du dos qu'elle a subi. Et qui moi m'a beaucoup parler et qui parle de ce...De ce sentiment d'être totalement dépossédé de son corps et tout ça. Et c'est vraiment hyper beau et hyper...Ouais. Il est trop bien. Lisez le. Voilà. Est-ce que tu as des choses à dire en plus ? (rires) 
 
Nan bah, gros coup de coeur pour ce bouquin effectivement ouais. Il est vraiment génial. Il m'a beaucoup ému, et je me suis beaucoup...reconnu dedans. Surtout bah, pour la partie où ça parle d'arthrodèse donc opération du dos. Parce-que bah j'en ai eu une aussi. Et tout ce qui est lié au médical, j'ai un lourd passif médical. Et du coup forcément, ça me parle assez. Mais même ouais ce rapport à... Les trois...Je sais pas si on peut dire que c'est des nouvelles ? Je sais pas, effectivement il y a trois parties différentes dans le livre. Les tois sont géniales et c'est...Ouais. Enfin, t'as tout dit déjà. C'est hyper bien écrit. C'est une personne qui est hyper fine et...Et du coup, faut l'acheter ce bouquin, vraiment. Il est vraiment bien. En plus il est très beau. La couverture elle est super belle, enfin tout est parfait quoi. Ce qui est important je trouve, moi j'aime pas acheter des bouquins dont j'aime pas la couverture. 

(rires) C'est vrai. C'est vrai. Ouais ouais nan la couverture est très belle. Et je trouve que tout tout transpire la queerness sur cette couverture. Que ce soit la couverture, le titre...Moi je l'ai vu et ça m'a tapé dans l'œil direct. Je me suis dis "Oh il faut que je l'achète" Et puis oui je trouve qu'on en a pas beaucoup parlé, et c'est dommage donc c'est pour ça que j'en parle aujourd'hui. Parce-que même si, j'ai adoré aussi le bouqin de Elisa Rojas par exemple. Mais il a quand même eu beaucoup plus de couverture médiatique que celui-là. Donc voilà. Faut aussi parler des autrices et des auteurs un peu plus indépendants. Dernière chose. Je voulais parler...C'est pas vraiment une recommandation, parce-que j'ai pas vraiment de livre à recommander ou de film. Parce-que le seul film que j'ai vu sur cette personne était franchement pas terrible. Je voulais parler de Frida Khalo, et de rappeler aux personnes qui nous écoutent si jamais elles l'avaient peut être oublié.e.s, que Frida Kahlo était handicapée. Que Frida Khalo était queer. Qu'elle était bisexuelle. Et que, elle était surtout handicapée. Et que ça fait juste partie intégrante de son œuvre. Que elle a eu des douleurs chroniques toute sa vie, qu'elle a eu des opérations à répétition, que voilà. Que elle peignait des tableaux depuis sont lit, parce-qu'elle était alitée. Que ça fait partie intégrante de la chose, et que Frida Kahlo c'est pas juste un portrait avec des sourcils, des sourcils épais sur des tote bags. (rires). Que c'est beaucoup plus que ça.

(rires) Ouais nan elle était communiste, elle était...Bah faut écouter le podcast de "Venus s'épilait t elle la chatte ?" là, à ce sujet. Je crois que c'est même en deux épisodes. Je sais plus à vrai dire. Mais elle a consacré un épisode au moins à Frida Kahlo. On apprend pas mal de choses sur elle et c'est hyper intéressant. 
Ok. Bon bah du coup ça fera un, une reco de podcast en plus. Et euh. Oui Frida Kahlo est géniale. Frida Kahlo est une inspiration et un role model pour beaucoup de personnes handicapées je pense. D'ailleurs je crois que ton chat s'appelle Frida non? 
Oui (rires) 

(rires) Je pense que c'est pas pour rien. Moi je me suis dis déjà que mon prochain fauteuil je l'appellerai Frida.

Ah toi aussi tu nommes tes fauteuils ? Trop bien

Oui moi aussi je donne des noms à mes fauteuils. Mon fauteuil actuelement s'appelle Freddie, mais le prochain je l'appelerai Frida. Voilà
(rires) Freddie pour Freddie Mercury et Frida pour Frida Khalo (rires)

(rires) Ah c'est beau !

(rires) Voilà. Sur cette dernière phrase très queer, je crois que on peut s'arrêter là.

Oui OK. Bah merci beaucoup. 

Bah merci à toi. C'était vraiment très cool de discuter avec toi. Surtout que ça fait un moment que je te suis sur Instagram et tout, donc c'était chouette de pouvoir enfin discuter. Et ouais merci beaucoup d'avoir parler de tout ça avec moi. Je sais que c'est un, quelque chose de très important. Qu'il y a beaucoup de personnes queer et handi qui ont besoin de représentation, Et j'espère que...J'espère que cet épisode fera parler de lui et qu'il va un petit peu secouer, secouer les puces. Un petit peu, aux valides.

Ouais et puis qu'ils fera du bien surtout aux concerné.es quoi. 

Ouais j'espère. 

C'est vrai que ça fait du bien d'entendre des voix qui bah...D'avoir des espaces pour nous quoi. 

C'est clair. Bah c'est pour ça, c'est pour ça que j'ai fais ce podcast. Et d'ailleurs cet épisode sera le dernier épisode de la première saison. Mais il y aura une deuxième saison qui va normalement démarrée en septembre. Mais je n'en dirais pas plus pour l'instant. Mais en tout cas oui. On a pas fini encore, et on a encore pleins de sujet à aborder. Et pleins de valides à déranger. Et pleins de...

(rires) 

Et plein d'adelphité, et de love, et d'amour, et voilà.

Trop bien 

Voilà. Merci encore Morgan.e. C'était trop cool.

Merci à toi.

Et une dernière fois un grand merci à vous d'avoir écouter cet épisode. En cette fin de saison je tenais à vous remercier pour votre soutien, que vous suiviez le podcast depuis le début, ou seulement depuis quelques semaines. Je suis très fière de la petite communauté qui s'est créée autour de ce podcast, et j'espère qu'elle grandira encore avec la saison 2. Je vous donne donc rendez-vous en septembre pour encore plus de témoignages et d'invité.es à découvrir.

Recommandations culturelles :

Film : Crip Camp (2020)
Réalisé par James Lebrecht & Nicole Newnham
Disponible sur Netflix

Livre : Les Champs du placard (2020)
Ecrit par Luz Volckmann
Publié aux éditions blast

Podcast : Venus s'épilait-elle la chatte ?
Episode : Frida Kahlo au delà du mythe