Manon

(Musique de fond)
Hermine : Bienvenue dans « H comme handicapé.es », le podcast qui donne la parole aux personnes handicapées parce qu'on ne les entend pas assez. Aujourd'hui je suis avec Manon, et on est là pour parler : des animaux, et plus précisément de chien d'assistance parce que Manon a un chien d'assistance depuis… 2018. Du coup, elle va nous parler de son quotidien un petit peu avec ça. Et, moi je serai là aussi pour parler de mon chat et de comment elle m'aide au quotidien. C’est tout un programme très mignon qui nous attend. Du coup Manon est-ce que tu peux te présenter un petit peu ? (Fin de la musique de fond)

Manon : Bonjour, donc moi c'est Manon. J'ai fait une licence de biologie et je suis maintenant étudiante en Master. Euh, j'ai un handicap moteur de naissance donc je suis née prématurée, ce qui a créé des lésions cérébrales. Du coup, j'ai une paralysie cérébrale et au quotidien ça se voit par : donc je peux pas beaucoup marcher, je peux faire que quelques pas, donc je me déplace en fauteuil roulant électrique…, j'ai du mal à tenir assise sans support, j'ai des, aussi un manque de force et de coordination au niveau des bras donc j'ai des difficultés sur certains gestes de la vie quotidienne comme : soulever des objets trop lourds ou…, cuisiner et caetera. Et comme c'est un handicap qui concerne le, fin qui touche le cerveau, ça impacte aussi…, la vision et donc par exemple les capacités d'orientation dans l'espace. Et donc j'ai fait un, une demande…, de chien d'assistance quand j'ai commencé à habiter seule, après quelques mois à habiter seule. Et j'ai eu mon chien un an après, en 2018 : Lexie.

Hermine : Et du coup ouais, t'as un compte Instagram, où tu racontes un peu tes aventures avec Lexie.

Manon : Oui, qui s'appelle : « superlexiehandichien ». Parce que Lexie m'a été remis gratuitement par l'association Handichien, qui est une association…, qui remet des chiens dans toute la France, gratuitement pour les bénéficiaires.

Hermine : Bah du coup…, super transition pour ma prochaine question, qui est du coup un peu…, la base de comment, comment t'as eu Lexie ? Et quel est le processus pour avoir un chien d'assistance ?

Manon : Le processus change selon les associations. Mais pour l'association Handichien, ça fonctionne partout dans toute la France. Donc, y'a une première étape où on remplit un dossier où on explique un peu notre handicap et en quoi on voudrait que le chien nous aide. Donc voilà, Handichien remet différents types de chiens. Il remet des chiens euh, pour le handicap moteur, je précise qu'il y a pas besoin d'être en fauteuil roulant pour avoir un chien d'assistance, y'a des personnes, personnes pardon marchantes qui peuvent avoir un chien d'assistance. Y'a des chiens d'assistance dits d'éveil, plutôt pour les enfants, y'a des chiens d'assistance pour les personnes autistes, y’a des chiens d’assistance pour la détection de crises d'épilepsie, y'a aussi des chiens d'accompagnement social, qui sont des chiens remis à des personnes valides comme des kinés, des infirmières, pour que le chien travaille en structure. Il y a des chiens aussi, plus récemment d'accompagnement judiciaire et de s…, fin de soutien à la réussite scolaire. Donc voilà, différents types de chiens que Handichien peut remettre. Donc déjà, on, on monte un premier dossier et en fait, là déjà,, Handichien va voir si notre demande correspond à un des handicaps où ils peuvent remettre des chiens. Et une fois qu'on a fait ce, que ce premier dossier est passé, donc là déjà y'a un délai de quelques mois, le temps que ce dossier soit traité, et ensuite, on a un entretien à domicile qui permet de vraiment cerner la personnalité de la personne qui fait la demande, sa motivation, son quotidien… Voilà. C'est un échange avec Handichien, on discute aussi de qu'est-ce qu'une, qu'est-ce qu'une journée type, une semaine type pour nous, qu'est-ce qu'on fait au quotidien, est-ce qu'on sort beaucoup, est-ce que, est-ce qu'on est plutôt chez nous, est-ce qu'on se déplace beaucoup en transports en commun ou en voiture et caetera. Et c'est aussi l'occasion de poser plein de questions sur…, ce que c'est d'avoir un chien d'assistance. Et suite à ce second entretien qui est filmé, en tout cas à mon époque il était filmé, le doss, fin notre dossier passe en commission. Donc là, il examine si du coup…, ils pensent que Handichien, fin un chien d'assistance, dans mon cas, parce que du coup c'était une demande d'un chien d'assistance peut aider pour le handicap et si la personne est assez motivée, investie. Et si c'est le cas, notre dossier est mis sur liste d'attente. C'est la partie entre guillemets la plus difficile, fin surtout pour moi qui suis pas du tout patiente, parce que là, c'est, c'est un long moment. Alors, moi , à l'époque où j'ai fait la demande, c'était avant le COVID, le délai d'attente, c'était entre : un an, deux ans et ça pouvait aller jusqu'à 3 ans, surtout pour certains profils entre guillemets où y'avait besoin de chiens très spécifiques. Et je sais que malheureusement depuis le COVID, comme bah les centres ont fermé, un peu comme tout pendant le confinement, euh, les délais ont augmenté. Et du coup une fois qu'on est sur cette liste d'attente, on a... Alors j'ai pas précisé c'est qu'Handichien a quatre, quatre ou cinq centres en France, donc selon là où on habite on est rattaché à un centre. Et donc on est sur la liste d'attente de ce centre. J'ai pas précisé non plus les chiens sont formés pendant un an, pendant deux ans, un an et demi en famille d'accueil et six mois en centre. Et les six derniers mois en centre, c'est là où ils apprennent les commandes spécifiques…, à la tâche qui voudraient faire. Et en fait, c'est quand, à la fin de ces six mois en centre où les éducateurs connaissent le comportement des chiens, si ils se disent : « Tel chien là qui va bientôt finir sa formation, il pourrait correspondre à la personne », bah en fait, une fois qu'ils ont deux,trois,quatre chien à nous proposer, on va rencontrer les chiens. Et c'est là, si y'a un match, le chien nous est attribué et après y'a un stage. Pour que ce soit un peu plus clair : en fait, quand, quand on nous fait rencontrer les chiens, c'est une grande pièce, on nous fait rencontrer le chien et l'idée c'est de voir si y'a un feeling en fait un peu, entre nous et le chien parce que le chien à ce moment-là, il a déjà 2 ans, il est adulte. Faut pas oublier aussi que nous en tant que futurs bénéficiaires, on rêve de notre chien, on pense beaucoup à ça pendant des mois, mais le chien il ne nous attend pas, il ne nous connaît pas. Et donc voilà, c'est pour voir si il est réactif…, au ton de notre voix, voilà si…, il est pas trop vif, si… Fin voilà, si ça match ou pas. Et si ça match entre guillemets, là on a un stage de 15 jours, à l'époque c'était en présentiel. C'étaient 15 jours vraiment dans un lieu avec d'autres futurs binômes et des éducateurs. Je sais que pendant le COVID, il me semble qu'ils ont eu du distanciel un peu. Actuellement, je ne sais pas sous quelle forme c'est. En tout cas, voilà, c'étaient 15 jours où on nous apprend, 15 jours déjà pour faire connaissance avec notre chien, mais aussi on nous apprend à, parler entre guillemets au chien, parce donner des commandes, donc c'est des mots clés qui vont déclencher des gestes, fin des tâches chez le chien, c'est…, c'est un peu toute une technique. Et puis aussi on nous apprend, bah, à nous occuper du chien, aux besoins physiologiques du chien et caetera et aussi à gérer un chien en public, parce que la particularité d'un chien d'assistance contrairement à un chien de compagnie : Notre chien va nous accompagner partout pour nous aider, et donc, c'est génial, mais en même temps, nous on est responsable que ça se passe bien dans l'espace public et donc c'est, c'est toute une gestion, donc voilà on a 15 jours de stage et à la fin des 15 jours, normalement si tout va bien, on est, on a un diplôme, on est apte à amener le chien dans l'espace public. On repart avec notre chien, chez nous. Mais évidemment après si y'a d'autres difficultés ou d'autres choses, on est, on est toujours en contact avec les éducateurs et, et voilà et de toute façon, l'éducation d'un chien, quand il nous est remis il est déjà éduqué, mais après nous en tant que bénéficiaire, on doit maintenir cette éducation donc voilà, c'est, j'allais dire le stage c'est une grosse étape parce qu'on découvre tout, mais après c'est entre guillemets un travail au quotidien de maintenir l'éducation, voilà.

Hermine : C'est hyper intéressant ! Mais, du coup ouais, j'imagine c'est hyper long… comme process.

Manon : Y'a aussi une part de hasard dans le sens où, si quelques mois après, fin évidemment les dossiers sont traités du plus ancien au, fin par rapport à l'ordre d'arrivée quoi. Mais si…, y'a tout d'un coup un chien qui arrive en fin de formation et qui est pile le bon profil…, pour nous, bah ça peut aller plus vite comme ça… Après moi j'ai eu de la chance : entre le moment où j'ai…, j'ai fait ma, j'ai envoyé mon premier dossier à Handichien et le moment où j'ai débuté le stage, y'a eu pile un an. Donc, j'ai pas trop attendu, même si cette année m'a semblé très très longue à l'époque (sourire dans la voix). Et, j'ai oublié de préciser aussi, mais : dans le, pour Handichien, y'a plusieurs races de chiens, euh, y'a des labradors retriever, golden retriever, c'est les deux races principales, mais y'a aussi quelques…, bergers allemands, quelques épagneuls français, il me semble et quelques caniches royaux, c'est des grands caniches et c'est des chiens comme y z'ont des poils frisés, ils perdent pas leurs poils, donc du coup y'a moins de problèmes d'allergie. Et aussi voilà, quand on fait la demande, ils…, parce que ça je pense que c'est important de le dire, on choisit pas notre chien par rapport au physique, on choisit vraiment par rapport à un comportement. Par contre, on peut donner des préférences, hum, on peut, ils peuvent nous demander si idéalement, on préférerait avoir un labrador ou un golden, ou idéalement, si on préférerait avoir un chien très vif ou …, très posé. Moi je sais que j'ai un handicap, où de par mes difficultés visuelles et mes réflexes qui sont altérés, les mouvements brusques et les bruits brusques me font sursauter. Et donc voilà, moi par exemple, j'avais demandé un chien très calme et, très pot de colle, très câlin, mais par exemple, voilà on peut demander des chiens moins, moins tactiles si je puis dire, on peut donner des traits de préférence par rapport à nous, ce qui nous semble plus pertinent fin, par rapport à nos souhaits. Voilà après c'est pas forcément respecté mais voilà Handichien en tient compte dans la demande…

Hermine : Et oui, c'est vrai que on oublie que, y'a pas juste les labrador et les golden qui sont des chiens d'assistance et qu'y'a plusieurs races. C'est vrai que c'est la race à laquelle on pense en premier mais en fait y'a pas que ça et…

Manon : Pour le handicap moteur, fin je sais qui sont assez grands pour pouvoir atteindre un interrupteur de lumière et caetera. Mais à la fois, pas trop grand parce qu'il faut l'amener dans des lieux publics, et à la fois c'..., le bon côté du Labrador et du Golden, c'est que c'est des races qui sont très proches de l'humain, donc qui apprennent assez facilement et qui font pas non plus peur. Donc en termes de lien social c'est chouette.

Hermine : Comment ça s'est passé avec Lexie ? Parce que tu parles du coup de feeling et tout et, et c'est normal, fin c'est super, ça devrait se passer comme ça tout le temps : au feeling et pas juste parce que un chien est mignon, n'est-ce pas (rires) !? Mais du coup, comment ça s'est passé ce, ce petit feeling avec Lexie genre, pourquoi, pourquoi elle et pas un autre chien ?

Manon : Alors, j'ai testé trois chiens. Y'en a un qui m'a quasiment complètement ignoré donc voilà déjà…, la question ne s'est plus posée pour ce chien-là (rire dans la voix) ! Et ben les deux autres chiens, je m'étais bien entendu avec deux chiens, mais Lexie était plus calme, et comme je disais précédemment, moi j'ai, j'ai du mal avec les mouvements brusques, voilà, j'étais plus rassurée avec un chien calme. Et aussi, comme je l'ai dit dans la présentation, je suis étudiante, donc je passe de longues heures à l'université, et donc voilà, c'étaient dans mes critères d'avoir un chien qui puisse rester à l'université, qui soit assez calme, du coup… On est parti sur Lexie. Parce que par exemple, quand le, on disait les critères, moi donc : j'habite en ville…, je vais à l'université, c'est des choses qui faut prendre en compte parce qu'en fait…, faut que le chien y soit bien dans notre quotidien… L'idée, c'est pas d'avoir un chien d'assistance et de le laisser, laisser chez soi, pardon. Voilà, faut vraiment un chien qui puisse nous accompagner presque partout. Donc c'est pour ça que c'était comme ça avec Lexie et après moi je précise iaussi, quand c'est pour un enfant handicapé, c'est le parent qui fait la demande, et c'est plus un trio entre le parent, un des parents, l'enfant handicapé.e et le chien. Moi, j'suis, voilà, fin je, j'suis adulte et tout, donc c'était vraiment un binôme. Et, j'ai aussi de la chance du fait que comme j'habite seule : le lien s'est créé plus rapidement avec Lexie en fait, que si j'a, si j'avais habité en couple ou en famille ou voilà. Parce que du coup…, mon chien il a que moi comme référent, même si y voit plein de personnes au quotidien. Donc ça crée le lien plus vite. Parce qu'au départ, ce qui peut arriver si le chien est dans une famille, c'est qu'au départ, il sait pas forcément…, qui est son référent en fait. Le chien il peut être proche de tout le monde. L'idée vraiment, au départ, et ça on nous le précise bien pendant le stage, c'est que les proches du bénéficiaire, de la personne handicapée, au début ne caresse pas trop le chien et caetera, même si c'est dur (rire), parce que c'est des chiens très mignons. Où vraiment le, le, le lien d'attachement se crée, que le chien se dise mon binôme c'est lui. Et voilà, et une fois que le lien est créé, après le chien il peut évidemment avoir plein de câlins et de jeux avec d'autres personnes. Mais au début, parce qu'en fait, le chien il a sa famille d'accueil, quand il est petit comme référent. Après, il a son éducateur et après il a nous. Donc faut rechanger donc faut un petit temps, pour que voilà, le chien comprenne son nouvel environnement. Donc du coup moi, le, du fait que j'habite seule avec Lexie, le lien s'est créé…, très vite!

Hermine : Et du coup, tu parlais de, ben, d'être avec le chien dans l'espace public, et tu disais que, ben, justement c'est dur de pas caresser les chiens parce qui sont très mignons. Mais je sais que ça arrive souvent…, que…, justement les gens dans la rue ou, ou quoi, comprennent pas que c'est des chiens de travail et des chiens d'assistance et qui veulent quand même les caresser. Du coup, est-ce que ça t'est arrivé des trucs comme ça ?

Manon : Plein de fois ! Euh, le premier truc que je dirais, c'est que c'est vraiment : c'est dangereux de caresser un chien d'assistance. Faut demander avant, enfin pour tous les chiens mais en, surtout pour les chiens d'assistance, il faut demander à la personne handicapée, fin au bénéficiaire si il est d'accord et si elle dit non ou que vous caressez sans lui demander c'est…, c'est vraiment dangereux. Je donne un exemple très bête mais un… chien , généralement les chiens d'assistance ils adorent les gens, enfin, si un chien en gros on le caresse trop dans la rue, il va se dire, dès qu'y'a un passant, il me caresse. Ça veut dire que le chien, faut imaginer, il est accroché au fauteuil roulant manuel, si il tire parce qu'il a associé que quand y'a un passant il peut avoir une caresse et qui tire vers la personne, il peut renverser un fauteuil roulant manuel. Euh, si moi, un autre exemple, je fais tomber ma carte bleue dans la rue et que le chien il est en train d'être caressé, bah il va pas me ramasser ma carte bleue parce qu'il pourra pas se concentrer et si c'est quelqu'un qui me vole ma carte bleue, c'est gênant. Euh, voilà fin c'est, c'est vraiment dangereux. Faut se dire aussi que le chien d'assistance, c'est pas parce que, quand vous, fin vous croisez un chien avec une cape dans la rue, à cet instant T le bénéficiaire vous dit non pour le caresser, ça veut pas dire qu'il est jamais caressé. Il a plein d'autres moments où il a moins besoin d'être concentré, il peut avoir plein d'interactions. Il faut se dire aussi que, déconcentrer un chien d'assistance, ce qui inclut le caresse, le fixer du regard, l'appeler, lui proposer de la nourriture surtout, ne jamais lui proposer de la nourriture, c'est, ça dérange le chien parce que ça lui demande encore plus des efforts de concentration donc…, c'est pas agréable pour lui et c'est vraiment pas agréable pour la personne handicapée. On a déjà beaucoup de contraintes au quotidien, c'est cool de nous pas, de pas nous rajouter celles-ci.

Hermine : C'était un rappel important à faire. Vraiment ne faites pas ça (rires) ! Et, est-ce que t'as eu des difficultés pour… rentrer dans des espaces… ou dans un bus ou quoi ? Fin, est-ce que y'a des gens qui ont, déjà pas voulu que tu montes avec ton chien…?

Manon : Oui, malheureusement… ça ça arrive. Alors, j'ai pas précisé aussi que quand on a le chien Handichien, on a avec le chien une carte d'identité du chien, qui certifie que c'est un chien d'assistance, une association reconnue par l'Etat, avec un rappel de la loi dessus sur l'accès des chiens d'assistance donc : quand ça se passe pas super bien, bon déjà, généralement les gens qui refusent l'accès, certains déjà ne connaissent pas en fait, pensent que aux chiens guides. Donc comme je suis en fauteuil roulant électrique, ils m'associent pas aux chiens guides, ce qui est logique, ce qui est pas un chien guide. Mais du coup, ils savent pas que ça existe. Généralement, quand on explique que c'est un chien d'assistance qui est éduqué comme un, entre guillemets comme un chien guide, dans le sens : il est éduqué pour aller dans les lieux, il va pas tout détruire et tout, ça va. Parfois, faut montrer la carte, parfois c'est un peu plus compliqué, ça dépend beaucoup de l'in, l'interlocuteur en face en fait.

Hermine : Ouais… Et ouais, malheureusement, j'ai lu, fin lu et vu beaucoup de témoignages de personnes qui disaient que ça leur arrivait, c'est encore… trop fréquent. Et du coup, est-ce que tu peux nous dire un peu plus…, comment Lexie t'aide, au quotidien…, dans ta vie de tous les jours ?

Manon : Alors, déjà, je voulais commencer par le fait que, quand j'ai fait ma demande de chien d'assistance, j'ai fait ma demande parce que j'avais envie d'avoir un chien d'assistance et que je pensais qu'elle m'aiderait, et qu'on est là 5 ans plus tard et que, elle m'aide beaucoup plus que ce que j'avais imaginé donc voilà, c'est absolument formidable ! La principale aide, enfin y'a, y'a plusieurs aspects, mais un des aspects majeurs, c'est vraiment le côté, ce qu'on appelle aide technique. Donc c'est tout le chien y va faire, donc soit pour compenser quelque chose que je ne sais pas faire, soit pour faire un truc que je sais faire, mais qui va faire ou plus rapidement que moi, ou pour… m'économiser de l'énergie en fait. Voilà. Parce que, fin t'en parles beaucoup dans ton, dans ton, dans ton podcast, un…, une des difficultés avec le handicap, la paralysie cérébrale ou d'autres, c'est la fatigue chronique…, la fatigabilité. Et donc, toute l'énergie que mon chien met, me fait faire économiser, c'est top. Donc du coup, en aide technique y'a le rapport d'objets. Donc, le rapport d'objets, c'est ramasser des objets au sol, que je fais tomber, c'est, ramasser, fin apporter des objets spécifiques que le chien connaît. Donc par exemple Lexie sait m'apporter mes chaussures, sait m'apporter mon casque, voilà, peut prendre une bouteille d'eau dans un frigo… Donc voilà y'a des objets que je lui ai appris à reconnaître. Y'a aussi l'aide au déshabillage : enlever les chaussures, enlever un pull…, tirer sur un pantalon. Y'a…, tout ce qui est ouverture et fermeture des portes et des tiroirs. Pour ouvrir une porte, soit y'a une corde, elle tire la corde, ce qui fait déclencher la poignée, soit elle se met debout et avec ses pattes avant elle, elle déclenche la poignée. Et pour fermer une porte, soit elle pousse la porte avec son museau, soit…, y'a une corde qui est accrochée à la poignée et elle tire la corde jusqu'à claquer la porte. Donc après y'a tout ce qui est ouverture/fermeture, fermeture de placards et de tiroirs. Donc là encore, ou avec son museau ou avec une corde, si on a fait installer des cordes. Y'a tout ce qui est…, allumer, fin appuyer sur des boutons donc c'est souvent les lumières. Mais ça peut être aussi, les boutons d'ascenseurs. L'exemple très pratique que je donne souvent, c'est quand par exemple, pour me coucher, quand on galère à bouger, c'est mieux de se coucher avec la lumière dans la pièce, mais voilà une fois qu'on est couché, on peut plus atteindre l'interrupteur, bah voilà, là justement c'est typiquement le genre de moments où je peux demander à Lexie, une fois que je suis couchée, d'aller éteindre la lumière. Y'a aussi une autre commande très importante qui est : aboyer sur commande. Donc… Lexie peut aboyer sur commande soit avec un mot, soit avec un geste de la main si jamais je peux pas parler. Donc ça c'est top aussi, ça permet d'aboyer, soit si je tombe, moi ce qui est le plus fréquent au quotidien comme je me odéplace en fauteuil roulant électrique, c'est que je bloque le fauteuil dans la rue quelque part…, de préférence derrière une poubelle où on ne voit pas. Et…, comme…, la paralysie cérébrale, ça impacte tous les muscles, ça impacte aussi les muscles de l'élocution donc du coup je parle pas fort. Et donc du coup, si je bloque mon fauteuil dans la rue, on ne m'entend pas. Pour appeler à l'aide donc souvent alors, je la fais aboyer. Y'a aussi… Je suis en train de réfléchir pour avoir la, la liste la plus exhaustive, hum, de choses. Y'a aussi, tout ce qui est maintien de position pardon, donc tout, elle sait s'asseoir, se coucher, rester à un endroit. Elle sait aussi faire ses besoins sur commande, c'est très important pour l'emmener dans des lieux publics. Si par exemple, je vais au cinéma, voilà, je lui demande de faire ses besoins avant d'arriver, euh, pour pas avoir à, avoir besoin de sortir pendant le film. Donc… Voilà, je pense que j'ai fait le tour d'une grosse partie des commandes. Donc ça, c'est pour l'aide technique qui est vraiment…, la majeure partie de son travail. Après… Y'a : le côté, aide, fin, favoriser le lien en fait, social. Parce que du coup quand on a un chien, c'est un chien…, tout mignon! Et donc voilà, quand on arrive quelque part où le premier contact peut être difficile avec le handicap, parce que le, le fauteuil a fortiori le fauteuil électrique, peut faire peur. Et du coup… du fait qu'y a un, un chien bah les gens ils viennent me parler du chien, et pis en fait, ils viennent me parler en fait, ils ont moins peur du handicap. Donc ça c'est très chouette ! Après, y'a aussi : le côté, ce que j'appelle les contraintes positives, donc…, moi avec le handicap, je vis avec la fatigue chronique et la douleur chronique : le fait de devoir sortir un chien, ça aide parfois à structurer le quotidien quand on a eu, très mal et qu'on a passé une nuit blanche, de se dire le matin on sort le chien et que le chien il est tout content de sortir, euh c'est chouette ! Après y'a aussi, ce que j'appelle : mon coach sportif canin. Alors du coup avec la paralysie cérébrale, y'a de la rééducation. Généralement depuis les premiers mois ou les premières années de vie. Et, voilà, quand on est adulte et qu'on a fait de la rééducation pendant plus de 20 ans, c'est un peu lassant, parfois c'est compliqué de se motiver à faire, de la rééducation donc du coup Lexie, c'est vraiment un truc chouette parce que je peux l'intégrer, à mes séances de kiné, voilà je peux par exemple : j'ai un truc de lancer la balle et voilà elle va me la, elle va me la chercher. Ça l'amuse beaucoup. Ou si je fais du renforcement musculaire, elle va aller cher, chercher mes poids au début de la séance et me les ramener. Par exemple, donc moi, je peut encore un peu marcher mais c'est pas, c'est pas une marche que j'utilise au quotidien pour me déplacer, c'est plus comme un exercice de sport pour moi, au même titre que y'a des, y'a des personnes qui courent, moi je marche, voilà, pour maintenir un peu mes muscles et par exemple je peux amener Lexie à la plage, c'est un endroit où mon fauteuil roulant électrique ne roule pas, et donc par exemple, bah quand on est à la plage, Lexie elle adore, elle joue avec d'autres chiens et voilà et moi ça me fait marcher un peu et c'est beaucoup plus motivant. Donc voilà, donc ça c'est un aspect très chouette ! Et le dernier aspect où Lexie m'aide, alors elle a pas été formée pour, mais c'est quand même u, une grosse aide, c'est que du coup comme je le disais aaaaauuuu départ, comme mon handicap c'est des lésions cérébrales et que ça impacte mes capacités neurovisuelles…, j'ai des difficultés à m'orienter dans l'espace et du coup ça peut être parfois compliqué…, fin les trajets en extérieur, ils peuvent être compliqué parce que soit je me perds, soit quand y'a beaucoup de bruits et beaucoup de stimulations visuelles, c'est très fatiguant parce que mon cerveau filtre pas forcément…, bien les trucs donc ça me demande beaucoup d'efforts. Fin, d'attention et donc du coup, fin, c'est vrai que quand je suis dehors avec mon chien et qu'il y a trop de bruit, je peux me dire : « Ok, je me focus sur mon chien, euh, voilà, ça passe on attends et c'est chouette.» Et le truc du coup, c'est que les chiens de manière générale ont un très bon sens de l'orientation dans l'espace, beaucoup mieux le mien (rires dans la voix) et du coup…, sur les trajets connus, donc les trajets connus, c'est : entre chez moi et l'université, entre chez moi et les parcs ou même, chez des ami.es où je suis juste allée une ou deux fois, si je me trompe d'itinéraire Lexie peut m'indiquer le bon itinéraire, en fait va s'arrêter et va tirer dans la direction où je suis censée allée. Donc voilà, c'est très très chouette. Et, le dernier aspect, c'est vraiment le dernier pour le coup, où…, encore une fois elle, elle est pas formée là-dessus, mais…, c'est l'aspect sécurité, donc par les aboiements, mais aussi…, quand je me déplace…, surtout le soir. Je suis une femme, en plus je suis en fauteuil : clairement je me sens plus vulnérable. Et le fait d'avoir un chien, oui, c'est, ça apporte une sécurité. Et moi j'ai souvenir, une fois, d'un moment où, où une personne, a voulu me voler mon sac qui était accroché au fauteuil et…, Lexie a juste tourné la tête vers la personne et la personne a reposé le sac quoi. Elle aurait pas du tout été agressive mais, c'est dissuasif et c'est, voilà, pour moi c'est un aspect sécurisant supplémentaire.

Hermine : Ouais, c'est trop bien ! C'est plein d'aspects auxquels on pense pas au premier abord et… En plus, c'est incroyable que elle ait pas été formée pour t'aider dans le, les repérages dans l'espace et tout et que, au final, elle t'aide aussi pour ça quoi. C'est trop bien.

Manon : Après, y'a certains trajets comme, chez le véto, elle va pas m'indiquer le, l'itinéraire. Mais la majorité des trucs, oui, c'est, c'est vraiment top.

Hermine : Mais oui, parce que fin…, j'en ai déjà parlé plusieurs fois dans le podcast, mais moi aussi j'ai une paralysie cérébrale et, moi aussi j'ai un sens de l'orientation… tout pourri, et même avec un GPS je me perds, même avec Google Maps, je me perds donc…

Manon : Je comprends (rire collectif)!

Hermine : Donc j'imagine bien l'aide que Lexie doit t'apporter là-dessus.

Manon : Et si je peux rajouter un élément, que j'ai oublié de dire, un des trucs marquants…, c'est pas tant par rapport à l'aide qu'elle m'apporte, mais, par rapport à la perception. Donc moi du coup j'ai une paralysie cérébrale de naissance, je suis passée de la poussette au fauteuil roulant manuel et du fauteuil roulant manuel au fauteuil roulant électrique, j'ai jamais réellement marché donc moi le fauteuil, c'est un tout ce que je connais. Et, fin je suis vraiment ok avec mon fauteuil, c'est un magnifique outil d'autonomie et tout. J'ai tendance à pas trop faire gaffe au regard des autres, mais là, quand je suis rentrée de stage je me rappelle : parce que quand on est en stage, donc pendant les 15 jours de stage, on fait des sorties à l'extérieur dans des magasins et tout, mais là, c'est un peu spécifique parce qu'on est en plusieurs binômes donc plusieurs personnes handicapées avec leurs chiens donc voilà, forcément on attirait les regards. Mais la première fois que je suis sortie, après le stage quand j'étais de retour chez moi, c'était, je sais même plus ce que j'étais allée faire, mais c'était une petite sortie de 10 minutes et je suis rentrée et j'ai dit à des proches : « Je comprends pas ce qui se passe aujourd'hui, les gens ils font pas la gueule comme d'habitude, ils me sourient, ils changent plus de trottoir !». Et en fait, je, sur le coup j'ai pas compris tout de suite. En fait, j'ai compris qu'en fait ça faisait plus de 20 ans que les gens, dès qui me voyaient, ils me tiraient une tête pas possible, parce que le fauteuil, ils changeaient de trottoir et ils changeaient de trottoir et ils stressaient et tout. Et que là en fait, parce que y'a le chien ils sont, les gens sont vachement plus souriants et même, même si on parle pas, dans leur manière de, de me regarder, voilà donc c'est, c'est vachement agréable, je dis pas non.

Hermine : C'est incroyable le pouvoir de, de la mignonnerie des chiens comment ça…, ça déstresse les gens (rire). Mais moi la première, moi quand je vois des chiens dans la rue, je suis là “awww”, ça illumine ma journée et tout, c'est incroyable ! Mais du coup, c'est trop bien, c'est plein d'aspects auxquels on pense pas et tout, ça fait, ça donne envie d'avoir un chien d'assistance en fait (rires) ! Là en t'écoutant… Mais du coup, je me dois de parler de mon chat, à ce moment-là, parce que du coup t'as parlé de comment Lexie t'aide, et ça m'a fait aussi un peu penser à comment mon chat m'aide au quotidien, même si ce n'est pas un chat d'assistance. C'est juste un chat que j'ai adopté à la SPA ta un an. Mais…, vraiment elle m'aide beaucoup beaucoup au quotidien, et il faut, il faut que j'en parle. Et, les mauvaises langues diront que j'ai fait cet épisode juste pour parler de mon chat et, elles n'auront pas tort. Du coup, mon chat c'est une petite minette qui a…, 11 ans maintenant, qui avait 10 ans quand je l'ai adoptée. Elle s'appelle Sybelle mais je l'appelle jamais Sybelle, parce que je suis beaucoup trop gaga de mon chat et que je l'appelle jamais par son nom. Et du coup, en fait, je suis allée à la SPA, un petit peu les mains dans les poches. Fin, je savais... Je savais que je voulais adopter un chat mais j'avais réfléchi à où j'allais mettre la litière et où j'allais mettre les croquettes quoi ! Je m'étais dit que j'allais galérer en fait, à trouver un chat qui ait pas peur du fauteuil, parce que souvent les chats…, ils ont peur parce que c'est gros et que ça fait du bruit. Parce que moi aussi, j'ai un fauteuil électrique du coup, et ouais, ils ont souvent peur, et je me disais : « en fait, je vais galérer à trouver un chat qui ait pas peur du fauteuil ». Et donc ben, j'suis arrivé.e à la SPA un peu voilà, les mains dans les poches. Et j'arrive à la SPA, et je rentre vraiment dans la, la toute première pièce, parce que les chats ils sont donc plusieurs dans, dans différentes pièces. Et j'arrive dans la toute première pièce, ça faisait genre 10 secondes, 20 secondes que j'étais là, que genre je la vois arriver et elle vient vers moi et elle veut genre, monter sur mes genoux et elle se dresse sur ses pattes arrières pour monter sur mes genoux et j'étais genre : « waouh, qu'est-ce qui, qu'est ce qui se passe? ». Et en fait, j'avais pas compris que, en fait elle avait une, elle a une patte qui est atrophiée, elle boîte un petit peu, et du coup des fois, elle a un peu du mal à monter sur les trucs et c'est pour ça qu'elle se dressait sur ses pattes arrières pour me dire genre : « Hey ! Je veux monter sur tes genoux mais j'y arrive pas, genre un peu d'aide s'il te plaît.»

Manon : Oh, c’est trop mignon !

Hermine : Mais oui, vraiment, c’est trop mim’s ! Et du coup ouais, elle est montée sur mes genoux en… trois minutes, quoi, enfin, elle… elle ronronnait sur mes genoux au bout de cinq minutes, enfin voilà, genre, c’était un coup de foudre absolu, que j’avais absolument pas prévu (rire bref). Et du coup ben, je suis rentrée chez moi, et j’ai dû acheter tout ce qu’il fallait acheter pour le chat quoi. En plus la SPA ils m’ont un peu fait peur, je pense qu’ils m’ont dit… je pense pour être sûrs que je l’adopte, ils m’ont dit : « nan mais elle est très mignonne, elle va partir très vite, donc si vous la voulez il faut pas tarder et tout ». Du coup j’ai dû faire un chèque de caution, pour qu’ils gardent le chat au moins une semaine, le temps que j’aie le temps d’acheter…

Manon : Ah oui, t’as dû t’organiser en vitesse.

Hermine : Ouais, voilà, mais c’est vraiment, ça s’est fait en dix jours le truc quoi. J’ai rencontré le chat une première fois et dix jours plus tard je la ramenais chez moi. Et du coup je l’ai ramenée, malheureusement elle avait entre-temps elle avait attrapé le coryza à la SPA. Du coup le coryza c’est un peu le…le rhume des chats, c’est vraiment, c’est comme un rhume, enfin en tout cas pour elle, il y a plusieurs symptômes, mais pour elle c’est surtout des… beaucoup d’éternuements, et genre elle est encombrée. Souvent elle tousse, elle a du mal à respirer, enfin c’est des choses un peu comme ça. Et du coup à la SPA ils m’avaient dit « ouais, nan mais ne vous inquiétez pas, ça va passer tout seul, tout ça », et en fait nan, c’est absolument pas passée tout seul ! C’est devenu complétement chronique, et maintenant elle… voilà elle vit avec ça au quotidien. Donc c’est un chat handicapé et malade chronique. Donc elle a tout à fait sa place dans ce podcast. Et vraiment, en fait, pour dire à quel point elle m’aide au quotidien, enfin genre en fait c’est incroyable, je savais au fait que ça allait faire… que ça allait être une présence, mais un peu comme toi avec Lexie, vraiment, je m’attendais pas à ce que ça soit à ce point. Déjà c’est hyper basique et je pense que beaucoup de personnes qui ont des chats le savent, mais au niveau de l’anxiété, et de comment la ronron-thérapie, comment le ronronnement des chats ça joue sur l’anxiété c’est tellement incroyable. Enfin, juste sur le moral en général en fait. Et puis, même sur… ouais, ce que tu disais un peu, sur le fait d’avoir un rythme, genre le… maintenant le matin je me lève et je vais donner à manger à mon chat quoi. Et c’est vraiment une routine que j’ai mis en place avec elle, et c’est un rythme que j’avais pas avant, parce qu’en plus d’avoir une paralysie cérébrale j’ai aussi un trouble de l’attention, et du coup, les personnes qui ont un TDAH sauront que garder un rythme c’est très compliqué, et avec elle pour le coup ça m’a vraiment donné un rythme qui est un peu plus stable. Même si ça part un peu toujours dans tous les sens mais en tout cas, ouais, ça donne une routine que… que j’avais pas avant. Ça, plus le fait que, ben en fait je suis très souvent chez moi, surtout en ce moment parce que j’ai plus de… enfin en fait la batterie de mon fauteuil ne tient plus…

Manon : Ça c’est horrible !

Hermine : Ouais, c’est vraiment trop chiant. La batterie de mon fauteuil tient genre trois kilomètres, du coup je suis très très limité·e dans mes déplacements et du coup je reste souvent chez moi, et du coup je suis assez isolée. Et maintenant je parle d’elle, elle va gratter dans sa caisse, bien sûr !

Manon : Evidemment.

Hermine : (rire bref) ! Nan mais là genre c’est rigolo parce que tout à l’heure t’as commencé à parler et puis elle s’est réveillée genre et elle était pleine d’énergie…

Manon : Je suis désolée de te dire que de mon côté Lexie fait la sieste, et elle a l’oreille qui pend hors de son panier, elle ronfle, elle est pas très intéressée par notre sujet de discussion mais bon…

Hermine : Nan mais c’est pas grave. Vaut mieux… vaut mieux du silence que… plutôt que un chat qui fait du bruit… N’est-ce pas madame Sybelle. Nan mais du coup… je sais plus ce que je disais…

Manon : Tu parlais du fait que ça soit une présence et que… que t’avais des problèmes de fauteuil et… C’est là qu’on voit que nous avec le handicap, le confinement, c’était pas que pendant le covid, on connai ça toutes notre vie entre les problèmes de fauteuil et les problèmes d’accessibilité.

Hermine : Mh mhh, C’est clair, c’est clair. Ouais, et du coup en ce moment… c’est quand même assez dur mentalement quoi. Vraiment je pense que si j’avais pas ce podcast pour m’occuper, et si j’avais pas mon chat pour me… adoucir mes journées, vraiment ça serait vraiment compliqué, du coup c’est, c’est vraiment une... une présence, je pense que les personnes handicapées qui sont isolées au quotidien et qui ont des animaux, je pense que c’est vraiment… quelque chose que des personnes valides peuvent pas comprendre c’est à quel point ça change la vie de… d’avoir un animal chez soi quoi.

Manon : Et, je me permets de rebondir, parce que tu parles d’animaux de compagnie, moi j’en n’ai pas parlé parce que j’ai que Lexie dans mon quotidien, mais c’est totalement possible, de… d’avoir des animaux de compagnies, chiens, chats autres… et de faire une demande de chien d’assistance en plus. C’est pas du tout incompatible, on peut avoir un chien d’assistance et un chien de compagnie. Par contre il faut le mentionner parce que par exemple moi, mon Golden a gardé quelques instincts de chasse, donc voilà si j’avais eu des rongeurs de compagnie ça aurait pas vraiment été compatible. Mais s’il y a d’autres chiens etc. ils font en sorte de… d’attribuer des … animaux qui sont compatibles et dans ce cas-là ils font rencontrer le possible chien d’assistance avec le chien de la maison. Donc voilà, c’est pas une contre-indication.

Hermine : Ok, nan mais c’est bien de… c’est bien le préciser.

Manon : Voilà, par rapport aux commandes, j’ai oublié de le dire, parce que c’est pas vraiment en terme d’aide à proprement parler par rapport au handicap mais c’est quand même important, surtout comme moi quand on est assez limité dans mes mouvements, enfin moi c’est un truc qui m’a inquiétée, avant d’avoir… enfin avant que je fasse la demande, de comment pour pouvoir gérer un chien peut-être, au quotidien parce que je suis retreinte dans ma force des bras, dans ma capacité à me, à me baisser, à bouger le dos etc. Et en fait le chien il est autonome dans le sens où… il est capable, justement, j’y ai pensé parce que pareil pour un chat, de monter sur mes genoux pour que je lui mette son harnais, de passer la tête dans sa cape ou dans son collier, de rapporter sa laisse quand elle est par terre. Il s’assoit avant de manger pour pas sauter sur la personne qui tient la gamelle, si c’est moi, voilà pour pas me bousculer. Donc voilà, le chien sait faire pleins de choses, qui fait que… on peut gérer un chien avec un handicap… important. Et aussi, les chiens sont des chiens cools donc si il y a besoin, que des auxiliaires de vie fassent des gestes et des soins, et ben voilà, le chien il sait aussi se laisser manipuler. Et je l’ai pas précisé mais ça me semble important… le chien nous est remis à nous, personnes handicapées gratuitement, alors que sa formation coûte quinze mille euros, peut-être même plus maintenant, ça a dû augmenter. Par contre les frais du quotidien, donc les jouets, la nourriture et les frais vétérinaires sont à notre charge, voilà, il faut y penser avant. Après on peut avoir une aide de la MDPH, pour PCH, « aide animalière spécifique » de cinquante euros par mois pour la nourriture, voilà.

Hermine : Je savais même pas que ça existait mais j’imagine que comme tout avec la MDPH ça prend aussi des plombes pour avoir cette aide.

Manon : Oui, oui, il faut pas être pressé, après je sais que pour les Handi’Chiens ils donnent avec le diplôme de certificat le, ils attribuent la… cette PCH, donc PCH c’est « prestation de compensation du handicap » si je dis pas de bêtises. Ils la donnent, sans difficultés si ce n’est les délais. Et je sais qu’il y a d’autres associations aussi, où… c’est des associations, mais je sais plus le statut de l’association qu’il faut pour que ça déclenche, aussi cette aide MDPH. Parce que j’y pense, en terme de frais du chien, on a le droit d’accéder partout avec notre chien, donc je pense par exemple au train ou à l’hôtel, sans facturation supplémentaire, là où un chien de compagnie vont nous facturer un supplément, les chiens d’assistance c’est ilégal de facturer un supplément. C’est important de le savoir.

Hermine : Ouais, c’est clair, c’est important de le… de le dire. Du coup voilà, j’ai assez parlé de mon chat je crois, d’ailleurs là elle, elle… réclame de l’attention (rire). Vraiment, et elle veut monter sur la table, mais non chaton, tu ne feras pas ça. Elle a trop d’énergie aujourd’hui ! Calmez-vous madame, vous avez onze ans, pas… D’ailleurs c’est une raisons pour lesquelles je voulais pas adopter de chaton, enfin je m’étais pas trop préparé·e à ce que ce soit aussi rapide d’adopter un chat mais je savais déjà que je voulais pas adopter un chaton parce que les chatons c’est beaucoup trop d’énergie et que ça aurait été trop pour moi à gérer et je m’étais dit « imagine t’enregistres le podcast et le chaton il fait tomber un truc par terre » enfin genre, du bruit et tout, enfin non, non, non… du coup… je suis très bien avec mon vieux chat malade chronique, voilà (rire). On a vraiment un niveau d’énergie assez similaire au final, du coup on est bien calées là-dessus. Mais du coup est-ce que j’avais un truc à dire encore par rapport… si, je voulais parler d’un truc, mais plus par rapport, pas tellement par rapport à mon chat, mais par rapport à, aux animaux en général, notamment dans les refuges, parce que moi je sais que du coup Sybelle elle était en S.O.S à la SPA, et quand les animaux ont un S.O.S à côté de leur fiche de présentation ça veut dire que ils ont un handicap ou une maladie. Et encore une fois Sybelle en fait elle boite juste légèrement parce qu’elle a une patte qui est un peu atrophiée mais genre ça la gêne absolument pas au quotidien, elle vit sa vie de chat et voilà quoi, enfin il y a juste un petit, petit handicap à peine visible qui va sûrement se détériorer en vieillissant mais pour l’instant elle vit très bien comme ça. Mais, juste pour ça elle était en S.O.S et on sait que les animaux qui sont malades ou handicapés dans les refuges c’est souvent les animaux qui sont le moins adoptés n’est-ce pas, hehe, parce que souvent les gens sont pas prêts… à adopter des animaux malades, et ils veulent pas, et machin… J’ai juste envie de dire, arrêtez de mettre votre validisme sur les animaux en fait. Arrêtez de, de déverser ça sur les animaux, parce que en fait si vous êtes pas prêts à adopter un chat, et si vous êtes pas prêts, ou un animal, n’importe lequel, à ce que votre animal tombe malade, ben en fait n’adoptez pas d’animal en fait parce que ça peut arriver n’importe quand, à n’importe quel moment. C’est une responsabilité et il faut s’attendre au fait que votre chat, ou votre chien, ou peu importe, peut tomber malade, et voilà, petit rappel que adopter un animal ce n’est pas un truc qu’on fait sur un coup de tête, c’est un truc qui doit être réfléchi et qu’on n’adopte pas des animaux juste parce qu’ils sont mignons. Arrêtez de, d’offrir des animaux à Noël là, sans demander l’avis de la personne avant. Il y a des, des tas d’animaux qui sont abandonnés en refuge parce que les gens réfléchissent pas avant. Et… les refuges ils sont débordés, du coup les animaux ils attrapent des maladies et c’est comme ça qu’on se retrouve avec un chat malade chronique ! Réfléchissez avant d’adopter des animaux quoi, vraiment. C’est pas des jouets, c’est des êtres vivants, et… voilà.

Manon : Je me permets de rebondir par rapport à ce que tu dis par rapport au choix d’adoption. Alors quand c’est un Handi’Chien ce n’est pas une adoption de sens classique. Néanmoins, moi je dis toujours qu’un chien d’assistance, avant d’être un chien d’assistance c’est un chien. Un chien d’assistance, même aussi parfaitement éduqué soit-il et aussi formidable et génial, on a avant tout les contraintes d’un chien dans un quotidien. Donc si on ne peut pas, ne veut pas, on n’a pas l’énergie d’avoir les contraintes d’un chien il faut pas avoir de chien d’assistance parce que, un chien d’assistance il faut le sortir évidemment pour ses besoins, faut l’emmener chez le véto, il peut tomber malade… même enfin des petites maladies, des otites, des trucs, enfin voilà, ça c’est des contraintes. Tous les chiens, d’autant plus les chiens d’assistance qui sont concentrés une grosse partie de la journée, il leur faut des moments, ce qu’on appelle la « détente », entre guillemets, donc c’est des moments où le chien est en liberté, où il peut aller courir, sauter, nager, jouer avec d’autres chiens, ils ont besoin de voir des congénères, donc ça prend du temps, c’est en moyenne trois détentes par semaine. Parfois on a eu une journée où le chien était extrêmement concentré, on a fait, je sais pas, des heures de train dans la journée, il y aura des détentes en plus, ouais après parfois… le chien est, voilà on fait une détente en moins, mais enfin c’est plusieurs détentes par semaine, le chien c’est des contraintes, c’est pas un robot, il y aura des moments où il a pas envie de… il aura pas envie de faire « telles commandes », entre guillemets, voilà, il y a certaines textures ils aiment moins, pour ramasser certains objets il faut les faire retravailler ça. Et aussi si par exemple on fait sa demande de chien d’assistance, qu’on est sur liste d’attente et que il y a un événement qui se passe dans nos vies : on déménage, on change de région, on a un enfant, ou je sais pas quoi, ou le handicap évolue, on peut contacter Handi’Chiens, mettre à jour notre demande quand nos besoins évoluent.

Hermine : Merci pour tous ces… vraiment c’est hyper… je savais que t’étais calée sur le sujet mais là c’est, c’est vraiment hyper complet.

Manon : Est-ce que tu veux qu’on parle de la retraite du chien ?

Hermine : Ben, pourquoi pas ? Oui c’est vrai, c’est un sujet aussi, clairement.

Manon : C’est pas mon sujet préféré mais c’est im… c’est important. Pour d’autres associations c’est différent mais chez Handi’Chiens, le chien nous est remis vers deux ans, donc voilà un chien est adulte c’est vers dix huit mois donc il est déjà adulte. Et il est déjà complétement éduqué, c’est-à-dire qu’il connait les commandes, voilà, et apte à aller dans les lieux publics dès qu’on l’a. Mais après la mise à la retraite ça dépend des chiens, parce que c’est comme chez les humains, il y en a qui ont une santé plus fragile que d’autres. C’est vers… entre huit et dix ans généralement. Il y a plusieurs possibilités de mise à la retraite. Il faut savoir que quand le chien il est mis à la retraite il perd ses droits d’accès aux lieux publics en fait, il devient un chien de compagnie. Donc soit il reste chez la personne handicapée mais il n’aide plus, il ne fait plus de commandes, c’est un chien de compagnie. Soit il passe sa retraite chez un proche de la personne handicapée, par exemple si la personne handicapée peut pas gérer un chien qui ne peut plus marcher ou très difficilement, mais voilà, qu’une personne de sa famille est disponible pour avoir un chien, ça permet que la personne handicapée reste en contact avec son chien. Et si la personne handicapée ne peut pas le garder, que il y a personne dans son entourage qui a envie d’avoir un chien, le chien est proposé à la famille d’accueil, enfin à sa famille d’accueil quand il était petit, et si la famille d’accueil ne peut pas, ne veut pas, n’est pas disponible, il y a des familles qui contactent Handi’Chiens pour avoir des chiens à la retraite. Et j’ai oublié un point très très important, j’aurais dû commencer par ça, mais l’ép… l’épisode n’est pas fini donc c’est bon. Si on a des chiens d’assistance c’est grâce à un… travail bénévole de la famille d’accueil, notamment de la famille d’accueil de Lexie que je remercie encore une fois. Pour les familles d’accueil la séparation est dure. En tant que bénéficiaire nous on se doit de maintenir le contact avec la famille d’accueil, on n’habite pas forcément dans la même ville mais on donne des nouvelles. Et donc voilà, la… la famille d’accueil n’a pas du jour au lendemain plus de nouvelles du chien. Ça me semblait important de le dire pour ceux qui voudraient être famille d’accueil peut-être. Ça c’est la mise à la retraite, et après on peut refaire une demande de chien d’assistance, ou pas, et on peut avoir un chien actif d’assistance et un chien à la retraite chez soi, c’est possible.

Hermine : Merci beaucoup d’avoir parlé de tout ça, vraiment c’est top, c’est hyper complet et… et ça donne pleins d’infos auxquelles on pense pas quand on pense aux chiens d’assistance. Du coup mon avant-dernière question avant qu’on arrive à la question « recommandations culturelles » : est-ce que tu aurais des conseils du coup pour les personnes qui pensent avoir un chien d’assistance un jour ?

Manon : Déjà le, le choix de l’association, donc moi j’ai fait le choix de l’association Handi’Chiens, parce que c’est une association qui remet un chien déjà éduqué, mais en fait on n’est pas propriétaire du chien chez Handi’Chiens, on est le gardien du chien mais pas son propriétaire légal. Handi’Chiens reste son propriétaire légal. Il y a d’autres associations, très rapidement qui fonctionnement différemment, où c’est le bénéficiaire, la personne handicapée qui achète son propre chien, de la race qu’il souhaite et qui avec un éducateur, va éduquer son chien à l’assistance et après va passer un certificat qu’il aura ou pas, si le chien est apte ou pas à devenir chien d’assistance, sachant que si le chien n’est pas habilité, elle aura son chien de compagnie. Voilà donc déjà de réfléchir à l’association qu’on souhaite contacter. Se demander aussi si on est ok pour faire un choix dans la durée parce qu’un chien d’assistance on l’a plusieurs années, une dizaine d’année du coup, l’espérance de vie d’un Golden, d’un Labrador c’est dix-douze ans, donc c’est un choix dans la durée. Et puis de bien réfléchir aussi à ce qu’on… enfin à son mode de vie en fait, et aux… entre guillemets aux « contraintes » qu’on va imposer au chien, dans le sens, est-ce qu’on se déplace avec telle ou telle technique, est-ce qu’on prend plus la voiture, est-ce qu’on bouge beaucoup, etc. pour avoir le chien d’assistance le plus adapté en termes de charactère. Et puis il faut se souvenir aussi que c’est pas un robot, et c’est ça qui fait que l’aventure avec un chien d’assistance c’est aussi top. Par exemple Lexie a pleins de choses qu’elle a l’habitude de faire dans mon quotidien qu’on lui a pas appris. Par exemple moi quand elle me voit mettre mes attelles aux pieds le matin elle m’apporte direct mes chauss… mes chaussures, sans que je lui demande ou voilà. Elle a pris l’habitude dans les lieux publics de repérer mes amis pour moi que j’ai du mal à visualiser quand il y a beaucoup de monde. Voilà elle se dirige vers mes amis pour… pour que je les repère, enfin voilà, il y a pleins de choses qu’elle anticipe et ça c’est absolument génial. Et, voilà, sinon quoi dire à part une formidable aventure, et que ça permet aussi de rencontrer pleins de gens formidables, que je salue ici, des bénévoles, d’autres bénéficiaires, et c’est très très chouette. C’est une super aventure humaine et canine.

Hermine : Et là (rire), je parlais tout à l’heure du fait que je, que je voulais adopter un chat adulte et pas un chaton parce que je voulais un chat qui soit tranquille, et là elle vient carrément de, de monter sur la table et de marcher sur mon ordi pour aller de l’autre côté du canapé, genre. [À Sybelle :] Eh, (rire), tu pouvais pas genre juste passer du bon côté directement, il fallait que tu passes sur l’ordi !

Manon : C’était plus drôle de passer sur l’ordinateur.

Hermine : Ben bien sûr, nan mais… mais vraiment, j’ai eu peur que le micro il tombe par terre et tout, nan mais vraiment ! C’est incroyable parce que genre, c’est quand même, ça fait un an que je l’ai, j’ai fait quand même plusieurs enregistrements avec elle, et c’est la première fois où elle est autant agitée !

Manon : Mais c’est parce que celui-là c’est son épisode de podcast qui a parlé d’elle.

Hermine : (Rire), c’est ça, genre vraiment… ahlala, les chats… bref. Et ben du coup merci de, d’avoir donné tous ces conseils et toutes ces infos et tou, c’est vraiment hyper intéressant. Pour le coup, je m’étais jamais trop, enfin… si en vrai, parce que j’aimerais beaucoup avoir un chien un jour, parce que j’adore les chiens aussi, quand les gens ils demandent « ouais t’es plutôt chiens où plutôt chats », les deux, vraiment les deux. Mais c’est vrai que, enfin, je sais pas si j’aurais l’énergie de… sortir un chien tous les jours et tout. Mais, comme je vois comment en fait elle t’aide vachement et comme elle te fait gagner de l’énergie ou en tout cas ne pas en perdre…

Manon : On gagne des cuillères !

Hermine : Ouais, voilà c’est ça ! Je me dis… peut-être. Mais bon, je me dis, déjà, pour l’instant je suis avec le chat, on verra… on verra plus tard quand le chat sera plus là, je veux pas avoir deux animaux en même temps. Déjà un c’est quand même beaucoup de… beaucoup de responsabilités donc deux ce serait un petit peu trop pour moi. Mais en tout cas, ouais, ça fait bien réfléchir là-dessus et ça donne bien envie, voilà.

Manon : Pour ceux qui voudraient plus d’informations sur Handi’Chiens, ils ont un site internet très complet, avec pleins pleins d’informations que j’ai probablement oublié de dire… donc hésitez pas, voilà.

Hermine : Du coup on va passer à la dernière question qui est la question « recommandations culturelles », du coup est-ce que tu aurais des recos en lien avec soit le handicap, ou les animaux, ou les deux, enfin, peu importe.

Manon : Pas rapport au… à Handi’chiens il y a Margaux, mais j’ai plus son nom de famille, qui… a un chien qui s’appelle Jimba, qui a écrit plusieurs romans sur comment son Handi’Chien l’aide. Donc voilà je donnerai les titres, je te transmettrai les titres après car j’ai plus en tête. Il y a aussi une page Instagram, avec son chien, voilà. Elle a écrit trois romans, de mémoire, qui sont, qui sont chouettes, donc elle elle a un SED donc un syndrome d’Ehlers-Danlos, et elle est en fauteuil roulant manuel, et elle a aussi un Golden, voilà. Team Golden. Et l’autre livre que je recommanderais par rapport à mon handicap, au validisme, dont tu parles souvent dans ton podcast, c’est le livre très récent de Charlotte Puiseux, si je prononce bien son nom, qui est « De chair et de fer », et qui explique l’impact du validisme dans notre quotidien de personnes handicapées moteur et à quel point ça impacte tous les aspects de la vie, et aussi à quel point c’est une construction sociale. Donc la très bonne nouvelle c’est que ça peut se déconstruire.

Hermine : (Rire), c’est clair. Et c’est bien pour ça aussi que j’ai créé ce podcast et j’espère que les personnes qui nous écoutent comprendront que le vrai problème c’est pas le handicap mais c’est surtout le validisme. C’est pas le fait d’être handicapé·e, c’est vraiment, vraiment toutes les barrières qu’on nous met, tous les bâtons qu’on nous met dans les roues, sans mauvais jeu de mots, pour l’accès à… enfin ouais, à tout quoi. Du coup… oui merci pour ces recos, moi aussi je recommande, c’est vrai que jusqu’à maintenant je l’ai pas mis dans les recos mais le livre de Charlotte Puiseux est… est très bien.

Manon : Il est très… il est assez simple à lire, il est pas très très long, donc allez-y, foncez.

Hermine : Et il m’a un peu fait pensé, dans un autre style, mais au livre de Elisa Rojas « Mister T et moi », que j’avais recommandé aussi dans le premier épisode, où pareil, en fait Charlotte Puiseux elle parle beaucoup de son expérience à elle, de comment elle a grandi avec son handicap, tout ça, en tant que femme.

Manon : Et j’ai pas précisé mais Charlotte Puiseux, alors du coup c’est une… elle une formation de psychologue, elle est en fauteuil roulant électrique, elle a une SMA et elle est docteure en philosophie si je me trompe pas. Donc c’est chouette d’avoir quelqu’un de concerné pour écrire sur nous.

Hermine : Ouais c’est clair. D’ailleurs, petite info comme ça, Charlotte Puiseux ça a été ma psy pendant quelques mois, et elle m’a beaucoup aidé·e à me sortir d’une dépression et d’un burnout que j’avais fait suite au podcast. Parce que, encore une fois je l’ai redit dans, dans l’épisode précédent, mais ce podcast c’est beaucoup beaucoup de boulot et ça m’a fait faire un burnout. Et Charlotte Puiseux m’a aidée à sortir de ça. Donc… voilà, merci Charlotte, je sais pas si elle écoutera cet épisode mais si jamais… Ben du coup merci pour ces petites recos.

Manon : Ben de rien, merci pour ton podcast.

Hermine : Et moi, attends, moi j’en ai encore quelques-unes. Qui sont très chouettes d’ailleurs et que je… je, franchement je sais pas comment je, enfin si je sais comment je trouve cet… toutes ces recos mais des fois moi-même je… je m’impressionne comment j’arrive, toujours à chaque épisode à trouver des trucs. Voilà, c’était un petit lancer de fleurs à moi-même parce que… vraiment, c’est du taff aussi. Du coup j’ai deux recos dont une BD qui s’appelle « Goupil ou face », qui est une BD qui a été écrite par Lou Lubie, et en fait c’est une BD autobiographique autour du trouble bipolaire. Et du coup c’est l’autrice qui raconte un peu son diagnostic, surtout son errance de diagnostic et comment elle a été diagnostiquée. Et le lien avec les animaux en fait c’est parce que le trouble bipolaire est représenté pas un renard, et comment elle cohabite au quotidien avec le renard, comment elle arrive à apprivoiser le renard, tout ça etc. Et c’est vraiment hyper bien fait, hyper… éducatif et pédagogique pour les personnes qui veulent en savoir plus sur ce trouble. Je recommande aussi pour les personnes qui viennent d’être diagnostiquées et qui, je pense, elle est vraiment hyper utile cette BD. À la fin il y a plein de références de sites internet, enfin de… de pleins de choses pour, pour aider les personnes bipolaires. Et vraiment c’est hyper utile et hyper pédagogique, et très mignon, enfin les dessins sont très mignons. « Goupil ou face » par Lou Lubie. Et j’avais une dernière reco qui est une série, parce que je ne m’arrêterai jamais de parler de séries en fait. J’avais dit que je m’arrêtais de… d’en recommander mais en fait je… je, je n’y arrive pas. C’est une série qui est pour le coup très mignonne et qui, je trouve est très en accord avec cet épisode, qui s’appelle, déjà le… rien que le titre il est trop mignon. C’est un… une série qui s’appelle « Un ami aux petits soins ». Ça met en scène un… un jeune garçon, du coup c’est une série américaine. C’est un jeune garçon qui a une phobie sociale/phobie scolaire. En gros qui a été scolarisé à la maison, et qui fait sa rentrée en sixième dans un collège normal. Et du coup, pour l’aider avec son anxiété, tout ça ses parents décident de… d’adopter un chien… comme support émotionnel en fait. Et du coup il va en cours avec ce chien et il se fait des ami·es grâce à ce chien. Du coup ça raconte un peu son quot… son quotidien. Et c’est très mignon, c’est drôle, enfin c’est… c’est vraiment pas prise de tête, c’est vraiment mignon. Et en même temps ça montre bien comment l’anxiété ça peut faire partir ton cerveau très très loin et enfin, ça montre bien comment la phobie sociale ça peut affecter le quotidien, tout en restant dans un truc un peu mignon avec des acteurs très cool et tout. Et d’ailleurs il y a une actrice en fauteuil qui est une jeune actrice handicapée du coup qui s’appelle Sophie Kim. Et du coup il devient ami avec cette fille-là, et du coup ça parle aussi des problématique d’accessibilité. Par exemple, il l’invite à jouer aux jeux vidéos, sauf que l’entrée de sa maison n’est pas accessible et du coup son père construit une rampe pour qu’elle puisse rentrer dans la maison. Ce genre de chose, du coup voilà ça parle de pleins de sujets et c’est mignon et drôle, et donc « Un ami aux petits soins », c’est vraiment une mini série qui fait genre huit épisodes et qui est disponible sur Netflix.

Manon : Juste, du coup j’ai cherché… en même temps et la page de Margaux et Jimba, qui s’appelle « Jimba, un Golden Handi’Chien », le nom de Margaux c’est Margaux Lenormand, voilà, elle a écrit plusieurs livres sur l’aventure Handi’Chiens, et le… le financement du livre permet de, d’acheter des chiots pour Handi’Chiens. Donc c’est doublement chouette. N’hésitez pas, foncez.

Hermine : Merci Manon pour, pour toute cet échange et toutes ces infos. C’était vraiment super chouette, on peut s’arrêter là, sauf si tu as encore quelque chose à rajouter, mais j’ai l’impression qu’on a fait un peu le tour.

Manon : Mhh, non, à part dire merci à tous les bénévoles Handi’Chiens, et tout particulièrement la famille d’accueil de Lexie, son éducatrice et sa déléguée. Voilà je pense que ce sera le mot de la fin.

Hermine : Encore une fois merci beaucoup, et du coup nous on se retrouve le mois prochain et là pour le coup ce sera un épisode un peu bilan, parce que j’arrive au bout de tous les sujets que je voulais aborder, j’ai un petit peu fait le tour. Et du coup j’ai envie de faire un peu un bilan avec des anciens invité·es, pour savoir quels souvenirs ils gardent de l’enregistrement du podcast et tout ça. Et du coup pour parler un peu de un peu l’avenir du podcast, parce que les enregistrements à distance je vais arrêter en fait (rire), parce que je commence à en avoir vraiment marre. MAIS, ça ne veut pas dire que si moi j’arrête d’enregistrer ça veut pas dire que le podcast s’arrête ! Mais du coup ce sera un nouveau format. Mais du coup voilà, je parlerai un peu de tout ça dans le prochain épisode qui sortira au mois de mai.