Ivanka & Lisa

Hermine : Bienvenue dans  H comme Handicapé.e.s , le podcast qui donne la parole aux personnes handicapées parce qu’on ne les entend pas assez. Aujourd’hui, je suis avec Ivanka et Lisa qui sont là pour parler avec moi de sexualité quand on est en situation de handicap. Bonjour à les deux, merci d’être là. Du coup est-ce que vous pouvez vous présenter un petit peu ?

Lisa : Oui, bonjour. Je m’appelle Lisa Andrée Lorelys, je suis en Master 2 Cinéma Recherches Création à… l’Université Paul Valéry-Montpellier et mmmh… Je cherche à créer un cinéma aux vertus thérapeutiques. Me concernant je suis une enfant adoptée, fille unique, handie, neuroatypique et ultra sensible.

Ivanka : Bonjour, je m’appelle Ivanka… J’ai du mal à me présenter, c’ est quelque chose vraiment qui est  difficile pour moi. Je sais toujours en train de me dire : mais qu’est-ce qui est important qu’est-ce qui est pas important… Donc, je vais simplement vous dire que je suis Ivanka, que j’ai 29 ans, que je suis handicapée et que je fais une recherche doctorale qui porte sur les identités des femmes handicapées au Japon. Voilà !

Hermine : Et … Ivanka, tu es lesbienne, c’est ça ?

Ivanka : Oui.

Hermine : (Rires) Je pense que c’est important de le préciser vu la thématique de l’épisode.

Ivanka : Je… J’avais la sensation que c’est au fil de la conversation que ça allait arriver, parce que : comment se définir, comment définir son orientation sexuelle, ça a été quelque chose de long et… sinueux pour moi. Mais… On en arrive là, oui.

Hermine : Ok. Bah ouais, ouais, bah, ça tombe bien on va en parler. Mais… Oui, oui, c’est important de préciser que pour cet épisode sur la sexualité, il n’y a pas que des personnes hétéros, n’est-ce pas ? Car, c’est quelque chose qui me tient à cœur, moi-même n’étant pas hétéro. Donc… Oui, bah voilà, ça amène tout de suite ma première question qui est… Du coup, avant d’entrer un peu dans le vif du sujet, de parler plutôt de l’adolescence et des premiers crushs et des premiers émois sexuels et des questions que vous avez pu vous poser… Du genre : est-ce que je vais pouvoir avoir des relations sexuelles ou est-ce que on va vouloir sortir avec moi, ou coucher avec moi ou ce genre de chose ? Parce que moi je sais que, pour parler très crument, à l’époque... Donc moi j’ai une paralysie cérébrale, donc ce qui fait que j’ai… de la spasticité, et donc je suis pas très souple, voire pas du tout (petit rire) au niveau des jambes et donc j’ai beaucoup de mal clairement à écarter les jambes, voilà, hein, on va y aller franchement. Et donc j’étais là, dans un schéma très héteronormé, en me disant : « mais est-ce… Est-ce que je vais pouvoir coucher avec quelqu’un vu ma souplesse quoi, fin mon manque de souplesse justement ? ». Et ouais, c’est tout un tas de questions que je me suis posées comme ça, à l’adolescence et où, auxquelles j’avais pas de réponses, vu que on n’en parle pas (petit rire), de la sexualité des personnes handies… avec un handicap moteur. Est-ce que vous, vous vous êtes posé ce genre de questions ou pas… ?

Lisa : Bah, moi c’était… Un peu une obsession de… savoir si j’allais être reconnue. Dans le sens où, je vivais le harcèlement et le rejet depuis que j’é… depuis que j’allais à l’école et… en fait… Pour moi, j’avais pas de raison d’être… comme si y’avait des raisons, mais à cette… à cette époque-là, je pensais que y’avait, une explication, une justification à ce rejet. Donc mon questionnement c’était : mais est-ce que, si ils m’ont toujours détestée, trouvée repoussante par ma différence… mes différences, est-ce que, j’allais trouver au moins un garçon, parce que je raisonnais en étant hétéronormée, au moins un garçon qui allait… vouloir de moi ? J’avais peur de pas être… pas sélectionnée, mais comme si : ça aussi je vais pas l’avoir. Parce que j’avais pas de copains et de copines, très très peu, c’était genre une fois… tous les dix ans. Donc, je p… J’avais, j’appréhendais de pas avoir mon premier bisou, ma première demande… J’étais vraiment dans un schéma, c’est le garçon qui vient te demander de sortir avec toi. Voilà, j’avais peur de pas pouvoir accéder à cette chose-là.

Hermine : Et, Ivanka, du coup, ça a été un peu pareil pour toi, ou… ?

Ivanka : Bah y’a des choses qui font, vraiment… écho à mon vécu, d’autres un peu moins… T’as première phrase Lisa : «  J’étais obsédée par ça ». Bah oui. Moi aussi.. J’étais clairement obsédée par… par mon corps : est-ce qu’il allait être reconnu comme désirable, par mon visage aussi, fin par toute ma, ma corporalité. J’étais obsédée par ça. Je voulais être belle, je voulais être perçue co… Comme un objet de désir… Par des garçons, en premier, mais pas que, Je pense que je me suis toujours perçue comme non-hétérosexuelle, mais le passage à l’acte avec un garçon, c’était important pour moi : j’allais vraiment devenir une femme, à partir du moment où… un homme m’aurait sélectionnée, m’aurait reconnue comme désirable. Ça, ça oui. Je l’ai clairement eu. Après, j’ai pas été… isolée dans mon adolescence. En tout cas, j’ai pas eu cette sensation… d’être seule du fait de mon handicap. Donc, j’étais très entourée. Après, je pense que j’ai une personnalité assez proactive, donc, j’allais chercher des ami.es, si j’en avais pas tout de suite (rire dans la voix). Et c’était la même chose pour les amoureux, les amoureuses : j’allais les chercher. J’étais du style à écrire des mots et à les distribuer, à la personne qui m’intéressait. A peut-être même être harcelante, tellement j’avais envie d’être reconnue… Voilà, l’adolescence ç’a été ça. Et pour… la question de… l’homosexualité, j’ai eu des, des amitiés féminines très intenses très, très tôt que j’identifiais pas forcément comme une attirance… romantique, mais, après coup… Oui. Mais pour ce qui est du désir sexuel, il était pas dirigé vers des personnes enfin je… J’avais vraiment juste envie, moi, d’être désirable et je pense que c’était sans intérêt pour X ou X personne du tout.

Hermine : Mmmh. Ok. Intéressant. Ouais, ouais, c’est important, je trouve. Fin moi je sais que y’a un truc à l’adolescence. Moi, à l’inverse de toi Ivanka, j’étais hyper introvertie… Je parlais… pas beaucoup. Fin surtout au début en fait. Moi, aller vers les gens pour moi, c’était… hyper compliqué, et… Parce que justement je pense que j’avais beaucoup ce truc de… validisme intériorisé de : « Nan mais, toute façon ; qui va s’intéresser à l’handicapée, t’façon t’es moche et pis … ». Fin, plein, plein de trucs comme ça hyper… hyper négatifs et… Maintenant, j’ai juste envie de prendre mon (rires dans la voix), mon moi adolescent dans les bras et de lui faire un câlin et de lui dire : « ça va aller, t’inquiète et tu pou… Fin et tu pourras avoir des relations avec des gens et ça va le faire et ce sera cool ! ». C’est un truc, je pense, qui est dur, à l’adolescence, à gérer. Et j’espère que… que les générations qui arrivent là, vraiment, sont un peu plus à l’aise avec ça, parce que vraiment c’est… c’est compliqué. Euh… Ensuite, je voulais qu’on parle de masturbation, parce que, bah, encore une fois, c’est un sujet qu’on n’aborde pas beaucoup et qui… reste assez tabou. Et, c’est un peu… souvent la seule manière d’accéder à la sexualité pour les personnes handies. Ben souvent les personnes qui sont isolées ou qui… qui voilà n’ont pas assez confiance en eux ou quoi… C’est un peu souvent le seul accès qu’on a, et donc je pense c’est encore plus important du coup d’en parler dans, dans cet épisode. Du coup… Quel est votre… votre rapport à la masturbation ? Est-ce que c’est quelque chose que vous pratiquez ou pas… ?**

Lisa : J’ai le souvenir, étonnement, d’avoir commencé extrêmement tôt, donc dès la petite enfance. Et, ça m… Ca m’a surprise d’en prendre conscience, parce que comme je l’ai dit je suis une enfant adoptée mais adoptée par une maman monoparentale, donc à la maison j’avais pas de représentations sexuelles, et chez ses parents, donc mon Papi et ma Mamô, non plus, c’étaient des personnes âgées qui étaient pas…, qui étaient affectueuses par la parole, mais pas par… le contact physique. Donc, je… C’est ça qui m’étonnait de me dire mais : comment j’ai pu être tout de suite, attirée, sollicitée et… Voilà, dans un rapport sexuel. Mais, au-delà de ça, je l’ai vécue comme… bah, de la honte, une gêne, parce que, justement, je le retrouvais pas dans mon univers aff… familial. Et je n’avais pas non plus la sexualité à l’extérieur avec les petits camarades de, de classe. J’avais pas cette relation, moi j’étais plus prise comme une chose (rires), étrange et… Voilà, dont on…, fin pas dont on se méfiait mais fin, moi, j’étais contrairement à vous deux, ni proactive ni introvertie, j’étais à la fois introvertie et extravertie et j’ai tranché en étant observatrice. Je passais mon temps à observer pour… comme si je regardais une danse et que je cherchais le bon moment pour entrer dans… dans la chorégraphie et que je peinais beaucoup. Et au niveau de cette masturbation, ça… J’avais… Je me cachais tout le temps… J’avais peur d’être surprise par ma mère, c’est déjà arrivé que ma mère me surprenne, donc j’ai gardé en moi ce côté : c’est sale, c’est pas bien, tu devrais pas le faire et… Qu’est-ce qu’on dirait de toi si on l’apercevait. Alors que je n’ai pas entendu dans ma famille des choses qui… condamnaient la masturbation. J’avais même… Je suis agnostique donc… agnostique pour moi, c’est que, je… je n’ai pas de croyances. J’estime que je suis personne pour dire que Dieu ou des entités existent ou non, mais j’avais quand même, ce rapport de si, quand je me masturbais de me dire : « Et si, ma Mamô, quand elle est décédée, me voyait ? ». J’avais quand même des pensées comme ça, et … même à l’heure actuelle, j’ai des rapports masturbatoires qui sont très espacés dans le temps. Je peux… La dernière fois que je me suis masturbée, ça remonte à… deux semaines, parce que j’étais s… J’avais beaucoup de charge comme tout le monde par rapport à, aux élections présidentielles, à la situation mondiale… Donc, j’ai des phases comme ça où je me détends, que je sais que c’est bon pour le corps et l’esprit, mais c’est comme un… une responsabilité que je fais. Mais, voilà, j’ai des appels sexuels très rares et pareil, je me mets dans le noir, sous la couette, je ferme les portes parce que je veux pas que mon…, ma chatte me voie (rire dans la voix), et… Voilà. Ce rapport à la masturbation qui est, d’une part, hyper… libre, dans le sens où, je revendique… le fait que c’est quelque chose de très naturel, qu’il n’y a pas de quoi en avoir honte. Paradoxalement, je… J’ai une relation avec mon corps qui est, pas honteuse, mais voilà, qui est dans un… qui est pas très bien déconstruite. Et, dans ma sexualité avec l’autre, je me rends compte que je préfère mes rapports avec mes vibros, parce que quand j’étais plus jeune, j’ai… j’utilisais que la main…. Je…caressais mon clito. Pas de pénétration. J’ai attendu ma virginité. J’ai pas de croyances comme je le disais, mais j’ai… voilà, j’attendais d’être sélectionnée, mais pour la sexualité, j’ai sélectionné (rire). Et donc c’est arrivé à 24 ans, voilà, mais… Au niveau de la masturbation, c’est plus…, le vibro, euh non, ce n’est que le vibro et… que sur le clito. Voilà, mon rapport avec la masturbation.

Ivanka : Euh, mon rapport à la masturbation… Déjà, je… Dans ce que Lisa a dit, je me suis rappelée… de la sexualité infantile. Donc oui, j’ai aussi ce genre de souvenirs, mais c’…, Je pense pas que c’était de la sexualité de fin…adulte. C’était pas ça, c’était plus de la recherche, de la découverte de mon corps, de fin, quelles zones faisaient quoi… Et je pense que très tôt, enfant… Pour ce qui est de mon cas, je suis pas née… paraplégique, c’est arrivé plus tard et j’avais 4 ans, donc ça brise quelque chose un peu dans le schéma corporel quand même. Donc : j’ai le souvenir, d’avoir eu dans mon enfance, donc, en tout cas avant mes 10 ans… une sexualité infantile donc, dans le sens me caresser dans certaines zones, chercher à comprendre ce qui fonctionnait, ce qui fonctionnait pas ou… qui était pas censé être comme ça. Donc, ouuui., j’ai ce souvenir-là mais ensuite, de masturbation, non, j’appellerais pas ça de la masturbation, à cette époque. Je pense que mes premiers souvenirs clairs de masturbations… active, dans le but de se procurer du plaisir, c’était plus tard, peut-être vers la fin du collège ? Et, j’avais pas vraiment cette sensation de culpabilité, comme… l’a laissé entendre Lisa, mais j’avais quand même quelque chose de : je sais que, je n’ai pas envie d’être retrouvée dans cette position. (rires). Je n’ai pas envie que ça se sache. J’en avais pas particulièrement honte mais j’allais pas en faire la promotion et, dire à mes parents, dire à mes ami.es, à mes cousines : « j’ai fait ça, c’est trop bien ». Non. Mais je le faisais quand même. C’était pas… non plus en me cachant sous la couette, mais si je rentrais le mercredi aprem et qu’il y avait personne à la maison, j’allais partir à la découverte de moi-même ! Et c’était… Je pense que y’avait cette recherche de plaisir, mais pas tout de suite. Moi, c’était pas la culpabilité, mais c’était quand même…Plutôt… un challenge : « il faut que je ressente toutes ces choses, il faut absolument que, fin toutes ces choses qu’on voit à la télé, tous ces soi-disant orgasmes fulgurants, il faut que je le trouve par moi-même. ». Il fallait absolument que j’y arrive, avant d’être avec quelqu’un d’autre. Je voulais pas que ce soit une surprise de découvrir que mon corps ne fonctionne pas comme il faut. Donc, je pense que c’était ça la masturbation dans l’adolescence. Et puis maintenant… Bah j’ai… J’ai bientôt la trentaine, j’ai un rapport totalement différent à la masturbation : là, c’est, c’est pour du plaisir. Parce que maintenant, j’ai fait le travail de découverte, donc je sais ce qui fonctionne pour moi, je sais ce qui me fait du bien, je sais c… Bah, je sais ce que j’aime et j’ai envie de le faire pour moi !

Hermine : Mmmh.  Nan mais c’est clair, ça c’est hyper important pour ça… Apprendre à se connaître et apprendre à savoir ce qu’on aime et… Mais…, en fait, je me reconnais pas mal dans ce que vous avez dit toutes les deux, c’est vrai que… Moi, j’en n’ai jamais eu vraiment honte. Je savais que c’était possible, que les g… les garçons pouvaient le faire et du coup je me suis dit : « Bah ok pourquoi pas moi, genre ? ». J’ai pas cherché plus loin (rire). Et du coup, bah j’ai eu mon premier orgasme à 13 ans je crois. C’était trop bien, je m’en rappelle encore… Et vraiment, c’est… vraiment important, comme tu disais Lé… Lisa, pour se détendre, fin, même quand t’as des douleurs de règles tout ça, le stress, et puis, ouais, apprendre à se connaître, fin, en fait, y’a que du positif sur la masturbation et en plus les personnes qui ont un clitoris : je rappelle que le clitoris et le seul organe du corps humain qui est là pour donner du plaisir, et c’est tout. Et c’est son seule but… dans la vie. Donc (rires)… Donc vraiment : pourquoi s’en priver ? Voilà, je… Vraiment les personnes qui ont un clitoris, et je ne dis pas les femmes, bien entendu, juste les personnes...faîtes-vous plaisir ! Voilà, allez-y, je le dis. C’était ma… petite ode à la masturbation (rires). Du coup, question suivante, là on va vraiment rentrer dans le vif du sujet, qui est : racontez-nous un rapport sexuel qui vous a marqué. Par exemple, je sais pas… Votre pire ou votre meilleur coup…

Lisa : Bah moi, j’ai mon meilleur coup, m’a fait pleurer de… lâcher-prise.

Hermine : Wow ! Carrément !

Lisa : Ouais… A l’époque, donc ça c’est un de mes handicaps, je souffrais d’un TAG donc d’un Trouble Anxieux Généralisé et d’un TP, un Trouble Panique et… Je l’ai pas dit, je l’ai pas mentionné tout en haut dans ma description mais je suis aussi sourde. En fait, à cette époque-là j’étais pas encore appareillée donc ça remonte… C’était… J’avais la trentaine. Voilà, donc je le rencontre… Tout va très vite pour lui, il tombe en une semaine ou deux amoureux de moi, donc (rires), c’était assez perturbant. Et, en fait, au lit, ça se passait super bien. Donc… Quand il s’exprimait dans le quotidien, il avait beaucoup de problèmes… parce qu’il avait… On avait en commun le… le suicide, fin la perte de notre frère par suicide, donc… Mais, lui il le… Moi je le vivais avec quelque chose de… d’adapter, d’accepter et lui, pas du tout. Il était vraiment bloqué. Pour pas couler, il se… il avait pris des drogues dures, il avait, ouais, il était parti très très loin, et là en fait, le m…, il s’était tout interdit, parce qu’il savait que la prochaine fois, il tomb…, il sombrerait. Donc moi, il supportait pas si je fumais… A l’époque, je fumais des clopes et je buvais de l’alcool. Pour gérer, c’est pas une bonne chose, mais pour calmer mon, mes troubles anxieux et voilà… Et donc, à cette époque-là, j’avais l’incapacité de… de pas faire de crises de panique, d’avoir des pensées simples comme : « oh, j’ai faim ! » ou « il fait beau aujourd’hui ». Et… C’étaient que des… des images, des tocs, des pensées anxiogènes et… quand j’ai… je couchais avec lui, ça se passait toujours très très bien, et cette fois-là, en fait, je sais pas, ça m’a, je me suis complétement déconnectée et je me suis, pour une rare fois de ma vie, connectée à mon corps. C’était… plus le mental, c’était le corps, je, je peux pas dire que je l’entendais, puisque je suis sourde, mais je… J’étais à l’écoute de ce qui se passait de… de nos corps, du rapport qu’on était en train de faire. Et… du coup j’ai pleuré en fait de vivre cet instant présent, mais en même temps, j’ai pleuré parce que, en vrai, c’était pas avec la personne avec qui je matchais, j’étais pas amoureuse de cette personne. Donc, cette expérience elle m’a donné aussi, pas l’espoir, mais… l’idée que : ok, c’est possible, pas à pas. Comme tu disais Ivanka, il y a des progressions dans son rapport à soi et avec les autres. Et du coup, ça me dit que peut-être il y a une réciprocité émotionnelle qui va parvenir avant que je quitte… cette planète. Et pour terminer sur juste mon rapport avec mes… ma surdité : ce qui me dérange à présent, fin ce qui me dérange, ce qui me revient tout le temps, c’est que… Si je les garde [les appareils], j’entends tout : les frottements, les… Ca me déconnecte aussi de mon rapport et si je les enlève, je peux plus avoir accès à ce que dit la personne et dans ces moments intimes, c’est vrai qu’un petit mot… une intention, baaah… Ca joue beaucoup, parfois, pour atteindre l’orgasme, ou, simplement se sentir connectée. Donc, c’est vrai que parfois, quand le, un des handicaps se manifeste, que ce soient les troubles psychiatriques ou les handicaps physiologiques, physiques, ça… Oui, ça peut court-circuiter et après c’est tout un travail d’adaptation, de réadaptation… Et c’est pour ça que c’est d’autant plus important d’avoir des bons partenaires, je pense.

Hermine : C’est clair ! Ouais, en fait, c’est hyper complexe. En plus, fin, quand tu dis… Y’a aussi le consentement. Si t’as plus tes appareils et que du coup t’entends plus quand la personne te pose des questions de, de savoir si ça va ou pas, fin… Du, du coup de pas entendre et de pas pouvoir répondre ou pas fin… Ouais, c’est, c’est… ça pose des questions… auxquelles on pense pas je pense si on est une personne entendante. Et, Ivanka, du coup, est-ce t’as une anecdote sympathique à raconter ? Ou, ou pas sympathique, ou un peu ratée (rire), au choix

Ivanka : Une anecdote sympathique… Euh, je… En fait, j’en ai paaas mal, hein, j’ai un (rires)… Je sais même pas laquelle choisir, j’aimerais que ce soit quelque chose de pertinent, maintenant. Parce que… entre le début de ma vie sexuelle et maintenant de l’eau a coulé sous le pont, en fait. Qu’est-ce qui pourrait y avoir de marrant ? Ah oui ! Euh, pfff… Ouais, je vais raconter ça parce que je pense que mes copines, ça les fera vachement rire. Je suis partie en vacances avec des ami.es, à Okinawa… donc dans les îles du Sud du Japon, y’a pas mal d’années, enfin, pas tant que ça peut-être… En 2014, je crois. C’était mon premier voyage au Japon, j’ai passé une partie… des vacances seule et l’autre entre copines, on a fait pleins de villes différentes, c’était top, et on a été du coup dans une auberge de jeunesse, à Naha. Du coup, c’est la grande ville à, à Okinawa et… à Okinawa, y’a beaucoup de soldats américains, y’a beaucoup de bases militaires, et donc j’ai vécu ce truc, qui fait un petit peu série télévisée, du coup, de se rencontrer à l’auberge de jeunesse, d’aller boire un verre ensemble, on a été en boîte et en fait, on s’est retrouvé… dans le hall. C’était pas vraiment le hall, c’était pas le hall, c’est plutôt le salon de l’auberge de jeunesse et… bah, c’est là où j’ai une relation sexuelle avec un, un soldat. Américain. Et c’était… bah c’était… C’était pas top hein, c’était pas top.

Hermine : (rires)

Ivanka : (Rires) J’ai eu pleins d’expériences, en fait je trouve que c’est assez représentatif de ma personne, de choses pas vraiment faites pour le plaisir, mais parce que, je peux le faire : « Regardez, je peux le faire. ». Je suis pas du tout dans les stéréotypes… de, de beauté… Je pense. Ni dans les, fin, les critères physiques qui sont… glorifiés par notre société, mais : regardez, j’ai un coup d’un soir avec, un mec qui rentre dans les standards de beauté, qui est soldat et… dans des îles paradisiaques du sud du Japon. Donc… Voilà, pour mon anecdote. Ah ! Bah, elle est pas terminée ! Parce que quelques temps après, ce… ce jeune m’a envoyé un message pour me demander : « est-ce qu’on a couché ensemble, en fait ? », parce qu’il s’en souvenait pas vraiment et que si c’était le cas, il était désolé. Voilà. Donc c’est la chute de cette histoire (rires).

Hermine : Ah ouais… Ca avait bien commencé mais au final, c’est plutôt bof.

Ivanka : C’était plutôt bof. Donc, il s’en souvenait pas clairement apparemment, moi je m’en souvenais, j’en garde pas un super bon souvenir… Enfin, c’était pas un mauvais souvenir, c’est plutôt, c’était pas le meilleur coup de ma vie, du tout même. Mais je l’ai fait.

Hermine : Nan, j’avoue. C’est… C’est toujours bien d’avoir des anecdotes comme ça, à raconter… (rires). Moi, j’ai envie quand même de parler de mon… meilleur coup. Je pense que je suis un peu entre vous deux, c’est-à-dire que j’ai pas quinze tonnes d’expériences, mais j’en ai quand même quelques-unes. Notamment une. Où c’était la première fois que je couchais avec une fille, enfin la premières et seule fois parce que ça n’est pas ré arrivé depuis. Et c’était avec une… une connaissance, ouais, que je connaissais, mais pas plus que ça quoi, vraiment. Et que j’avais toujours trouvée hyper belle, mais… je m’étais jamais dit : « Ouais, il va se passer un truc et tout… ». Et puis, bah, finalement, un soir… on a fait un after chez elle, et, au début y’avait un groupe de mecs, avec nous et puis, au bout d’un moment les mecs commençaient à dire : « Bon, les filles on va vous laisser », (rires), et, et je pense que c’était parce qu’en fait, on n’arrêtait pas de se… faire des sous-entendus… elle et moi. Et du coup, ils ont compris que ils étaient un peu de trop. Et, ils sont partis. Et voilà. Et c’était trop bien. Et au début, j’étais un peu perdu.e parce que, elle a commencé à me faire un câlin, et du coup, moi, j’étais là : « bon bah ok, on se fait un câlin… ». Pis après, elle m’a embrassée, j’étais là : « ah bon d’accord, en fait, c’est ça ! Ok, bon bah, allons-y ! ». Et, c’était, assez… cool, parce qu’en fait, elle a tout fait (rire). Moi, je… Moi, j’avais rien à faire. En fait, elle s’est genre assise sur moi, moi j’étais assis sur le canapé et pis elle s’est assise sur moi… à califourchon. Et vraiment, elle, elle a tout fait ! Et c’était assez cool ! Même, même très cool. Et c’était genre le… le soir de mon vingt-troisième anniversaire et donc le lendemain… matin, je me suis réveillé.e dans son lit, et c’était encore une période ou j’étais encore très en déni par rapport à ma bisexualité, et où j’étais à me dire : « Non, mais toute façon, fin, t’as rien fait avec une fille, donc… donc tu peux pas être vraiment bi et tout ». Et donc là, je me suis réveillé.e, en me…, dans son lit, en me disant : «  bon baaaah, bon bah là c’est bon, c’est… tu peux pas, tu peux continuer à être dans le déni, genre… C’est sûr, t’es vraiment bi. » Donc, ouais, c’était, c’était une expérience assez marquante pour moi. Euh, Ivanka, tu voulais dire un truc ?

Ivanka : Oui. J’avais envie de rebondir un petit peu sur ce que tu viens de dire… En fait, c’est quand t’as dit : « elle a tout fait ». Bah en fait, moi c’était un truc qui me gênait beaucoup avec les filles, même dans les rapports sexuels, avec les femmes, c’était ça. C’était que, j’avais l’impression que en sortant de cette binarité homme-femme, l’homme fait, la femme reçoit et bah que je devais être plus active, et du coup je me sentais toujours : pas à la hauteur… sexuellement, avec des, des femmes. Et j’ai dû chercher beaucoup, beaucoup ma manière, mon style, sans, sans avoir l’impression de tout recevoir et de rien donner, d’être dans un truc de partage, et en même temps… Je devais vachement réfléchir à : « Qu’est-ce que je suis en train de performer, en fait ? Là, mon corps ne peut pas faire certaines choses. Point (rires). Donc, qu’est-ce que j’essaye de… de, de prouver ?! ». Alors que, dans ma jeunesse, où je pratiquais une sexualité… assez hétérosexuelle, je, j’avais pas… j’avais pas cette pression avec les hommes puisque je crois que j’étais pas… en train de… Ah c’est triste à dire quand j’y pense, mais... j’étais pas en train de prendre du plaisir, j’étais en train de juste en donner. Point. Et c’est plutôt facile dans, dans ce sens-là.

Hermine : Mmmh. C’est hyper triste (rires), c’est hyper triste… C’est, c’est fou comme quand t’es une, une meuf, ou fin quand t’es perçue comme une meuf, ou quand t’as grandi et été éduquée comme une meuf… C’est toujours en rapport avec le regard masculin, et les hommes et qu’est-ce qu’ils attendent et machin (soupir). C’est, c’est, c’est dommage. Vraiment.

Lisa : Moi je veux bien rebondir sur ce que vous venez de dire. En fait, c’est la prise de conscience de… que mes rapports sexuels hétéros, sont… toujours… En fait, je sais pas si j’ai été très claire, mais : je suis pas très fan des rapports sexuels hétéros, je… suis plus à l’aide quand c’est moi qui me donne mon propre plaisir, parce que c’est quand je veux… j’arrête… quand je veux, j’y vais quand je veux et j’ai rien à donner. Je suis très…, comme je fatigue très vite, dès que j’en ai marre, j’arrête et pas de…Et je n’aurai aucune pression, vous voyez ? Et avec les rapports… hétéros, c’est… Moi, j’ai toujours l’impressi…, j’ai toujours eu la sensation de jouer un rôle de… la fille, fin de la personne, qui est dans le rapport, sinon je le vivrais comme un viol. Ou comme de la… du mensonge pour l’autre. Alors que, je suis avec des personnes qui m’apprécient, que j’apprécie mais mon… Fin, j’en n’ai pas eu beaucoup, j’ai eu un petit ami : celui avec qui j’ai partagé ma virginité. Après, les… J’ai tenté le plan cul, pour voir si j’en étais capable, mais là aussi, je rejoins… je vous…, je te rejoins Ivanka dans, ce souci de performance, de : « Moi aussi, je peux le faire ! Même avec mes différences…, y’a pas que les autres… Y’en a bien un qui va… ». Ouais, c’est ça, c’est ce rapport au… alors je sais pas si c’est le genre, parce que j’ai… eu des…., un amour pour une fille. Donc, maintenant que je grandis, je, je pense que je suis pansexuelle. Mais, c’est encore… à définir et… Parce que j’étais trop coupée par la… sexualité de ma propre maman, parce que elle, elle s’est… reconnue queer et… Fin, pansexuelle aussi, mais, maintenant, on dit plus queer, donc…, c’est vrai que j’étais un peu… Nan, mais on peut pas toutes les deux avoir… une identité à construire et…, c’est difficile avec nos… différends déjà qui sont que ma maman est aussi… en marge de la société… Pas par rapport à des handicaps mais par rapport à des... des façons de percevoir le monde : adopter un enfant toute seule…, être féministe dans les années 70… Voilà. Et…, ouais, c’est ça, ce rapport toujours… J’ai un papier, on me dit que ça c’est la norme, et je, je coche pas grand-chose donc, je simule, je me suradapte. Et c’est vrai que depuis que, là la dernière fois que j’ai couché, c’était cet été avec un…, un copain de longue date, un ami et… C’était chouette, mais …, c’était chouette parce que c’était court, vous voyez ?

Hermine : Ouais, parce que t’avais pas trop à penser et…

Lisa : C’est ça. C’est plus pour voir, en fait c’est aussi pour voir comment je suis au niveau psychiatrique, est-ce que ça va, est-ce que mon rapport aussi avec mes han, mes autres handicaps… Comment c’est, où j’en suis ? Et… aussi parce que ça manque les bras de quelqu’un. Donc… y’a ce côté-là, cette vie affective.

Hermine : Mmh. C’est clair… Oui, aussi, et… il faut dire aussi que, c’est, fin, moi c’est un truc que j’aimerais rappeler parce que c’est important de le dire aussi, que :  c’est ok, de pas vouloir faire de sexe, aussi. Y’a plein de raisons pour lesquelles tu veux pas forcément… avoir des rapports sexuels. Par exemple, je sais pas : quand t’es en dépression et que bon bah, t’as pas de libido, ou alors, tu prends des antidépresseurs et ça… nique ta libido, fin… pour tout un tas de raisons. Et pis, y’a aussi les personnes asexuelles. A la base, je voulais d’ailleurs faire un épisode avec trois invité.es et avec une personne asexuelle, mais je me suis dit : « Non, ça sera beaucoup trop long et beaucoup trop de, de travail. ». Du coup, je ne l’ai pas fait, mais, en tout cas si y’a des personnes asexuelles qui veulent témoigner… là-dessus, comme d’habitude, mon Instagram et ma, mon adresse mail sont ouvertes, c’est-à-dire : hcommehandipodcast@gmail.com et, hcommehandipodcast sur Instagram. Parce que…, je trouve que c’est important d’en parler aussi, parce que souvent, bah, les personnes handicapées, comme on en parle souvent dans ce podcast, sont… désexualisées. Et donc, je sais pas, mais je pense que quand t’es handi.e et qu’en plus t’es asexuel.le, les, les gens sont là : « Ben, ben ouais, t’es asexuel.le parce que t’es handicapé.e ! », fin…, et, alors que non. Fin, l’asexualité c’est… quelque chose à part entière, et c’est pas en lien avec le handicap. En tout cas, c’est les, les retours que j’ai eus quand j’ai échangé avec quelques personnes là-dessus. Mais voilà, du coup si y’a des personnes concernées qui veulent… qui veulent parler de ça : envoyez-moi des mails, envoyez-moi des messages… Sans problème. Voilà. Est-ce que j’avais d’… quelque chose à dire sur le sujet… ? Oui. Par rapport à ce que vous disiez tout à l’heure sur… les rapports avec les hommes et tout, moi à l’inverse, fin, ce que tu disais Ivanka par rapport à… ton rapport avec les femmes et machin… Moi c’est vrai que, ben, la seule fois où j’ai couché avec cette fille-là, et ben…, j’avais pas du tout, fin, j’étais dans un rapport beaucoup plus… beaucoup plus… d’égal.e à égale et y’avait beaucoup moins de pression en mode : oui, je dois faire ci, ça, ça. Et j’ai trouvé ça assez, assez reposant.

Ivanka : Pour moi, c’est venu après. Euh, mais c’est pas venu dans les débuts (rire). Dans les débuts c’était pas reposant. C’était : réapprendre pas mal, enfin pas apprendre dans le sens apprendre, mais trouver une autre manière de me positionner en fait, me défaire de… bah déconstruire ma sexualité. J’avais… vécu jusque-là dans une dynamique… assez inégalitaire, assez dans quelque chose où je suis un réceptacle, plus que… qu’une, qu’une personne. Donc, il a fallu…, défaire tout ça et… recentrer les choses autour de l’échange et du plaisir et c’est pas… évident, je pense quand on a une sexualité qui était pas basée sur… ce rapport-là.

Hermine : Nan, c’est clair et, c’est hyper important de déconstruire mais même : déconstruire c’est quoi un rapport sexuel, parce que, depuis tout à l’heure on parle des trucs hyper hétéronormés et tout ça, mais, en fait, c’est aussi bien de rappeler que : un rapport sexuel, c’est juste du plaisir entre deux personnes… consentantes et c’est tout. Y’a pas de… pénétration vaginale ou je sais pas quoi, c’est juste du plaisir entre deux personnes consentantes encore une fois. Et du coup… Ouais, moi ça m’a beaucoup aidé.e de comprendre ça, parce que pendant longtemps, j’ai eu ce…, je me sentais mal à l’aise par rapport au fait que je pensais que j’avais pas perdu… Tu parlais de virginité tout à l’heure Lisa et moi j’étais un peu…, un peu là à me dire : « Ouah, mais t’as…, t’as bientôt 20 ans et t’as pas encore couché, t’as pas encore perdu ta virginité, machin et tout », alors que, en fait, en y réfléchissant, en fait, mon premier rapport sexuel, je l’ai eu avec mon premier copain, quand j’avais 17 ans, et en fait, c’est tout à fait… classique et normal comme âge. Et en fait y’a pas de…, pas d’âge moyen à avoir pour commencer sa vie sexuelle : on peut la commencer à, à 16 ans, à 30 ans, fin peu importe. Et, vraiment, c’… c’est un truc que je pense qui faut déconstruire aussi, de pas se mettre la pression et de… de comprendre que vraiment, un rapport sexuel, c’est pas un truc… hyper normé et que c’est vraiment basé sur, encore une fois, le consentement. Vraiment, le consentement et, et l’échange et vraiment l’envie de…, de chaque personne et pas… Pas un truc qui doit être forcé. Voilà.

Ivanka : Et, est-ce que je peux ajouter une toute petite chose, encore, dans cette histoire de rapport sexuel : il n’est absolument pas nécessaire d’impliquer ses parties génitales.

Hermine : Totalement ! Totalement ! Complétement. Mais, c’est en ça que la sexualité des personnes handicapées et du coup je pense des personnes… qui ont un handicap moteur ou quoi, est intéressante, parce que du coup, on, on doit trouver d’autres manières, d’autres positions parce qu’il y a des positions que on peut pas faire…. Et du coup, on doit plus réfléchir et au final je pense que c’est plus intéressant que les… classiques positions des couples hétéros qu’on voit partout et, et… Est-ce que je suis en train de dire que au final les personnes handicapées sont des meilleurs coups que les personnes valides ? Peut-être ! Je ne sais pas ! (rires). Je, je pose ça là comme ça… Mais, ouais, une fois que t’as compris que de toute façon, t’es pas dans la norme… hétéro, de par ton corps handicapé, t’es pas dans la norme hétéro et donc que tu dois trouver d’autres manières de faire du sexe, ça rend les choses tout de suite plus, plus intéressantes. Voilà. Du coup… Je vais passer à la prochaine question qui est sur : l'assistance sexuelle. Car c’est un sujet aussi qu’il faut aborder, sur lequel moi je suis assez mitigée. Je sais pas. Quel est votre avis, fin, votre point de vue sur l’assistance sexuelle pour les personnes handicapées ?

Lisa : Alors, moi j’aimerais bien repartir déjà sur le point… de la loi. En fait, on…, c’est grâce à la loi de deux 2005, c’est une loi donc, pour nous les personnes handies, qui nous… (rires) parle beaucoup, parce qu’elle nous a… dégagé pas mal de choses. Mmm… Même si y’a encore un ENORME terrain à faire… germer. Mais voilà, à partir de la loi de deux milles cinq, il a été prévu une compensation de toutes les conséquences du handicap. Donc, ce dont je parlais tout à l’heure c’est ce qu’on appelle la vie affective et sexuelle, et ça, ça fait partie justement de…, c’est un p… , c’est une composante en quelque sorte, intrinsèquement liée au droit de l’éducation, du travail, du logement, de l’accessibilité. Le rapport… de la vie sexuelle des personnes handies, c’est que ça rentre dans la catégorie « santé » puisque c’est physique et psychique, donc ça devrait…, ça, ça coule de source, mais, paradoxalement, on n’en est pas encore actuellement, à un… une mise à jour. Parce que, je parle de la France, on est dans une… politique abolitionniste, donc on est… Elle est totalement en dissonance avec… cette réalité, ces besoins, parce que… elle interdit pas la prostitution mais elle condamne ses pratiques. Quand on regarde la jurisprudence… Je peux même…, j’avais fait un petit copié, je peux même vous le citer, la jurisprudence, elle dit que c’est : « se prêter, moyennant rémunération, à des contacts physiques de quelque nature qu’ils soient, afin de satisfaire les besoins sexuels d’autrui ». Donc ça, c’est la Cour de cassation de 27 mars 1996. Donc on se rend compte que c’est u…c’est une hérésie et puis c’est… fin, on peut pas… accepter que la vie affective et sexuelle elle rentre pleinement sur le coup de la loi, parce que c’est du proxénétisme. Donc, selon moi, clairement il faut une, une profonde reprise des textes, qui permettent la libre disposition de son corps, de se prostituer, mais non seulement d’être accompagnante/ accompagnant, toujours dans un cadre safe, consenti, on parle beaucoup de consentement… dans ce podcast… et légalisé, visible, accessible, mature j’ai envie de dire, puis respectueux de la, des personnes !

Hermine : Ouais, ouais, bah clairement c’est un, un sujet qui est totalement en lien avec le travail du sexe et… Et d’ailleurs, je reposerai la question… à des personnes qui sont travailleuses du sexe quand j’enregistrerai un épisode sur le sujet, pour la saison trois, voilà, petit teasing ! Et… En fait moi je, je trouve que, c’est ce terme de, d’assistance qui me dérange, c’est, c’est toujours : « bah ouais les handicapé.es, c’est des assisté.es », et… et pis ils peuvent rien faire tout seuls. Et pis, oui, en fait, ça devrait être reconnu au même niveau que…, fin ça devrait être reconnu comme du travail du sexe. En fait les personnes handicapées, devraient être des clients et pas des assistés en fait. Mais en… Comme tu l’as dit vu comment est vu… le travail du sexe en France… Y’a. Encore. Du. Boulot. C’est hyper complexe. En plus, je trouve que…, c’est aussi pour ça que je voulais parler de sexualité dans ce, dans un épisode du podcast, c’est que : la sexualité des personnes handicapées, je trouve que soit on n'en parle pas, soit on parle que de l’assistance sexuelle en fait. Et y’a pas… d’entre-deux, y’a pas de possibilité d’être en couple ou de… d’avoir des plans cul, alors que, fin si, en fait…, je pense qu’on vient de le prouver toutes le trois (rire), c’est que c’est possible et y’a encore plein d’autres personnes…, fin moi je connais des personnes handies qui ont des histoires… incroyables…, fin que les valides seraient jaloux, je suis sûr.e… Donc, ouais, ouais, je pense que c’était important d’en parler aussi pour ça… Du coup Ivanka, t’en penses quoi, c’est quoi ton avis… sur la question ?

Ivanka : Je suis partagée… sur beaucoup de points. Mais je pense que, globalement, ce que je peux dire, c’est que : il faudrait arrêter la médicalisation de la vie affective et, et sexuelle des personnes han… handicapées. Et, dans le même temps, je me dis que, les personnes handicapées c’est tellement vaste, c’est un gros parapluie : on a tous, toustes des besoins différents, des, des niveaux de socialisation différents et, pour mon cas, en étant une para plutôt active, j’ai pas besoin d’avoir recours aux travailleurs, travailleuses du sexe pour avoir une sexualité, mais, j’ai besoin d’avoir accès aux transports, j’ai besoin d’avoir accès aux lieux de socialisation, c’est ça la plus grande barrière dans ma vie sexuelle, actuellement. C’est pas de trouver des partenaires, c’est d’aller à leur rencontre. Donc, en fait, je, comme disait Lisa, c’est, tout est intrinsèquement lié… Le logement, bah si le, la meuf que je veux aller voir son appart n’est pas accessible, bah je pourrais pas y aller, faudra qu’elle vienne chez moi (sourire dans la voix)… Les transports, c’est, c’est, c’est lié aussi…, les bâtiments qui sont pas aux normes, tu vas dans un bar et en fait y’a pas de toilettes accessibles, donc c’est, ça rend compliqué… la suite de la soirée. Donc, là ce sera pour mon cas. Mais des personnes qui sont institutionnalisées, par exemple, je pense que elles ont un rapport à la sexualité qui est différent. Euh… L’enfermement -institutionnel- rend le, le rapport sexuel impossible… à avoir, puisqu’ils sont totalement infantilisés. Donc, c’est des cas de figure qui sont totalement différents, donc, moi de mon cas personnel, j’ai envie de dire, ça ne… c’est pas utile… de, d’avoir l’assistance sexuelle, mais en fait c’est pas utile pour moi. D’autres personnes en auront besoin. Donc oui, je suis totalement partagée, mais je pense que les personnes… concernées devraient en parler directement. Et là où ça me gêne, parce que je… Y’a plein d’initiatives, enfin plein, il y a quelques initiatives, en France, là je sais plus, j’ai un…, j’arrête pas de me tromper dans son nom : Marcel Moss ? Nan, je sais plus, c’est pas… Ou Marcel Nuss ? Je sais plus. Mais il y a cette personne…, cet homme qui fait, beaucoup d’activités pour une assistance pour les personnes handicapées au niveau sexuel, et en fait, quand je regardais ces, ces émissions, les end…, les endroits où il va prendre la parole, les personnes qu’il accompagne son quasiment que des hommes handicapés, et j’ai envie de dire : où est la sexualité des femmes handicapées, quelles sont leurs attentes ? Et c’est ça qui m’interroge, en fait, ce décalage, encore une fois, les hommes… hétéros, qui prennent tout l’espace…, qui revendique fortement leur besoin et c’est… c’est bien hein, mais ils sont pas représentatifs de toute la population des personnes handicapées, en fait.

Hermine : C’est clair ouais, c’est (petit rire)… Ma misandrie va se montrer. Mais… Ouais, les mecs handicapés, ok, vous êtes handicapés mais, checkez vos privilèges, en fait. Les mecs cis, blancs, hétéros handicapés, euh, checkez vos privilèges, parce que, voilà, vous avez pas le monopole de fin… Laissez de la place à d’autres personnes, parce que, ouais, vous, vous êtes pas…, vous êtes qu’une seule représentation du handicap et, et, clairement, y’en a beaucoup d’autres. Tu… Tu dis très justement de, de laisser la place aux… concené.es, fin aux personnes qui, qui utilisent l’assistance sexuelle, fin, qui utilisent les services de, de travailleurs et travailleuses du sexe et je pense à… Bon, encore une fois, c’est pas, c’est pas en France, n’est-ce pas ? C’est pas francophone, parce que y’en a pas beaucoup mais… Je sais pas si vous connaissez sur Instagram, c’est… une personne qui s’appelle : Andrew… Gurza ? Qui est du coup, une personne… handicapée et… gay et qui parle beaucoup de… sexualité et justement du fait que, bah des fois il a recours à l’assistance sexuelle et.., et de…, justement de cet isolement, comme tu disais très bien, en fait le plus dur, c’est l’accessibilité et du coup l’isolement, et c’est ça qui provoque surtout… la difficulté d’accès à la sexualité quoi ! Et, si vous connaissez le compte de Andrew, allez voir. Bon, évidemment, il faut parler anglais, hum, parce que comme toujours, en France, on est à la traîne… Mais ouais, le compte de Andrew est super intéressant, et surtout il parle beaucoup de, de…, du validisme dans la communauté gay et de comment lui, beeeen, avec son corps handicapé, il correspond pas aux stéréotypes des mecs… gays hypers musclés et tout, et que du coup, et ben, il a du mal à…, il a du mal à pécho, quoi, clairement ! (rire). Voilà. On va… arriver vers la dernière question qui est la… fameuse question recommandations culturelles : je me… lasserai jamais de dire ça (rire) ! Du coup, est-ce que vous avez des recommandations culturelles en lien avec… les sujets qu’on vient d’aborder que ce soit livres, séries, films, podcasts… ?

Lisa : Alors, moi j’ai une petite web-série à vous recommandez… En fait, c’est… Son ambition, c’est d’éduquer les femmes à la masturbation féminine (rire dans la voix). Et, du coup, ils ont fait une enquête auprès de cent sept sujets… européens. En fait, c’est…, le projet s’appelle Climax, peut-être que vous connaissez. Ça fonctionne en…, en vrai, comme des tutos… vidéos et… dans chaque, dans ces dix-sept tutos, on découvre diverses techniques de masturbations, notamment et c’est pour ça que j’en parle dans ce podcast, celle de comment se masturber… sans les mains.

Hermine : Ah ! Trop bien !

Lisa : Ouais. Et du coup on a des vidéos explicites, ça accompagne avec une voix off, voilà, c’est…, ça permet de découvrir de façon plutôt agréable ce…, notre, cette intimité. Alors, par contre, le premier épisode, il est… gratuit, mais après il faut débourser quelques dizaines d’euros pour avoir accès à… à la série complète. Donc voilà c’est Climax. Après… Bah, comme je dis beaucoup, je suis en cinéma, donc je ne peux pas quitter ce podcast sans vous parler d’une série, donc c’est une série qui, heureusement, est… connue maintenant, voilà c’est pas une série méconnue, mais c’est la série Special, avec Ryan O’Connell. Et, lui, bah il est, lui aussi il a la paralysie cérébrale, dont tu nous as parlé tout à l’heure et… en fait, cette série, son personnage c’est un homme, qui est homosexuel, handicapé et il est… Et le réalisateur du coup, c’est l’acteur principal et… il a une maman hyper super protectrice, maman typique (rires), maman… voilà, elle s’inquiète beaucoup pour lui. Mais lui, il a une personnalité, en fait, pour moi, je sais pas pour vous si vous l’avez vue, mais : c’est sa personnalité qui est le, au cœur de tout. Et le handicap, pour une fois, est juste… du contexte. Ca permet de contextualiser, c’est juste, voir certaines limites. Comme ça pourrait être, je suis blanc, il faut que je mette une crème pour les (rires), les rayons du soleil ou, je, je fais le ramadan donc j’ai telle heure, vous voyez ? Pour moi, c’est juste du contexte, mais c’est pas : « ok, on va prendre un personnage (voix surmotivée de show-runner) ». Donc, c’est ça que je, que j’adore : il pourrait être handi et être validiste, ça nous… ça nous exempte pas de ce genre de chose. Donc voilà, c’est une série que, que je recommande, énormément et puis on travaille sur la vie sentimentale, la vie sexuelle… Au début, je crois qu’au début, il ose pas… trop draguer.

Hermine : Ouais, bah, c’est ça que je trouve intéressant dans ce, dans cette série, c’est que entre la saison 1 et la saison 2, tu vois bien l’évolution du personnage avec, justement au début, il a vachement de validisme intériorisé, il est là à pas trop assumer son handicap, à pas trop en parler et au final il rencontre d’autres personnes handicapées, pis il devient beaucoup plus à l’aise et… Elle est, vraiment, vraiment chouette pour ça cette série, et ouais du coup, ça parle beaucoup de sexualité et justement d’assistance sexuelle aussi. De fétichisme aussi, parce que ça c’est un truc dont on parle souvent dans le podcast et, et ça parle de… plein de sujets même pas qu’autour de la sexualité mais, ça parle vraiment de plein de trucs trop bien, et fin moi j’adore Special. Faut que, faut que j’arrête d’en parler à, à tous les épisodes j’en parle : vraiment, si vous, vous écoutez le podcast depuis le début et que vous n’avez pas encore vu Special, je vais être un peu vexée ! Mais… (rire). Elle est du coup dispo sur Netflix et donc, ouais, Ryan O’Connel, il a, il a tout fait quoi ! Fin, il est acteur…, producteur, scénariste, parce que en fait, je crois qu’à la base, c’est inspiré d’un, d’un live qu’il a écrit. Du coup, forcément, bah, comme on le dit toujours, quand c’est les concerné.es qui font les choses, c’est de la qualité. Voilà. Mais ouais, Special c’est trop bien… Voilà, je vais me taire parce que vraiment, cette série…(Rires). Mais, mais il faut, il fallait que quelqu’un en parle dans les recommandations culturelles et comme ça je pourrais la mettre en recommandation culturelles avec la photo et tout sur Instagram (fort enthousiasme), ce sera pas juste un truc comme ça perdu. Ivanka, du coup, est-ce que tu as des recos ?

Ivanka : J’ai deux recommandation et…, je vais faire un petit peu de, de propagande et de promotion de mes amies, hum, hum, voilà (rires). Euh, donc des choses qu’on peut trouver assez facilement… Donc un film Netflix…

Hermine : Ah oui ! Oui, parce que du coup, euh, pardon, mais je trouve ça incroyable, quand même ! Bon, tu vas mieux l’expliquer que moi, mais juste pour dire le monde est très petit mais vas-y je te laisse présenter le film et après je, je raconterai…

Ivanka : Donc, le monde est très petit, le monde queer est minuscule, le monde handi est encore plus petit. Donc… Comme je disais dans ma présentation, je suis doctorante en études japonaises et je vais beaucoup au Japon du coup et, j’ai une amie qui a une amie qui se trouve être actrice et donc c’est comme ça que je suis devenue amie avec Mei Kayama, qui est le personnage principal du film… 37 seconds, c’est un film, où elle joue le personnage de Yuma, qui est paralysée cérébrale et Mei l’est aussi, donc c’est un film où le personnage principal est une femme, handie, une jeune femme handie. C’st une personne concernée qui joue ce…, ce rôle, donc c’est : génial. Et là, en plus, petit synopsis rapide, elle part, en quête, à la recherche d’elle-même et de sa sexualité. Donc elle est en train de découvrir son corps, découvrir comment relationner et… tout ça un peu sous le joug de la figure maternelle, qui est là en, un petit peu en panique : « ma fille est une adulte, ce n’est pas un bébé ». Donc, c’est a… C’est assez intéressant. Après…, mon avis reste mitigé sur la fin. Donc y’a trente minutes que j’aurais enlevé parce qu’on commence à dérailler et ne plus s’intéresser au personnage principal… Mais voilà…, si vous avez envie de voir une femme handicapée à l’écran, qui joue le rôle d’une femme handicapée qui découvre le sexe, ben, 37 secondes, Thirty-seven seconds ou… 37 secondes en japonais, pour les japonisants. Avec Mei Kayama. C’était ma première recommandation donc j’ai beaucoup aimé ce film, et je l’ai recommandé à beaucoup de gens.

Hermine : Et du coup : c’est un des tout premier film que j’ai recommandé dans le podcast, si des gens sont là depuis le début, peut-être que ça leur dira quelque chose puisque j’en avais parlé dans le tout premier épisode, avec Marina, qui du coup est sorti, en… mars de l’année dernière, pour le 8 mars de l’année dernière. Et là où du coup, j’en avais parlé plus par rapport à son… à son identité de femme et comment elle prenait son indépendance et pas forcément autour de la sexualité, mais, mais du coup ouais, là ça peut totalement être, être mis en lien avec cet épisode et donc, je le remettrai, dans les recommandations culturelles parce que vraiment il est chouette. Et comme tu dis, c’est une personne concernée et tout. Et, c’est marrant parce que : je me rends compte que, on parle beaucoup de personnes avec une paralysie cérébrale, bon déjà y’a moi, et puis (rires dans la voix), y’a Ryan, qui a une relation assez fusionnelle avec sa mère, et… Là c’est un petit peu la même chose dans 37 seconds, c’est que, elle est un peu en mode… essayer de prendre son indépendance… de sa mère et tout ça, et je trouve que c’est un… C’est marrant, parce que, que ce soit moi, ou j’ai d’autres ami.es qui ont, qui ont une paralysie cérébrale, et c’est toujours : la relation avec la maman, c’est toujours un truc, assez, assez, spécial (rires dans la voix), et…, ouais assez… très protec…, protectrice et tout ça. Donc, c’est, c’est rigolo. Mais comme quoi c’est vraiment… Comme ça au moins, on sait que c’est vraiment authentique (petit rire). Voilà.

Ivanka : Et y’a aussi ce truc, franchement je trouve que c’est sympa de voir des films étrangers. C’est ce qu’on se disait avec Mei… : c’est que nos expériences sont assez similaires. Pourtant, on est séparé de neuf milles kilomètres, on parle a priori pas la même langue, et nos expériences sont universelles. En tant que femmes handicapées. Toutes celles que j’ai rencontrées, peu importe le pays, à chaque fois on était : « ah oui, oui, oui, il m’est arrivé la même chose, ah oui, oui, j’ai ressenti la même chose ! », donc c’est assez… étonnant. Et j’avais une deuxième recommandation. Alors, ma deuxième recommandation, c’est un manga… Il s’appelle Perfect World de Rie Aruga, il me semble que c’est Rie Aruga, en tout cas, vous le trouverez assez facilement, et il est traduit par Chiharu Chujo, qui est une… de mes collègues. Donc je fais croquer la famille, un petit peu de pub. Et, Perfect World, c’est l’histoire d’un homme handicapé, il est architecte, il s’appelle… Ayukawa quelque chose…, j’ai, j’ai oublié son nom et retombe sur une de ses amies d’enfance du lycée et s’en suit une histoire d’amour tumultueuse. Euh, le handicap est quand même au centre de cette histoire. Rie Aruga n’est pas une personne concernée mais elle s’est beaucoup… renseigné pour l’écrire, et je trouve que c’est assez juste et qu’il parle de choses, qui touche la corporalité, le…, fin vraiment le corps. Et j’ai rarement vu des choses aussi crues : ça parle d’escarres, ça parle d’insensibilité, fin ça parle de plein de choses… crues, qu’on a tendance je pense, à, à, à cacher ou en tout cas, y’a des tabous sur toutes nos déficiences corporelles. Et là, ils en parlent, ils construisent leur relation, pas que sur le handicap mais ils essayent pas d’évacuer la question. Donc je trouve ça super cool, après c’est pas queer du tout, hein ! (rire) Mais pas du tout !

Hermine : Ca marche ! Du coup, t’avais une… une autre reco Ivanka ou ?

Ivanka : Nan, c’était tout pour… pour les recos, mais j’ai envie de dire : produisez des choses, quoi ! Faites des choses, qu’on est du contenu culturel.

Hermine : C’est clair. Mais c’est en train de bouger, mais clairement ça va jamais assez vite, MAIS, quand je vois toutes les recos que j’ai faites depuis le début du podcast, là c’est quand même le dixième épisode, et…on commence à avoir une bonne petite sélection, donc…

Ivanka : Ah… Oui, je vais en profiter pour faire de l’autopromo. J’ai un projet : j’aimerais faire une zine sur le handicap, et, et la queerness, c’est pour ça que j’étais vraiment… intéressée par cette épisode aujourd’hui. Donc si y’a des personnes qui ont envie, de dessiner, d’écrire, de faire quelque chose, ensemble, de collaboratif, bah j’aimerais bien… qu’on le fasse ensemble !

Lisa : Ok, tu peux donner ton Insta ?

Ivanka : Oui, je vais donner mon insta, ce sera possible de le mettre en barre d’info ?

Hermine : Bah, oui carrément, je le mettrai sur Instagram…, t’inquiète !

Ivanka : Voilà !

Hermine : Du coup, moi j’avais… deux… enfin à la base je voulais parler de Special, mais du coup j’ai un peu laissé Lisa le faire, mais j’en ai quand même parlé (rires), parce que je ne peux pas m’en empêcher, mais bref (rires)… Et j’en a… avais une autre, qui est assez récente, donc une deuxième série qui est assez récente et qui a fait pas mal de bruit dans la communauté handie et qui… , qui met un peu tout le monde d’accord dans la communauté handie, parce que vraiment cette série est assez : géniale, même Waouh ! Fin, quand je l’ai vue, j’étais…, c’était, c’est une pépite vraiment, ça fait du bien. Ca s’appelle : Un mètre vingt, et c’est une série Arte. C’est une série… argentine, qui du coup a pour personnage principal une adolescente… handicapée, en fauteuil roulant, qui pareil…, veut découvrir sa sexualité et même juste sa vie sociale, fin ça parle de plein de sujets… Ca parle de, de, de grossesse, ça parle de féminisme, fin c’est aussi très queer… Ils montent une espèce de petite rébellion dans le lycée et tout, fin… Et ça parle aussi, du coup, d’accessibilité et du manque d’accessibilité dans, dans les lycées tout ça, fin ça parle de plein, plein de sujets et l’actrice principale est géniale, fin, pareil, moi je me suis vachement reconnu.e dans, dans son personnage et dans les histoires et ça fait, comme d’habitude, à chaque fois je le dis, mais ça fait trop du bien, de… de se reconnaître là-dedans. Et vraiment, Un mètre vingt, en plus c’est, vraiment vous avez zéro excuse parce que c’est dispo sur Youtube ! Donc vous avez juste à taper : « un mètre vingt série », c’est des épisodes qui font quinze-vingt minutes maximum, je sais pas y’a peut-être… six ou huit épisodes, je sais plus. Et c’est…, fin voilà, c’est très court, d’ailleurs c’est trop court, genre pourquoi ? On en veut plus si vous plaît ! (rires). Mais… Vraiment, c’est une série que je recommande à tout le monde, elle est vraiment bien et ouais, y’a aussi un côté… Parce que du coup le personnage et aussi une artiste, fin elle dessine beaucoup, et y’a un très art…, artistique, y’a un côté très en… en images d’animation et c’est vraiment… vraiment top. Voilà. Donc Un mètre vingt sur Arte. Et… Je voulais faire deux petites mentions spéciales de, de deux scènes de sexe qui impliquent des personnes handicapées dans des séries, récemment, qui m’ont marquées : d’abord la série Sex Education sur Netflix, que je pense beaucoup de personnes connaissent, parce que, fin, cette série fait beaucoup de bruit. Je suis assez mitigé.e sur cette série, mais je voulais… surtout parler d’une scène entre Isaac, du coup, qui est un… un mec handicapé, en fauteuil et.. Maeve, le, un des personnages principal, et j’ai un peu du mal avec le personnage de Isaac, mais : j’ai trouvé que cette scène était… était vraiment belle, parce que justement ça montre que, y’a pas besoin de... comme on le disait tout à l’heure, y’a pas besoin d’impliquer de parties génitales… pour avoir un rapport sexuel et aussi, ça parle aussi beaucoup de, de consentement, c’est vraiment une scène sur le consentement et sur voilà, le sexe avec des personnes handicapées, donc… c’est vraiment… Tout n’est pas à prendre dans cette série, y’a, y’a quelques trucs que… je trouve vraiment moyen mais pour le coup cette scène était vraiment réussie, et, et c’est chouette je trouve que…, parce que voilà, c’est une série quand même hyper regardée et hyper connue et donc c’est important, d’avoir ce genre de, de représentations. Et…, un peu dans la même idée, y’a… le personnage de … Ah ! Je me rappelle jamais son nom… Miribel je crois ? Dans The L world, the L world generation Q, parce que c’est le remake, là, récent. Avec du coup le personnage Miribel et… le personnage de Mika, qui est un homme trans, racisé aussi. Et donc cette scène de sexe avec elle, qui est du coup une femme…, en fauteuil, qui est jouée par… Jillian Mercado, qui est un de mes crushs absolus. Et, ouais, cette scène-là, elle était vraiment… bien faite, et pareil, quand je l’ai vue , ça m’a mis en joie, parce que, ouais, en fait que ils l’ont consultée et qu’elle a eu son mot à dire sur le truc, que vraiment, c’était réaliste et c’était bien fait. Et, c’était pareil, fait dans le respect, le consentement : est-ce que je peux faire ci, ça, ça…. Mais tout en étant sexy, fin, elle avait tout… C’était, c’était juste trop bien. Et d’ailleurs… Jillian Mercado avait fait un post sur Instagram ou une story je sais plus où elle disait, où elle s’était pris en photo, juste avant de tourner la scène, où elle disait, tu sentais qu’elle avait un peu la pression parce qu’elle disait : que elle faisait pas ça juste pour elle, et qu’elle faisait pour la communauté handie en général et pour la représentation et que, elle faisait ça pour son « elle » adolescent et pour… Voilà, elle sentait que c’était un truc qui était vraiment, important et politique et pas juste pour faire joli quoi. Et c’est… ça m’avait, ça m’avait beaucoup touché.e aussi par rapport à ça, donc… Voilà. The L world, pareil, The L world generation Q c’est chiant, mais chiant !

Ivanka : C’est très problématique.

**Hermine : Mais oui… Oui, en plus, mais je trouve ça chiant ! Mais bon, c’est, c’est un autre sujet (rires). Mais vraiment, le personnage de Miribel, il est trop bien. En plus elle est hyper badass, elle est avocate, fin, elle est trop belle, voilà… Moi, je suis pas du tout objective avec Jillian Mercado mais enfin voilà. Du coup, c’était ma… dernière, ma dernière petite recommandation et… VOILA. Je pense que on n’est pas mal. Est-ce que vous avez quelque chose, encore à rajouter ou pas ?$$

Ivanka : Non, ça va, hum, j’ai tout dit.

Hermine : Ok, ça marche. Du coup, merci, bah merci à toutes les deux d’avoir participé. Comme d’habitude, merci aux personnes qui nous écoutent, qui partagent le podcast, je le redis parce que vraiment c’est top. Et… du cou, si des personnes veulent… témoigner, m’envoyer des messages, je remets bien mes, mes réseaux sociaux parce qu’à fois je dis aux gens de m’envoyer des messages, mais j’oublie de dire les réseaux sociaux ! Donc, sur Instagram, c’est hcommehandipodcast, sur Facebook, car maintenant j’ai une page Facebook, et si vous tapez H comme Handicapé.e.s, euh, en gros le titre du podcast, vous trouverez la page. Je mets les, les vidéos Youtube principalement, je suis pas du tout active sur Facebook, mais quand un épisode sort, je mets la vidéo Youtube, vidéo Youtube sous-titrée évidemment. Et j’ai donc aussi bien sûr, le site internet : hcommehandipodcast.fr, où là du coup, bah vous avez tout, en fait : Instagram, Facebook, le mail… les références, les recommandations culturelles, les retranscriptions, et… les applis de podcasts pour écouter le podcast. Voilà. Là, vous pouvez tout trouver et tout le monde est content. Encore une fois, voilà, merci à tout, toutes les deux d’avoir participé et, on se retrouve le mois prochain pour le dernier épisode de la saison 2 de ce podcast, qui sera sur les personnes intersexes et handicapées, et ça promet d’être un sujet encore très intéressant. Pour le mois de juin, n’est-ce pas, qui sera le mois des fiertés.