Giu

Hermine : Bienvenue dans « H comme handicapé.es », le podcast qui donne la parole aux personnes handicapées parce qu'on ne les entends pas assez. Aujourd'hui, je suis avec Giu, pour parler de... la crise climatique et... d'écologie et de validisme et de comment la crise climatique impacte les personnes handicapées et les personnes minorisées en général. Du coup, bonjour Giu ! Merci à toi d'être là. Est-ce que tu peux te présenter un petit peu?

Giu : Bonjour! Merci de bah m'avoir invitée. Je m'appelle Giu Paluku-Atoka, je suis bruxellois, j'ai 25 ans... (Passage de motos dans la rue)

Hermine : Et évidemment c'est à ce moment - là qu'il y'a une moto qui passe ! (Rire) C'est pas grave, vas-y, continue.

Giu : (Rire) Oui, je... Je milite depuis déjà quelques années dans les milieux écologiques... En tout cas écolos. Et ... Je dirai que depuis deux ans, je m'intéresse beaucoup plus à ma, à ma propre situation : neuroatypique et..., chroniquement en douleurs et caetera. J'ai dû me confronter en tout cas, depuis 3 ans, depuis oui on va dire 3 ans, en tout cas, à beaucoup de,.. validisme en fait, dans les, dans les milieux climatiques. Et j'imagine que c'est pour ça que de contact en contact, j'ai atterri ici.

Hermine : Complètement. Et merci à Marianne, d'ailleurs, c'est elle qui nous a mis en contact. Du coup.... Bisous Marianne. Je sais que tu vas écouter cet épisode et merci d'avance. Et du coup, la première question que j'avais envie de te poser, et c'est un peu histoire de poser les bases : est-ce que tu peux nous expliquer, en gros, pourquoi les personnes handicapées et les personnes minorisées, et notamment les personnes non blanches, sont les premières touchées par... la crise climatique ? Et les plus touchées en fait, alors que on n'en parle jamais mais voilà... Est ce que tu peux nous expliquer un peu pourquoi ?

Giu : Je vais prendre la question, de deux, de deux... Je vais la répondre, y répondre de deux manières différentes. La première question c'est : si on se pose la question de comment on trouve des solutions à la crise climatique, c'est de savoir qu'en fait, les personnes premièrement impactées, ce sont pas les personnes qui... Ça veut pas nécessairement dire les personnes qui souffrent le plus ou qui pensent souf..., souffrir le plus, ou quoi que ce soit en fait... Ça veut pas dire que ces personnes sont dans nécessairement des situations totalement ingérables, ça veut en fait... Premièrement impactées, ça veut dire les systèmes d'oppression qui existent aujourd'hui rendent les personnes extrêmement vulnérables, c'est-à-dire : un enjeu de vie ou de mort vis-à-vis de la crise climatique. Et c'est pour ça que j'aime beaucoup parler de personnes premièrement impactées parce qu'en fait, souvent quand on parle de, des enjeux systémiques, on n'oublie parfois de parler, des, des enjeux de vie ou de mort qui sont en jeu. Et donc, du coup, sur la question du handicap, ça, ça vient clairement déjà jouer à la question de comment est- ce qu'en fait dans, dans des sociétés validistes et qui, qui remontent juste en fait, à toute une histoire d'eugénisme en fait. Dans nos sociétés, en tout cas, occidentales... Dans même juste nos sociétés globalisées. Le validisme, en fait est un pilier quelque part en fait de comment on imagine le monde, c'est-à-dire un monde, euh, de personnes bipèdes, avec deux bras et entre guillemets fonctionnelles en fait. Et donc c'est pour ça que : l'imaginaire, quand on se pose la question de comment est-ce qu'on imagine le monde, comment est-ce qu'il, sur quoi est-ce qu'il se crée, il se crée pas sur l'image en fait, de personnes qui ne sont pas valides en fait. Donc ça c'est la première..., manière d'y répondre. La deuxième, la deuxième manière d'y répondre, c'est de dire : qui meurt ? tout simplement. C'est pas une manière alarmante, en tout cas de ma part, d'y répondre, mais c'est vraiment de dire : qui, meurt en silence ? Et c'est comme ça que j'ai attaqué la question quand, quand on a commencé en tout cas avec un, un groupe d'ici à Bruxelles à, à se poser des questions sur les enjeux autant climatiques que systémiques, que d'oppression et caetera et de se dire, en fait : qu'est-ce qui se passe pour ces personnes-là ? Et donc on a essayé de faire des recherches et caetera, sur : ça veut dire quoi, en fait, de manière très concrète? Parce qu'on pense à la crise climatique comme souvent un éveil d'il y a peut-être 5-10 ans, alors qu'en fait la crise climatique, c'est, c'est un enjeu, je dirais même quasiment scientifique, physique, qui prend en fait des, je sais pas des siècles à, à venir. Et donc ... Vraiment de la question : mais en fait, qu'est-ce qui se passe en fait, pour les personnes handies et en fait, qui sont ces personnes ? A quoi est-ce qu'elles font face quand elles se retrouvent dans des environnements qui ont déjà connu des catastrophes climatiques de par le changement climatique ? Et de pas nécessairement se centrer sur notre histoire de : qu'est-ce qui se passera ? Mais, de partir du postulat que le pire est déjà arrivé et on veut savoir en fait, qu'est-ce qui, qu'est-ce qu'il est arrivé de ces personnes-là, de ces personnes handies, de ces personnes handies noires, de ces personnes handies queers, de ces p...? La totale en fait. Le handicap ça vient toucher à..., à plusieurs choses. Ça vient toucher à comment est-ce que une personne peut faire face, en fait, au désespoir que le climat créé. Donc ça veut dire : quelles sont les capacités, en fait, qu'ont une personne aujourd'hui non valide pour faire face à des catastrophes qui ont déjà existé, c’est a dire, les ouragans de Puerto Rico...? Là je parle vraiment genre de 2000 à 2010, tous ces ouragans qui ont commencé à toucher plein de, d'îles insulaires qui sont majoritairement aussi des îles indigènes, qu'elles aient été colonisées ou pas, en fait. Et en fait, ce qui se passe c'est que les personnes queers, les personnes handies, les personnes noires se retrouvent principalement sans abri, sauf que... Qui donne les moyens en fait, pour que en cas de catastrophes, y'est en fait des respirateurs en suffisance ? Qui, permet en fait à ce que les politiques mettent en place des choses qui vont garantir aux personnes sous traitement, je sais pas..., d'un cancer qui soit rémission, qui soit phase 1,2,3,4. Qu'est-ce qu'on fait en fait, pour permettre à ces personnes, de vivre ? Et en fait, dans un système capitaliste, dans un système qui ne pense pas autre chose que la survie, et pas la vie, donc c'est, c'est deux choses différentes, dans des systèmes en tout cas qui pensent pas globalement à la survie des personnes qui ont juste des commodités commorbidités comme on entend souvent, en fait, depuis 3 ans avec le COVID. De dire : « ah mes ces personnes en fait, elles avaient juste des commorbidités, ah mais ces personnes en fait elles avaient déjà ça ». Comme si le handicap n'était pas une expérience humaine, comme si le handicap n'était pas une expérience foncièrement soutenable, agréable, vivable, en fait. Comme si : « Ah mais ça c'est un cas exceptionnel».... Le handicap n'est pas du tout un cas exceptionnel, les comorbidités encore moins. Et surtout qu'en plus, vis-à-vis des personnes racisées et principalement des personnes noires, la plupart des personnes évitent, en fait, les milieux médicaux de par l'histoire coloniale, de grande campagnes de vaccinations qui ont mal tournées, fin, plusieurs choses qui font que aujourd'hui dans plein de communautés, qui se retrouvent stigmatisées, vis-à-vis du covid, plein de personnes, en fait, ne, ne vont même pas se vacciner parce qu'elles o..., elles pensent juste qu'elles vont déjà mourir, ce qui est en plus, tota, totalement chtarbé, parce qu'en fait, ce sont aussi des personnes qui, à plein d'égards ne connaissent pas les commorbidités qu'elles portent que ce soient générationnelles, que ce soient cardiovasculaires, que ce soient diabétes, plein de choses en fait, qui génétiquement sont là. Dans le fait d'avoir été colonisées, d'avoir été exportées, d'avoir été exilées et caetera ce qui en fait joue incroyablement en fait sur le sort de nos santés. Donc voilà. C'est ça je dirais de manière plus ou moins courte. Pourquoi est-ce qu'on est premièrement concerné ? Parce qu'on ne nous imagine jamais ou très peu en vie. Et que du coup même quand on se demande qu'est-ce qui se passe, c'est même dur de trouver des statistiques, des informations, parce qu'on est déjà hors de l'équation. Par exemple, même si c'est pas sur ça que je me base seulement, mais : par exemple des rapports des rapports qui vont..., des rapports onusiens par exemple, qui peuvent..., assez exhaustifs et qui tous les deux ans vont dire : « ah c'est ça ce qui se passe y'a deux ans et on a analysé sur toutes les facettes possibles». Toutes les facettes possibles, c'est jamais des, des facettes qui in, qui inclut le handicap en fait, peu importe les recherches. On va dire : oui mais dans les pays avec moins de revenus, les pays moins riches, on va dire oui mais en fait, si la personne... Tchik et tchak et tchik et tchak... Souvent le handicap est pas nommé en fait. Donc, y'a beaucoup de suppositions mais la supposition vient de la négation même de l'existence en fait. De se dire, en fait, ça c'est même pas la question, parce que de toute façon, ces personnes vont mourir en fait. Et c'est ça la dureté. C'est pour ça que je dis que..., que je précisais au début que c'est pas alarmiste de le dire. Parce que si on se retrouve pas dans les statistiques, si on parle pas de nous, c'est pour une raison, c'est qu'en fait à un moment, si on essaye de trouver des solutions à comment garder les gens en vie et qu'on n'est pas dans la question... Donc voilà, pour introduire je crois que c'est important de placer ça quoi.

Hermine : Ouais, complètement. Non, mais surtout en plus quand tu parles de statistiques, fin, surtout en France, y'a absolument zéro statistique. Et genre, on n'aime tellement pas les chiffres et on n'aime tellement pas compter...Non, on voit pas les couleurs et non, on voit pas le handicap ! Et du coup, ouais dès statistiques y'en a un peu plus je pense aux États-Unis tout ça, mais clairement, en France on est tellement à la ramasse ! Bref. Du coup, merci pour cette petite intro, qui clairement met dans l'ambiance direct (rire)

Giu (rires dans la voix) : Je fais de mon mieux, je fais de mon mieux, on a la même en Belgique y’a pas beaucoup de chiffres. Mais ce qui est intéressant, c'est surtout de voir la, la situation globale, en fait parce que, même si les chiffres existaient pas, y'a plein de manières de, d'aller chercher les réponses là où elles sont. Et souvent du coup les réponses, elles se trouvent dans, moi j'ai trouvé en tout cas dans, la plupart de mes réponses dans des collectifs handis, dans des personnes en fait qui militent justement pour valoriser toutes ces expériences là et de parler leurs expériences, que ce soit : black disabled lives matter, black autistic people ... Donc y'a a vraiment, y'a des personnes qui, qui rendent en fait ces choses accessibles et c'est des personnes qui ont pas accès à grand chose c'est ça ce qui est assez drôle, mais qui rendent l'information accessible de dire : en fait c'est ça ce qui se passe. C'est pas tout le monde qui peut, fin je veux dire, par exemple, les suppositions hyper capitalistes et, et bourgeoises de dire: on peut monter des dunes, on peut déménager, on peut tchik, on peut tchak. C'est plein de choses en fait, qui prennent pas en compte qu'est-ce que ça veut dire être mobile, qu'est-ce-que ça veut dire... : avoir la capacité en fait d'être exilé, de changer tous ses repères. Qu'est ce que ça veut dire ça pour une personne autiste, qui est là genre en mode : « en fait, moi je vais pas déménager parce que ça m'a pris peut-être 20 ans, 30 ans de comprendre le système dans lequel je suis en train de vivre et aujourd'hui si on me demande de bouger de là, je vais redevoir faire en fait, 30 ans de, de reconstruction émotionnelle, d'environnement et caetera et ça m'est insupportable ! ». Y'a tellement de, d'enjeux que les personnes valides ne comprennent pas à qu'est-ce que, qu'est-ce qu'un environnement apporte à une personne en fait. Et les personnes handies comprennent ça. De dire, un environnement sain mais dans les, tous les détails de la vie, dans les dalles, dans, dans le 15 centimètres que tu dois prendre ou pas, en fait. Dans savoir si, est-ce que aujourd'hui je vais prendre une canne ou pas... En fait, y'a tellement de choses qui sont à prendre en compte, que c'est un peu une..., audacieux j'dirais de la part en tout cas de la part de, des personnes valides des fois d'avoir autant d'assurance sur leurs avis sur..., le climat et caetera. Parce que, je reviens souvent à ça dans beaucoup de discussions avec des personnes militantes, de dire : « mais comment est-ce que tu peux être aussi sûr.e, aussi certain/certaine de ce que tu racontes alors que t'as aucune idée de, ce que ce 15 centimètres de trottoir a fait à ma vie en fait ? Parce ce que tu vois ? Et t'es là genre en mode : Hmm, that's a lot of audacity

Hermine : (Petit rire) c'est clair, c'est clair. Non, mais ouais totalement. Alors, d'habitude dans..., ce podcast je pose des questions (rires). Mais là, j'ai envie de dire, on va foncer dans le tas, on va plutôt parler de sujets... assez concrets. Je dis souvent que je fais pas ce podcast pour les personnes valides et c'est vrai, mais là pour le coup j'espère vraiment que y'a beaucoup de personnes valides qui vont écouter ça, parce que c'est important. De juste, ouais, parler de cas concrets, de comment en fait, les trucs dits écolos, fin tout ce qui est dans le, dans le milieu écolo en général, n'est pas accessible ! Pour les personnes handies. Et donc, je vais commencer moi, par un truc qui m'énerve profondément et qui me concerne pas mal. Parce que, bah du coup, avant le covid, je voyageais beaucoup. Avant le covid, j'ai habité un an en Autriche et c'était top, et en fait, j'ai très envie d'y retourner, sauf que : l'Autriche c'est loin (rire) et que, j'ai absolument aucune envie de prendre l'avion, parce que prendre l'avion quand tu te déplaces en fauteuil électrique, c'est une galère sans nom. Donc en soit, j'aimerais beaucoup arrêter complètement de prendre l'avion et prendre que des trains, y'a pas de soucis. Sauf que, les trains ne sont pas accessibles et surtout, là ces derniers temps, euh, la France notamment, et les pays européens en général, se félicitent d'avoir relancer... les trains de nuit, parce que les trains de nuit c'est plus écologique tout ça. Sauf que, moi, quand j'ai voulu prendre un train pour aller en Autriche, du coup un train de nuit qui faisait Paris-Vienne, je crois. Et ben, c'était un vieux train qu'ils avaient pas, euh, mis aux normes PMR et du coup le train n'était pas accessible et quand j'ai appelé la compagnie, on m'a juste dit que..., je pouvais monter dans le train avec mon fauteuil, si mon fauteuil c'était un fauteuil manuel pliable et si je pouvais marcher et donc, je peux marcher mais mon fauteuil électrique, ce n'est pas un fauteuil manuel et c'est un fauteuil six roues qui pèse presque 200 kilos et donc qui ne rentrerait pas dans le train. Et typiquement, c'est des trucs comme ça, en mode c'est accessible mais juste pour certains types de personnes. Et donc en fait, c'est pas accessible, fin... Les trains, c'est super, mais vraiment, y'aurait un épisode entier à faire sur le manque d'accessili, d'accessibilité des trains. Surtout en France, fin là je parle pour ce que je connais, accès plus, n'est-ce pas ? Toutes les galères de accès plus, fin je pense que, ouais, j'aurais des tas de témoignages à faire là-dessus... Et, aussi, puisqu'on parle des transports, je pense que c'est très important de parler de l'histoire d'une personne... qui s'appelle, qui s'appelait, qui est malheureusement décédée qui s'appelait : Engracia Figueroa, qui était une femme noire, américaine handicapée, militante pour les droits des personnes handicapées et militante antiraciste. Qui a fait un voyage en avion, c'était un voyage... Pour son travail, fin c'était quelque chose de, d'important quoi, et en rentrant, en rentrant chez elle à San Francisco, quand elle a atterri, son fauteuil roulant était détruit complètement. Sauf que c'était un fauteuil, un fauteuil qui coûtait genre, 30000 dollars, et c'était un fauteuil qui était fait sur mesure pour elle, fin qui était vraiment adapté à ses besoins. Et donc elle peut pas se servir de son fauteuil et la compagnie la met dans un vieux fauteuil manuel tout pourri, et du coup, bah, elle a des blessures... Suite à ça. Et, en fait, ben, elle est décédée en gros de ses blessures et de ce mauvais traitement. Et voilà fin... Juste, oui les avions c'est pas écolo et en plus ça tue des personnes handicapées, j'ai envie de dire, donc : faites quelque chose ! Parce que les fauteuils roulants, ok, c'est pas juste des, des jouets, en fait. C'est des expansions de notre corps et on en a besoin, et ça coûte tellement cher, et on met tellement longtemps à en avoir des nouveaux et il faut faire des dossiers et tout ça et fin... Et là, même la compagnie en fait, a pas reconnu des responsabilités quoi, ils sont restés dans le déni le plus total et.... Genre c'est, c'est scandaleux et voilà, juste c'était vraiment mon gros gros coup de gueule parce que (souffle d'exaspération), c'est plus possible, vraiment!

Giu : J'étais vraiment heureux, quand, quand tu m'as invité.e du fait que tu voulais parler de cette histoire parce que, en fait cette histoire de vie, elle dit tellement sur comment est-ce que les gens pensent que les corps handis sont. Comme si c'était juste... Fin quand tu parles de l'extension de nos corps, c'est tellement, tellement, tellement important ! Parce qu'en fait, personne devrait payer pour avoir un corps, personne devrait payer pour être mobile. C'est pas une expérience en fait, quand on n'est pas handi qu'on comprenne. Pourquoi est-ce que, ce que les gens appellent un objet, devient en fait, tout d'un coup, une extension, en fait. Ça c'est des choses que les gens comprennent pas de dire, c'est pas juste : “ ah votre fauteuil est en fait est totalement détruit", c'est en fait, on va plus jamais rien y faire. C'est comme si on te tirait dessus en fait ! T'es là genre mais : pardon ? Je suis censée rester vivre dans cette aéroport en fait... J'ai un chez-moi en fait, je suis censée aller, quelque part. Et cette histoire elle, elle dit le validisme, elle dit le racisme, l'eugénisme, le, et le capitalisme en fait, parce que jusqu'où est-ce qu'il va en fait. Est-ce que la question c'est vraiment à quel point est-ce que les avions polluent ou à quel point est-ce que les compagnies aériennes veulent se faire des thunes sur nos vies ? Je pense que les gens des fois veulent dépolitiser la question de la mort à la, à une question de, de deuil en fait. C'est hyper politique, de voir, constamment, des gens à qui on peut s'identifier mourir. De se dire en fait, est-ce qu'un jour je prendrai un avion, parce qu'en fait je sais pas si, si j'en descends, j'aurai en fait, mon corps entier ? Quand on pose la question comme ça, les gens sont, se diraient : " ah mais comment est-ce que....? "Ah, bah voilà, en fait. Voilà ce qui se passe ! Genre on se dit pas que en sortant d'un avion, on va pas être en un morceau en fait, quand on est valide, sauf que c'est ça ce qui se passe en fait (émotion dans la voix) ! Quand on parle d'extension de nos corps, c'est est-ce que je peux sortir de cette avion en un morceau en fait ? Et, le fait que, se transporter, être mobile, soit une mise en danger, c'est pas normal en fait (rire ironique) ! C'est tellement pas normal ... Dans ce genre d'expériences concrètes, je me retrouve dans un, dans un lieu militant..., après avoir pris le train..., j'adore prendre les trains d'ailleurs, voilà, j'adore prendre les trains et tout, mais c'est, c'est, c'est la galère en Belgique, pour que ce soit accessible, c'est la galère pour essayer de s'organiser avec des potes pour se dire : « ah mais en fait, ça te dit qu'on aille d'un endroit à un autre sans prendre de taxi en fait ?». Bref, plein de choses. Donc, je me retrouve dans ce milieu militant, on est en pleine crise du covid et, il s'avère que dans ce lieu militant, pour X,Y raisons, la propreté c'était, c'était un lieu de bataille. Et, au début, je me suis dit : « ça va, en fait, j'suis noire, tu vois ? On nous a juste éduqué à être maniaque d'une manière très abusive et ça va, en fait.» Sauf que moi c'est pas maniaque en fait, moi je suis là, genre, en fait : ”à chaque fois que je viens ici les gars, j'me tape des putains d'allergies, j'arrive à peine à respirer quand je me réveille le matin, je dois me shooter aux, comment ça s'appelle ? Aux antihistaminiques, c'est même pas des antihistaminiques à ce stade-là, en vrai (rire). Mais, mais voilà quoi. Mais du coup pour les gens c'était vraiment un..., un bail de se dire : est-ce que éradiquer la poussière, c'est politique, en fait ? Et pour eux ça l'était pas (rires). Pour eux, ça l'était clairement pas, quoi genre... C'est quasiment, c'était quasiment devenu un running gag en fait, avec une amie de, à chaque fois qu'on entrait dans ce lieu, qui était le lieu souvent là où on se retrouvait parce qu'on habite pas du coup dans les mêmes pays, que ce soit moi où elle, bah, on se retrouvait toujours avec un balai en main parce qu'on avait besoin que le lieu soit propre, en fait. On était évidemment les deux personnes racisées du lieu.

Hermine : C'est ce que j'allais dire, ouais, en plus ! (Rire)

Giu : Du coup, ça crée des discussions assez tendues là, on est là genre: beeeh, c'est quoi les bails en fait ? Genre, est ce que c'est ok pour vous en fait que je doive genre tous les jours me réveiller à 14 h, parce qu'en fait j'ai passé quatre heures à juste redescendre de ma crise respiratoire du matin ? Et ouais, en fait ! En fait pour, pour ces gens c'était ok. Euh... Même bail, en pleine période de covid évidemment, lieu hyper reclus c'est la campagne, les gens sont trop content parce que du coup, ils se sentent loin du covid, comme si le covid avait une géographie définie. Parce que, des fois les personnes valides vont vraiment nous faire croire qu'elles ont une cartographie du covid, comme si c'était leur pote et qu'elle pouvait l'appeler, genre en mode : « Are you here ?» It doesn't work like that baby. Et du coup, à un moment, y'a vraiment eu une tension parce que du coup, on s'est retrouvé avec plusieurs personnes handies sur le lieu à, à un moment, et on était juste là en fait, on va arrêter ce running gag là, de tout le monde qui rigole de : " ahah, on est immunisé.es du covid ici parce qu'on est, on est nulle part en fait". C'est pas non plus la diagonale du vide, faut se calmer tu vois ? Mais ouais, en fait. Pourquoi est-ce que, pourquoi est-ce que la mort des gens est devenue un running gag en fait ? Et je veux dire ça... Jusqu'à aujourd'hui, je pense que ça polarise dans ce lieu. Je pense que ça polarise de dire : "en fait, j'ai envie que tu porte un masque quoi." Et on parle de militants écolos, H24 de leur vie, c'est que ça. C'est militer, militer, militer, militer. Mais en fait leur dire : en fait, votre événement, y craint, parce que vous voulez organiser des centaines de personnes qui se rejoignent pour une soi disant action, qui en fait, juste écarte totalement en fait, plein d'autres personnes de la possibilité même d'utiliser la, la rage qu'elles ont comme action en fait. Et ça veut dire quoi en fait alors de militer avec vous, ça veut dire de vous regarder et de prendre des photos en fait. Fin, genre, on n'est pas votre service com, tu vois ? Donc, les, les milieux militants, c'est assez... J'ai organisé même des, des comment on appelle ça? Des camps climat, avant le covid, pendant le covid et du coup en Belgique, et on a pu, fait mettre en place des choses qui font qu'en fait les gens soient safe, que les gens restent safe et que... Et qu'en fait, si les gens ont pas envie de le respecter, d'une certaine manière c'est ok, en fait, si t'as envie de voir des gens mourir, mais va le faire ailleurs, en fait. Tu as pas à rester devant moi comme si, en fait, ma vie n'avait pas de sens ou n'avait, ne comptait pas. Et je crois que c'est important aussi de, de se rappeler en tant que personne handie de, parce que moi, en tout cas moi je dois beaucoup me combattre ça, de me dire : c'est ok de pas suivre le running gag collectif qu'est le covid, c'est ok de dire aux gens : « en fait, euh, ma béquille dans ta gueule que le covid c'est une blague !» Et je dis ça je parle de 2019-2020, mais même jusque aujourd'hui, j'ai encore des discussions là où je dois quand même plisser des yeux pour que la personne commence à changer d'avis quoi, pour que les neurones commencent à : aaaaah, tttttt..., refaire les connexions un peu, de ok, en fait, on est censé être en vie demain et après-demain et dans 20 ans. Et ça va demander un peu plus d'empathie de ta part que de, que d'en faire une blague en fait.

Hermine : Mais complètement. Mais c'est encore pire, je trouve maintenant, depuis que, on n'est plus en 2020 justement, et que vraiment, j'ai l'impression que y'a une, une amnésie collective, de genre (rire)… Le, le covid n'existe plus, alors..., spoiler alerte : si, en fait. En fait, c'est, fin c'est marrant... C'est pas marrant mais en fait c'est pas un hasard, si j'ai eu l'idée de se podcast pendant le premier confinement et que j'étais archi vénère à cause de tout cet eugénisme. Et que, en fait, toutes les saisons, on en parle du COVID, en fait. Là c'est quand même la troisième saison du podcast, j'ai bientôt 15 épisodes, et à chaque fois c'est un truc, oui, qui revient. C'est genre : « Ouais, les milieux militants, ils s'en bat les steaks des personnes handies et ils mettent pas de masques et les Prides où personnes porte de masques et machin ...». Et ça fait 3 ans qu'on répète les mêmes trucs, putain (rires dans la voix) ! Et c'est faaaatiguant ! Et d'ailleurs, pour rappel, que le covid c'est totalement en lien avec la crise climatique, n'est- ce pas ?

Giu : Je pense que les gens oublient aussi, à quel point est-ce que les pandémies sont des choses qui ont déjà été documentées aussi, comme des résultats en fait, de la crise climatique. Mais je veux dire, parfois les gens oublient que le climat c'est un, c'est un ensemble de, de processus genre scientifiques. Et qu'en fait le climat va changer, parce qu'il doit s'adapter et que les pandémies vont arriver et que les pandémies ont été prédites. Et que, en fait, le covid c'est pas juste : « oh mon dieu, on aura vécu ça dans notre vie !», c'est, c'est que le début, si c'est pas le milieu, je sais pas en fait (rire dans la voix), je sais pas là où ça a commencé vraiment, mais... Je crois que y'a vraiment cette déconnexion qui se crée, et au-delà d'amnésie, je dirai même que, c'est comme si les gens avaient décider de dissocier..., l'épisode covid même de leurs..., de leurs souvenirs. Parce que parfois les gens parlent de, me parlent de choses, hors contexte, 2020,2021, etc. Et je suis là : « Mais comment est-ce que tout ça t'est arrivée pendant le covid ?». Parce que des fois, je me dis, fin, je reprends ma propre expérience, là où je me dis même encore aujourd'hui, euh, hier je suis sortie pour la première fois depuis 5 jours parce que j'étais totalement en douleurs depuis, depuis une semaine et j'étais là : « C'est pas possible...» et caetera, et que même parfois ce que, même les personnes handies qui se retrouvent à dire, à faire et militer pour dire : « en fait, nos vies comptent et on doit faire des choses par rapport au covid », se retrouvent aussi à être dans pleins de situations de juste, mises en dangers pour survivre socialement aussi j'ai l'impression. Et ouais, en fait, fin, je sais pas pourquoi les gens font comme si le covid tout d'un coup, c'était... C'était un épisode où... Oh waouh, on est là Gen Z, on aura connu une pandémie ! Fin, on peut en connaître cinq, hein, choupi, je veux dire... Je sais pas si les gens connaissent la géographie, mais : y'a quelque chose en dehors du bout du ton nez, quoi ! Y'a des choses qui se passent d'autres que le covid là (rire dans la voix) ! Je veux dire c'est comme si, pour certaines personnes la, le covid, c'était la première pandémie qui avait existé ! Euh, je veux dire le HIV AIDES, HIV Sida, c'est une pandémie qui est toujours en cours. Même la grippe si c'est pas une pandémie chronique ! Pour les gens qui savent pas ce que c'est en fait, les maladies (rire). Et je me dis mais, genre la déconnexion totale et genre cette dissociation forcée là dans laquelle on essaye de nous mettre comme si le covid n'avait pas existé, mais, mais je sais pas, je pense quasiment être sur d'avoir passé six semaines à agoniser l'année dernière dans mon lit quoi ! Je suis quasiment sûre que ça s'est passé et on va pas faire comme si ça c'était pas passé quoi.

Hermine : Nan, mais c'est clair, c'est clair ! Vaste sujet que cette pandémie, n'est-ce pas ? Y'a un autre sujet important dont je voulais parler, qui est assez connu pour les personnes handicapées qui s'intéressent à la crise climatique : c'est les fameuses pailles en plastique ! Et l'interdiction des pailles en plastique (rire) ! Et, à quel point ça aussi c'est fucking eugéniste et totalement à côté de la plaque. Donc, pour rappel, je sais pas si en France, c'est interdit les pailles en plastique, mais en tout cas, aux États-Unis, je sais que si tu vas dans des cafés ou des restaurants ou quoi, t'as plus de pailles en plastique. Et c'est pour ça que y'a beaucoup de militants..., aux États-Unis qui en parlent, parce que en fait, y'a des personnes handicapées qui ont besoin absolument de pailles en plastique pour se nourrir et pour boire. En fait, c'est pas juste un truc pour siroter un cocktail en fait, c'est vraiment important. Et non... Les personnes handicapées ne peuvent pas se servir de pailles en bambou ou de pailles en je sais pas quoi là, parce que c'est trop dur, en fait. Et c'est pas assez flexible, et bref, ça ne marche pas. Donc, en fait, arrêtez de vous focaliser que sur les pailles en plastique parce que les pailles en plastique c'est pas le fucking problème (rire). Voilà, si tu veux rajouter un truc (rire)

Giu : Nan mais j’allais, j’allais dire… Je crois que c’était Toni Morrison qui disait que le propre de l’oppression c’est la distraction en fait. Le fait que les gens veulent interdire des pailles en plastique, plutôt qu’interdire le capitalisme ça en dit plus sur leurs capacités d’empathie en fait. C’est quoi ton problème en fait si… si t’avais pas compris que certaines personnes, encore une fois, en ont BESOIN, et que tout d’un coup tu t’es dit « Ah ! Peut-être que pour sauver en fait, la tortue en fait j’aurais besoin d’arrêter des pailles en plastique », en fait c’est pas… c’est parce que c’est pas les pailles en plastique le problème, le problème il est bien plus grand que ça. C’est pas le petit mouvement de la journée, les choix individuels qui vont sauver le climat en fait, ce sont des choses structurelles, politiques qui font que en fait, quelque part les pailles en plastique sont devenues un problème. Parce qu’en fait ce qui ce passe c’est que, toutes ces ordures et d’ailleurs par… en France il y a un… il y a un super livre sur, sur les déchets qui se retrouvent dans les… territoires d’outre-mer. Comment est-ce qu’en fait des déchets brûlent H vingt-quatre sur des îles qui n’ont rien demandé, sur des territoires colonisés en fait, ça c’est le vrai problème. Donc la question c’est : pourquoi est-ce que t’as absolument envie de siroter ton cocktail avec une paille en plastique mais t’as pas envie que des personnes qui en ont besoin en fassent usage en fait. (En haussant la voix) Et pourquoi est-ce qu’on devrait utiliser ces pailles qui se décomposent dans notre bouche et qui vont juste pas aider à faire en fait, ce qu’on a besoin de faire ? Et le truc c’est que… et, et j’adore apporter ça parce que je crois que je suis quand même un peu un nerd c’est que, scientifiquement en fait, il y a moyen de faire autre chose que du plastique, il y a moyen de créer des manières… Mais si on met pas la recherche en fait, et c’est pour ça que je parle des premièrement concerné·es parce que… quand on est premièrement concerné·e ça veut dire que si on prend la pensée handie, on prend la circonstance en fait, l’existence handie comme point de départ, on comprend en fait tout ce que la science ne cherche pas à créer en fait pour nous maintenir en vie, aussi. Et c’est la même chose avec la questions de… des big pharma et de pourquoi est-ce que il y a des écologistes qui sont hyper fondamentalistes en mode « plus de médicaments ! » etc. alors que pleins de personnes trans sont sur le maché noir des hormones ou… shout out to you d’ailleurs ! Pleins de personnes ont besoin de médicaments pour survivre, mais ton problème en fait c’est que des personnes aient créé des brevets, des droits sur les vies des gens ? C’est… ça c’est pas un problème par contre. Le fait que les gens monétisent les médicaments qui permettent de garder des gens en vie, ça ce serait pas en problème. Mais par contre, « oh là là, tous ces trans et toutes ces personnes handies qui veulent utiliser des médicaments pour rester en vie, c’est vraiment un problème ». J’ai déjà entendu ça dans des milieux écolos quoi. Des gens qui pensaient avoir vraiment aligné une pensée réfléchie. T’es là genre en mode, je pense que tu peux choisir un autre endroit pour raconter ta merde ! Genre… (rire) des fois je me demande, est-ce que les gens réfléchissent à ce qu’ils disent ? C’est… c’est tellement de la mauvaise foi en fait, c’est de la mauvaise foi de se dire que ce schéma de pensée va régler le problème au point là où il se pose en fait, à la source. Et encore une fois c’est de l’extension de notre corps en fait, c’est l’extension de notre corps. C’est totalement valide de dire en fait… en fait ouais, j’aurais besoin de cette paille en plastique. Dans ces meilleures phases de mon amie la dépression, une paille en plastique is everything that I need. Si quelqu’un a déjà connu ce que ça veut dire de rester fondamentalement dans son lit pendant plusieurs semaines, en fait peut-être que tu comprendras un jour en fait, qu’est-ce que ça veut dire. Peut-être que les personnes valides devraient en faire une expérience en fait je ne sais pas. Est-ce qu’elles devraient se dire en fait « rends-toi immobile, mets-toi dans la capacité que t’arrives à juger en fait », et on verra ce que tu pourras dire après en fait. Et même après je pense que ça va pas encore être intéressant. Je pense qu’ils…

Hermine : Mais d’ailleurs ce que tu me fais, ce que tu me dis ça me fait penser que, dans la première saison du podcast on a fait un épisode sur le véganisme, et sur pourquoi tout le monde ne peut pas être végan, et le validisme dans les milieux véganes, tout ça. Du coup si c’est pas déjà fait allez écouter l’épisode avec Stéphanie parce que… elle parle très bien de tout ça, et de, ouais… « Mais oui, les médicaments ils sont testés sur des animaux, alors… » et alors en fait ? À un moment donné c’est une question de plus que ça, et pas juste fin… bref. Si tu veux en parler d’ailleurs parce que l’important aussi je trouve c’est de rappeler que le véganisme c’est pas un truc de blanc (rire bref).

Giu : Je pense que c’est super important parce qu’en fait c’est… c’est… ça pose pleins de questions en tout cas, moi, sous l’angle de la race, je pense que ça pose la question de : en quoi est-ce que t’as envie de croire en fait ? Parce qu’il faut pas se leurrer sur le fait que être omnivore, être végétarien, être végan c’est une idée. Si on revient à la base de la base de la base, c’est une idée, je peux ou pas y adhérer en fait. Et après si tu ramènes le politique dedans de dire « En fait l’exploitation animale etc. », I’m all for it, I’m all about it. C’est vraiment genre, je suis à cent pour cent avec toi. Dis-moi où est la solution qui me maintient en vie sans ça. C’est pour ça que je pense que l’audace elle vient de là en fait. L’audace elle vient de dire « L’Europe ne m’a pas donné des solutions, la médecine occidentale ne m’a pas donné des solutions, les lois sociales ne m’ont pas donné des solutions, l’imaginaire en fait, capitaliste dans lequel je vis ne me donne pas d’autres solutions ». Et c’est ça ce que les gens comprennent pas dans le fait d’être premièrement concerné·e c’est être au bord du ravin au fait, constamment. Et donc du coup la question du véganisme etc. j’en ai entendu des perles. Moi et mon anémie sévère on est sur un omnivore de grande qualité, voilà, je fais avec ce que je peux, je fais avec ce que j’ai, je fais surtout aussi avec mes moyens parce que la pauvreté c’est aussi un autre bail. Mais poser la question politique et la question des actes, des capacités, de qui est-ce qu’on est, de pourquoi est-ce qu’on fait ce qu’on fait, c’est comme si les personnes en fait, valides nous disaient « Ah mais, moi je fais ce que je dis en fait », c’est les personnes les moins consistantes qu’on a jamais vu de notre vie (rire). On n’a jamais vu des personnes qui, qui disent une chose et qui font l’inverse, des gens qui sont toujours dans des déréalisations totales, tu te dis « mais en fait c’est même pas moi qui ai un problème, si c’est juste eux », parce que si je voulais être végan, concrètement, ça voudrait dire que je devrais avoir combattu mes troubles alimentaires (rire bref), que je devrais stopper l’errance de mon anémie, un moment je disais « sévère », « chronique » etc. mais en fait elle est juste là, elle est juste là tout le temps et ça craint en fait d’être constamment fatigué, d’avoir les yeux qui piquent à dix-sept heures, et donc je fais avec les moyens du bord en fait. Donc, si je peux faire concrètement quelque chose, politiquement faire quelque chose qui arrête en fait l’exploitation animale, je vais le faire. Et je ferai en même temps, en toute cohérence, ce qui me maintiendra en vie. Et si les personnes véganes etc. arrivent pas à comprendre ça, elles peuvent se battre avec ma mère en fait, fight with your mama, franchement, allez, vient on se bat ! Non mais, vraiment parce que, et je parle aussi de… d’un endroit là où j’ai dû moi-même combattre en fait l’idée-même que à un moment, je me trompais. Dans le sens là où j’ai une mère diabétique, et à un moment j’ai dû tellement me battre, enfin je me battais limite avec ma mère en mode « mais il faut que tu manges mieux, il faut que tu ça et nanana », c’est comme si moi je reprenais en fait toutes les… les mauvais comportements alimentaires que ma maman m’avait donné et que j’essayais de lui rejeter tout ça dessus. Et en fait le bail c’est que tu sais quoi ? T’es en Belgique, t’as ta sécurité sociale, t’as ton insuline, eat what the fuck you want, mange ce qui va te permettre de te rendre heureuse, ce qui va te permettre de rester là, parce que toutes ces micro-agressions comme ça que je lui envoyais c’est pas ce qui l’a maintenue en vie au fait, c’est pas ce qui fait qu’aujourd’hui elle est toujours là en fait. Et elle a clairement failli y passer plus d’une fois donc, franchement je touche du bois quoi. Et c’est pour ça que je suis là genre en mode, je ne sais pas qu’est-ce que des fois les personnes valides pensent qu’elles ont vécu pour penser avoir ont raison. Et je reviens souvent sur le fait d’avoir raison c’est parce que, je pense que le fait que les personnes valides jouent la certitude, performent la certitude c’est un lieu de bataille mais tellement important, parce que elles font comme si elles avaient l’expérience de vie majoritaire, alors que c’est souvent une expérience bourgeoise, blanche, valide, genre défaite de toute, de tout… je sais pas, en fait je connais pas leur vécu. Donc je vais pas non plus trop en parler. Mais être premièrement concerné·e c’est vraiment ça en fait c’est de dire, être au bord du précipice tous les jours nous amène à faire avec les moyens du bord, et les moyens du bord sont, viennent souvent des moyens qui sont les pires, peut-être des fois en fait c’est… des fois je me dis « mais ouais en fait c’est naze ! », franchement c’est naze d’être omni parce que des fois je suis là genre en mode « j’aimerais bien ne pas devoir manger des trucs qui viennent de tels trucs, de tels trucs ou de tels trucs », mais par contre les personnes valides quand elles ont le choix de dire « en fait je vais arrêter de manger des bananes qui viennent de, de Guadeloupe et de Martinique » ah elles sont plus là en fait, parce qu’elles doivent faire leur smoothie. Ah mais en fait si t’arrêtais de manger en fait tous les produits colonial ? Papapah, personne n’est plus là. Ils sont passé où en fait votre… votre véganisme et toutes vos recettes là en fait parce que tous vos comptes Instagram on a compris en fait, les comptes à recettes c’est super et tout mais, quand c’est pour parler des produits colonial, ah il y a plus personne, quand c’est pour parler des… des empoisonnements aux pesticides, ah mais il y a plus personne. Et le fait que des personnes noires soient rendues handies de manière générationnelle, ça c’est pas un problème pour vous mais vient on va parler de l’entreprise, la multinationale, tu vois la, laquelle tu veux sembler t’attaquer parce qu’en vrai t’as même pas du tout les pouvoirs de la faire, parce que t’as pas l’expérience majoritaire, là il y a quelqu’un pour venir râler en fait. Mais va râler dans les DMs de Total en fait, va râler, va râler chez quelqu’un d’autre, c’est pas chez moi en fait qu’il faut venir râler, c’est clairement pas chez moi. Et l’audace, l’audace vraiment. J’ai été encore à un rassemblement queer récemment là où je voyais… grosses caisses comme ça, « bananes de Guadeloupe » et tout « la meilleure banane », je sais plus c’est quoi leur slogan ? J’étais en mode mais, ou vous voulez me donner des, mais genre des mal de têtes, j’ai envie de brûler votre maison en fait. En tout cas pour toutes les personnes handies qui nous écoutent ne vous faites pas leurrer par la soi-disant cohérence des personnes valides, elles n’en n’ont aucune, l’incohérence c’est ça ce qui fait la vie, le capitalisme c’est pas du tout quelque chose de cohérent, nos actions ne seront pas cohérentes, et c’est ça ce qui fera… ce qui sera d’autant plus subversif en fait, pour détruire ce système-là de penser « hin hin, c’est comme ça qu’on devrait agir », non, en fait.

Hermine : Totalement, c’est toujours pareil quoi. Arrêtez de faire culpabiliser les personnes handies alors que c’est pas nous le problème, c’est pas nous qui polluons le plus (rire). On n’est pas votre cible en fait, c’est pas nous qu’il faut attaquer, genre, voilà.

Giu : C’est ça ce qui est bizarre, comme si on pouvait être des cibles. Là je vais être récemment invitée à un truc, là où ils disaient, le titre c’est « le désespoir c’est trop facile »… Oh, j’étais là genre « mais je vais mais vous en donner moi » (rire). J’étais là genre en mode : c’est pas ça la cible, choupi, c’est pas les personnes handies la cible de tout vos… de tous vos maux, de toutes les solutions que vous pensez avoir pour sauver le monde. Parce que rien que l’idée de pouvoir penser sauver le monde c’est une pensée qui est totalement validiste (rire), parce que les gens sont déjà morts en fait. Je suis là genre, on en a parlé au début, on en parle encore mais c’est… c’est faire comme si le pire n’était pas déjà arrivé, comme s’il y avait encore quelque chose de soutenable à suivre politiquement ce qu’il se passe dans ce monde en fait. Il y a rien de soutenable, et c’est ça qui devrait être le fioul, l’essence du fait de dire : ah en fait ok, comment est-ce que je peux être solidaire en fait, avec ces personnes qui doivent faire face à toutes les incohérences de ce système, comment est-ce que je fais pour comprendre, soutenir et créer en fait ce, ce truc de dire « Mais en fait ouais en fait ouais on va être incohérents et on va se plaindre », tu vois, le juste-milieu.

Hermine : C’est clair et puis enfin ouais, je trouve que dans, dans tout ce dont on parle là il y a vachement ce truc de perfection, et c’est clairement en lien avec le capitalisme. Mais genre d’être parfait tout le temps et d’être irréproch… irréprochable et tout. Mais en fait on… on est humains en fait. Genre, on n’est pas parfaits (rire). Bref, pleins, pleins de choses à dire sur tous ces sujets. Je sais pas si on a le temps encore que je parle d’un truc, mais peut-être si toi tu as encore quelque chose à dire.

Giu : J’ai déjà beaucoup dit j’ai l’impression…

Hermine : C’est vrai (rire), et merci franchement c’est hyper important et intéressant et tellement essentiel de rappeler tout ça parce que clairement il y a de gens qui ont la mémoire courte ! Moi je voulais parler d’un truc qui pourrait paraitre anecdotique, enfin peut-être pas aussi important, mais je voulais parler des culottes menstruelles. Et moi-même j’ai beaucoup évolué sur la question parce que au départ quand j’ai acheté mes premières culottes j’étais là « waah mais c’est trop bien ! Ça va me changer la vie ! », et vraiment j’étais hyper fan du principe, et puis en fait je me suis rendu·e compte que, c’est galère en fait. C’est galère à… à entretenir en fait, c’est galère à rincer, c’est galère à laver, c’est galère à essorer, c’est galère sur pleins de trucs, et pareil moi quand j’ai mes règles je suis en mode « anémie ++ de la mort » là. Et clairement j’ai pas l’énergie (rire), de, d’aller laver mes culottes et tout là… non, et puis je vais non plus faire des machines, parce que voilà j’ai des règles hémorragiques donc les culottes elles vont… elles tiennent pas très longtemps non plus tu vois ? Donc, clairement il y a encore des choses à faire. Je dis pas que les culottes menstruelles c’est absolument horrible et qu’il faut absolument les interdire ou je sais pas quoi, je dis juste quand vous faites des prototypes et quand vous travaillez sur des modèles de culottes menstruelles, incluez des personnes handicapées dans vos team ! Parce que (rire), clairement, c’est pas encore trop ça niveau accessibilité pour les… pour les culottes menstruelles et je rappelle que les culottes… les menstruations en général ça concerne quand même beaucoup, beaucoup, beaucoup de personnes et pas juste des femmes, n’est-ce pas ? Et que ça reste un… une manière de polluer si on utilise toujours des serviettes, des tampons, sans parler des chocs toxiques et compagnie. Enfin bref, je suis totalement pour les culottes menstruelles et tout ce qui peut éviter d’acheter toutes ces merdes de plastique et tout, mais… ouais voilà, essayez de rendre ça plus accessible parce que vraiment, c’est… et en plus, le fait que, quand même ça coute cher, moi la… pour la marque que j’utilise et le flux que j’ai parce qu’en fonction du flux que t’as c’est plus ou moins cher évidemment, et une culotte c’est quand même trente-neuf euros…

Giu : What ?

Hermine : Eeeeh ouais, ouais, ouais, ouais (rire), et donc tout le monde n’a pas les moyens n’est-ce pas ? Voilà, enfin, toujours on en revient à la précarité, tout ça mais vraiment.

Giu : Moi j’ai dû arrêter, arrêter les règles il y a… bien longtemps, parce que c’était plus possible niveau anémie (rire). Mais je comprends de ouf, je comprends de ouf. Enfin je sais pas pourquoi j’ai eu un déclic quand t’as dit « culottes menstruelles », j’étais en mode « aaaaah, d’office, encore une grosse merde » j’étais là genre... moi je pense… j’ai fait beaucoup de… c’est pour ça que je dis I’m a nerd, c’est… il y a tellement de choses auxquelles je pense où je suis là genre en mode « Ah mais tu pourrais facilement l’enlever comme ça, et comme ça » et… mais, ce temps-là d’inclure en fait des personnes qui peuvent vous dire, « en fait pour moi ça a pas fonctionné », et juste cette phrase qui peut, (claquement de doigt), être l’amorce pour en fait, une meilleure discussion, un produit en fait qui… qui répond aux besoins, de toutes les personnes concernées et pas juste de certaines personnes… (Soupir)

Hermine : Ouais, du coup, voilà, c’était encore un truc dont je voulais parler, mais en fait il y a tellement de, de sujets vraiment concrets, enfin… en off, je parlais des… des protocoles d’évacuation qui sont pas du tout pensés pour les personnes handies. C’est-à-dire que s’il y a un incendie ou une inondation, ou un truc comme ça, les ascenseurs sont hors services. Et du coup moi comment je fais en fait pour sortir d’un immeuble en feu si l’ascenseur il est hors service ?

Giu : Le pire que j’ai appris sur ça, c’est que même dans les exercices la personne responsable ne doit pas conseiller aux personnes de prendre soin d’une personne qui ne peut pas descendre une rangée d’escalier quoi. Genre, si la personne peut pas faire ça, genre dans les trainings, dans les exercices, on apprend aux personnes de laisser pour compte une personne qui peut pas descendre un étage, en fait. Genre, le conseil ! (Soupir)

Hermine : En fait il y a, il y a trop trop de sujets, et j’ai envie de vous dire, juste : éduquez-vous, parce que j’ai pas que ça à faire, les personnes handies ont pas que ça à faire, les personnes noires n’ont pas que ça à faire, donc éduquez-vous et… vraiment, j’espère qu’à la fin de cet épisode vous aurez compris que… que les personnes blanches, valides, bourgeoises, vous n’êtes pas les plus à plaindre et vous n’êtes pas les premières concernées, et si, et si vous avez râlé pendant la cla… la canicule l’été dernier, ben je sais pas, allez dans un pays d’Afrique et genre, en fait arrêtez de faire vos fragiles en fait, voilà.

Giu : Mais, moi ça, moi je, moi c’est un truc qui me fume… les personnes qui sont là genre en mode « aah mon dieu, mon éco-anxiété », là les personnes noires qui font leurs éco… tu vois genre… bébé ? Genre, ça fait vingt ans, cinquante, cent that you should be worried, ça fait longtemps que tu devrais être anxieux, t’as manqué quelques étapes, rejoint l’équipe (rire) !

Hermine : Et puis enfin je sais pas, genre, pour moi ce truc d’éco-anxiété, enfin… j’y ai pas mal réfléchi ces derniers temps et pour moi c’est pas de l’anxiété en fait, c’est de l’angoisse absolue, enfin c’est genre, j’y pense tous les jours, enfin c’est un truc, et c’est pas : « ouais de temps en temps ça me traverse l’esprit », c’est genre, non, enfin… donc ouais, clairement, les personnes privilégiées, checkez vos privilèges, s’il vous plait ! Et même moi hein, là je parle en tant que personne blanche, clairement, là, en préparant cet épisode, j’ai appris grave des trucs, et j’ai failli faire une crise d’angoisse ou deux et heureusement que j’avais mon petit chat à côté de moi qui m’a beaucoup aidé… Enfin vraiment, checkez vos privilèges et arrêtez de penser que vous êtes le centre du monde et… Et voilà, je pense que, que on a dit un peu l’essentiel. Du coup, maintenant qu’on a fini un peu de gueuler et de dire les choses, on va quand même finir l’épisode avec la question « recommandations culturelles », qui est normalement un peu plus tranquille (rire). Du coup est-ce que tu aurais des recommandations, enfin, au moins une recommandation culturelle en lien avec un des sujets que… qu’on vient d’aborder ?

Giu: Ben… maintenant qu’on a parlé j’ai envie de la changer…

Hermine: (Rire bref), ben tu peux hein, t’inquiètes.

Giu: Ben du coup dis la tienne, comme ça j’ai le temps de la chercher si j’ai le livre sous la main ou pas.

Hermine: Okay ! Et ben moi du coup je vais dire la mienne, j’en ai même plusieurs, mais je vais d’abord dire la première : c’est un livre qui s’appelle Une écologie sans frontières, qui est un livre de Vanessa Nakate qui est une militante Ougandaise, qui est une militante pour le climat du coup, qui a été inspirée un peu par, même totalement par Greta Thunberg, qui est descendue dans la rue de la ville où elle habite en Ouganda avec un panneau et un message pour parler de la crise climatique quoi. Et elle a commencé comme ça, juste toute seule dans la rue, et en fait elle raconte un peu son parcours dans ce livre-là, et en fait comment c’est galère d’organiser des grèves pour le climat et des manifestations en Ouganda, et comment c’est dangereux quand t’es une femme seule dans la rue, de manifester. Et aussi de tout ce qui se passe en Ouganda et de l’impact que la crise climatique a sur le pays et sur ses habitants. Et c’est en ça que je dis que vraiment les blancs, valides, bourgeois, vous savez pas, vous savez pas en fait (en riant), parce que vraiment... Je pense que ce bouquin est nécessaire, parce que il… il remet vraiment les choses en place. C’est un truc de… vraiment de se décentrer et de se rendre compte de où on est et de où certaines personnes sont, et de à quel point on vit pas sur la même planète en fait. Et donc elle parle, voilà, elle donne aussi la parole à plusieurs militants d’autres pays d’Afrique qui font des actions pour sensibiliser sur la crise… la crise climatique dans leur pays, et c’est hyper intéressant et clairement c’est pas la lecture la plus drôle mais c’est vraiment nécessaire, et elle parle aussi d’ailleurs de son expérience en tant que femme noire dans le milieu militant écolo, et notamment des milieux militants un peu huppés où… En fait elle s’est fait connaitre notamment pendant un évènement où elle a participé en Suisse, et elle a été prise en photo avec quatre autres militantes je crois, dont Greta Thunberg d’ailleurs. Et les quatre autres militantes étaient toutes blanches, et c’était la seule femme noire sur la photo, et le lendemain elle voit un article, et sauf que la photo, elle avait été coupée, et c’était elle qui avait été coupée de la photo, et en fait elle a pas laissé passer le truc, elle a… elle a gueulé sur Twitter et tout, et c’est un peu comme ça que elle s’est fait connaitre au final, mais enfin voilà elle parle vachement de cette place-là de femme noire dans les milieux comme ça, et c’est hyper intéressant et donc je recommande grandement ce bouquin, notamment aux personnes blanches parce que vraiment, il est très très complet, il parle de pleins de sujets, et donc il s’appelle Une écologie sans frontières, de Vanessa Nakate. Et voilà, c’était ma première reco. Et aussi, au passage, j’aimerais rappeler que Greta Thunberg elle est autiste, okay ?

Giu : Il y avait des gens qui avaient oublié ou qui avaient pas remarqué ?

Hermine : Soit ils oublient, soit ils le prennent comme truc pour se foutre de sa gueule et pour décrédibiliser son… son discours. Donc non, arrêtez vos conneries validistes s’il vous plait, Greta Thunberg elle est autiste okay ? Okay elle est jeune et c’est une femme et elle est… et elle est autiste, et du coup ça explique pourquoi elle s’en prend plein la gueule depuis qu’elle a commencé, mais… voilà, n’oubliez pas ça s’il vous plait. Et on dit plus « Asperger », on dit « spectre autistique » ou « autisme », mais on parle pas de Asperger parce que Asperger c’était le nom d’un vieux nazi eugéniste tout pourri, donc voilà, on ne dit plus Asper… Asperger, merci bien !

Giu : Moi j’ai, j’ai retrouvé mes… mes recommandations, en vrai j’en ai plusieurs, ça va mais je vais les dire assez rapidement en vrai hein. En gros c’est, c’est… je crois que c’est important d’avoir des romans, qui parlent pas nécessairement de climat mais qui parlent de… comment est-ce qu’on peut réellement checker ses privilèges, même si des fois cette expression je ne la comprends plus. Mais vraiment de juste se dire «comment est-ce que je peux penser différemment en fait ? » Genre concrètement, et des romans des fois ça aide. Donc, une recommandation si vous avez envie de juste savoir comment vous mettre dans une autre manière de penser et que je recommande toujours et qui n’est pas du tout liée, enfin qui est liée mais qui est pas nécessairement sur le thème, c’est Toni Morrison et ça s’appelle Beloved et c’est basé sur une histoire vraie, c’est important de le dire, parce que si je vous spoile le reste vous êtes là en mode « ohh my gosh c’est horrible ». Oui, très difficile à lire, disponible en français, et partout parce qu’elle a évidemment gagné le prix Nobel de littérature en 1993, elle est décédée il y a récemment, rest in power. Une autre recommandation c’est écologie politique depuis les outre-mer pour une recommandation franco-française, en tout cas, qui parle du colonialisme et de… depuis la France en tout cas, et qui parle du coup de voix et de chercheur·euses des territoires d’outre-mer, et du coup en fait c’est un ensemble de… d’articles, donc c’est cool parce que c’est pas, un truc là où de A à Z on est obligé·e de lire, pour les personnes qui aiment bien lire petit à petit. Et du coup ça parle de Guyane, ça parle des Caraïbes de manière générale, ça parle de la Réunion, de la Nouvelle-Calédonie. Et ça parle de nucléaire, ça parle de déchets, ça parle de… de pleins de choses, c’est super. Et du coup ça, ça a été édité par Écologie et politique et pour les personnes qui l’ont écrit… Malcolm Ferdinand et Mélissa Manglou. Voilà, et pour un truc un peu plus de vécu et du concret. Tout récemment là, d’une copaine, Myriam Bahaffou, Des paillettes sur le compost, écoféminismes (au pluriel) au quotidien, voilà. C’est un livre que je viens de lire et… et ça me touche beaucoup de redécouvrir une amie dans la lecture et de comment est-ce qu’elle arrive, moi j’y arrive pas, parfois en tout cas, des fois j’ai du mal à être vulnérable. Mais elle arrive à parler du quotidien, à parler des choses… Quand je vous dis du quotidien, je vous parle de… plus quotidien que ça il y a pas ! Et même moi qui adore lire, je peux lire des livres rapidement, j’ai dû m’arrêter à chaque chapitre juste pour encaisser la… c’est pas lourd, mais juste à quel point est-ce que c’est beau, de lire, une histoire qui parle de soi d’une certaine manière, ou de lire l’histoire de quelqu’un qui arrive de parler de son quotidien d’une manière politique, d’une manière qui soit intelligible, digeste, etc., donc voilà, donc ça ce serait… Toni Morrison, Malcolm Fedir… Ferdinand, Mélissa Manglou et Myriam Bahaffou, voilà.

Hermine : Okay, trop bien. Merci pour toutes ces recos. Ah oui ça me fait penser d’ailleurs, quand tu parles d’écoféminisme ça me fait penser que à la base je voulais recommander des bouquins sur l’écoféminisme, et puis je me suis rendue compte que tous les bouquins étaient écrits par des meufs blanches.

Giu : Ouais ben… au moins là c’est… c’est ben… c’est une rebeu de… de la banlieue Lyonnaise (rire) !

Hermine : Okay ! Trop bien, du coup c’est encore mieux, c’est trop bien, trop cool.

Giu : Il vient juste de sortir donc c’est tout frais tout c’est tout.

Hermine : Ah cool en plus ça lui fait la promo un peu, c’est chouette. Ben trop bien, moi j’avais une dernière reco parce que vraiment là je, en ce moment j’écoute cet album en boucle, et il faut que j’en parle dans le podcast parce qu’il est incroyable. Du coup c’est un artiste que j’aime beaucoup qui s’appelle Loyle Carner… Oh ! Et là il y a mon petit chat qui éternue, mais non chaton !

Giu : J’ai entendu…

Hermine : (Rire), du coup c’est un rappeur londonien, Loyle Carner, qui est une personne multi-raciale, qui a une mère blanche et un père racisé, et qui est aussi neuroA, qui a un TDAH, et qui est dyslexique. Et d’ailleurs Loyle Carner c’est une contrepèterie, genre il a pris ses prénoms et il a mélangé des lettres un peu en hommage à sa dyslexie, voilà, je trouve ça trop cool. Et il a… il a des textes qui sont incroyables et du coup il parle de… de toutes ses identités-là dans, dans ses chansons. Et c’est toujours hyper personnel et hyper beau et… et là pour le coup dans son nouvel album du coup qui s’appelle Hugo, je trouve qu’il a encore monté d’un cran et il est incroyable, enfin voilà, c’est dans un style un peu hip-hop soul du coup, avec des samples très années soixante-dix et tout. Et c’est vraiment genre trop bien. Et… voilà, Loyle Carner, parce que je parle pas assez de musique sur ce podcast alors que j’adore la musique et que j’en écoute beaucoup, du coup c’est chouette de parler de personnes marginalisées aussi comme ça. Et voilà ! Je crois que on a tout dit, enfin, qu’on est au moins à la fin de l’épisode. Du coup ben merci beaucoup à toi d’avoir participé c’était vraiment hyper intéressant.

Giu : Ben merci de m’avoir… ben d’avoir répondu à… à la recommandation de Marianne, et c’était… c’était hyper intéressant aussi pour moi de… de me replonger dans ça, ça fait quelques temps que j’ai… que j’ai dû baisser quelques armes pour me reposer, c’était super chouette d’être en conversation avec toi en tout cas, merci beaucoup.

Hermine : Et là, c’est normalement le moment où j’annonce le thème du prochain épisode. Et c’est ce que j’ai fait dans, le premier enregistrement. Sauf que là, je réenregistre, pour vous annoncez que en fait...Je...vais faire une pause. Parce-que je suis fatigué.e. Et que j’ai enregistré.e seulement trois épisodes, et que j’ai l’impression d’en avoir enregistré.e six. Du coup il n’y aura pas d’épisode qui sortira, en décembre. Le prochain épisode qui sortira ce sera...Au mois de mars, du coup. Pour, l’anniversaire du podcast, qui aura deux ans, en mars. Et du coup le thème de cet épisode ce sera...Les personnes, travailleuses du sexe, et handicapées. Et voilà. Merci à toustes. Merci à toutes les personnes qui écoutent le podcast, merci mes invité.es qui sont... Fabuleux et fabuleuses! Euh...Voilà. Je suis vraiment vraiment fatigué.e, et j’ai besoin d’une pause, et voilà. Je n’ai pas à me justifier plus que ça. Merci d’avoir écouter cet épisode, et, on se retrouve, au mois de mars.