Sahara

TW : Biphobie - Queerphobie

Hermine : Bienvenue dans « H comme handicapé.es », le podcast qui donne la parole aux personnes handicapées parce qu'on ne les entends pas assez. Aujourd'hui, je suis avec Sahara, et on est là pour parler de bisexualité parce que, le premier épisode de cette saison sort le 23 septembre et le 23 septembre c'est aussi la journée internationale de la bisexualité ou la journée internationale de la visibilité bi. Et, dans ce podcast, on aime bien la visibilité (rire). Et ce podcast c'est un peu de la visibilité en soi donc... Voilà. On est parti.es pour parler de bisexualité et de handicap et de..., tous ces sujets-là. Du coup... Bonjour Sahara ! Merci d'être là. Est-ce que tu peux te présenter un petit peu ?

Sahara : Alors bonjour ! Alors du coup, moi c'est Sahara Azzeg, j'ai ... 23 ans. Je suis un militant et artiste queer..., enby..., handi aussi, du coup et prolo. Du coup, j'ai commencé à rentrer dans la commu... LGBT, du coup justement, par ma bisexualité donc voilà... Et mon travail, du coup, tourne beaucoup autour des arts militants, autour de cette question aussi de visibilité ... Des personnes marginalisées.

Hermine : Ok ! Super ! Du coup, déjà, la première question avant de vraiment, rentrer dans le vif du sujet, c'était ... Comment tu définis ta bisexualité ? Parce que je sais qu'y'a plusieurs définitiiiiions et on a un peu du mal à se mettre d'accord..., dans la commu, du coup je voulais savoir comment toi, tu, tu définissais ça ?

Sahara : Bah moi j'ai toujours défini ça comme une attirance pour... : son genre et les autres genres... Après oui, effectivement, oui, je sais qu'il y a beaucoup de (petit rire), de définitions différentes mais du coup pour moi c'est quelque chose qui est très englobant.

Hermine : Ouais, clairement ! Je pense que ouais, je pense que en 2022, il est temps de sortir de la définition : bisexualité, c'est être attiré.e par les hommes et les femmes (rires). Je pense qu'il est temps, parce que... Il y a beaucoup de personnes trans et non-binaires qui s'identifient aussi comme bi. Et c'est parce qu'il y a « bi» dans bisexualité que ça en fait forcément une orientation... binaire. Et moi aussi c'est un peu... J'ai un peu la même définition que toi, et voilà, je pense que c'est important de le rappeler : moins de binarité dans la, la bisexualité s'il vous plaît. Voilà. Du coup, comment tu as... pris conscience de ta bisexualité? Quand et comment ça s'est passé : est-ce que c'est quelque chose que t'as toujours su ou c'est venu un peu sur le tas, ou... ?

Sahara : Bah je dirais que c'est... Ça s'est fait en plusieurs... temps. Y'a eu un premier temps, quand j'étais vraiment enfant où, pour moi c'était comme quelque chose d'évident mais en même temps, j'avais ni mot, ni représentation, ni rien pour le dire. Du coup, juste c'était là et puis bah... Puis bah voilà je, je savais pas trop quoi en faire. Pis du coup y'a eu quelques années qui sont passées, et, j'ai vraiment réussi à mettre un mot dessus, vraiment plus construire, et pouvoir du coup, questionner cette identité et caetera, c'était à partir de la quatrième. Donc..., relativement tôt quand même dans tous les cas. Et du coup voilà, c'est a partir de ce moment-là que bah j'ai pu entrer soit dans les milieux queers et caetera...

Hermine : Dès l'adolescence, du coup, t'as commencé à fréquenter ces milieux là ?

Sahara : Ouais, dès l'adolescence, ça été un très..., une très grosse partie de, de mes cercles de sociabilisation de par, cette..., cette bisexualité. Mes ami.es, c'étaient quasi exclusivement des personnes qui l'étaient aussi, ou des personnes LGBT de manière plus générale, et puis bah, c'était, c'était quand même su par les autres au collège et au lycée, ce qui était pas forcément pour le mieux mais... C'était, c'était largement su.

Hermine : C'est chouette que t'ai été entouré assez vite de personnes bi et tout, parce que c'est pas le cas de ... tout le monde (rires).

Sahara : Après j'ai eu une chance de vivre dans une grande ville aussi où, bah c'est toujours plus facile quand... (Petit rire)

Hermine : Ouais, c'est sûr. Et du coup t'as pas trop parlé de ton handicap, mais du coup, est-ce que tu savais aussi déjà que t'étais handicapé à l'époque ou est-ce, est-ce que genre les deux identités se sont un peu superposées ou ?

Sahara : Bah ça fait un peu pareil que pour la.... bisexualité. C'est-à-dire que pendant longtemps, c'était là, c'était visible mais en même temps, j'avais pas de mot ni de représentation, pour en parler et pour..., même juste pour être pris en charge tout simplement. Et du coup ça s'est petit à petit..., fait en, soit en voyant d'autres gens et caetera, en commençant aussi à être mieux pris en charge, rien que en changeant de médecin ou ce genre de choses... Parce que bon, quand t'es avec un médecin qui nie tout en bloc, c'est plus compliqué de se, de se revendiquer, de se penser comme étant handicapé, alors que quand tout de suite tu passes vers un médecin qui en a un peu plus quelque chose à faire de ta santé, ça peut aller vachement, fin ça peut aller quand même ass..., assez vite. Mais du coup, je dirais que ça a quand même pris un petit peu plus de temps, je dirais que ça.... Après bon voilà, je dirais que c'est un peu près au lycée où ça a commencé à..., où j'ai commencé à pouvoir mettre ce mot là dessus, alors que effectivement genre... Fin genre c'était quelque chose qui me traînait depuis que j'étais baaah : enfant quoi ! Fin genre c'était pas ... Parce qu'en soi, oui, j'ai toujours été handicapé.

Hermine : T'as un... syndrome D'Elhers-Danlos, c'est ça ?

Sahara : Euh... Oui j'ai un... Syndrome D'Elhers-Danlos...

Hermine : Entre autres choses (rires).

Sahara : C'est ça, entre autres choses parce que j'ai une..., une petite dizaine de maladies chroniques. Et du coup elles se sont plus ou moins toutes fin..., déclarées à un moment de ma vie... Y'en a qui se gère plus ou moins bien mais... Voilà.

Hermine : Ouais ouais... Ok. Ouais, du coup ça été plutôt d'abord la bisexualité et ensuite le handicap plus.

Sahara : Ouais. Parce que, fin, étonnamment, j'avais plus facilement accès à des lieux où la bisexualité existait qu'à des lieux où le handicap existait. Et au contraire justement... Les personnes que je cotoyais dans la commu LGBT, c'étaient toutes des personnes valides, et des personnes cis aussi, mais... Du coup, forcément (rire), ça restait dans ce cadre-là très valide, très...

Hermine : Ouais. Ouais, ça on va en parler un peu plus tard, n'est-ce pas ? C'est, c'est marrant parce que, moi c'était... Bah, ouais, moi c'est différent : j'ai été diagnostiqué.e quand j'avais quoi, 3 ans. Et bon, quand t'as une paralysie cérébrale et que tu te déplaces en déambulateur puis en fauteuil, et en déambulateur et en fauteuil, fin bref, c'est assez..., visible, et tu peux pas faire autrement. J'ai toujours été, la meuf handicapée ou la personne handicapée quand j'étais au collège ou au lycée et tout. Et pour le coup, moi, quand j'ai capté que j'étais bi, c'était... Difficile (rire) ! Parce que, j'étais là à me dire : « Maiiiis tu vas pas cumuler, t'es déjààà handi.e..., maintenant tu tombes amoureuse d'une fille, genre c'est quoi cette affaire ? Nan, nan... (Rire). C'... C'est pas possible ! » Et du coup, ça a été dur à..., à accepter, ouais, de cumuler un peu les deux. Et maintenant, j'en suis à un point où je cumule tellement, que je suis là, genre : « Barf, on n'est plus à une discrimination près, j'ai envie de dire ! » Mais ouais, ouais, mon moi de 16/17 ans a eu du mal à, à accepter ça, et j'ai mis presque..., presque dix ans à faire mon coming-out bi et du coup... Ouais.

Sahara : Bah c'est marrant parce que moi pour le coup, justement, avant de pouvoir mettre le mot handicap dessus, par contre tu vois, fin, j'étais quand même visiblement malade, tu vois ? Juste les gens ne mettaient forcément ce mot là dessus mais par contre, du coup, en termes de harcèlement scolaire ou ce genre de choses, j'avais un peu le droit à tout et n'importe quoi, parce que, oui, effectivement, j'avais des aides à la mobilité, j'avais les symptômes que peuvent avoir ce, mes différentes maladies, quoi... Genre par exemple les hospitalisations à outrance ou ce genre de choses, tu vois ? Genre j'étais quand même très médicalisé et pour autant, on me..., quasiment on me refusait le fait de me revendiquer comme handicapé, tu vois ?

Hermine : Ouais, parce que t'étais pas... assez... visiblement handicapé peut-être ?

Sahara : Ouais, c'est, bah c'est un peu toujours ce truc de t'es jamais assez handicapé pour les valides quoi !

Hermine : Ouais, ouais. Ouais ouais. Comme d'habitude (rires). C'est sûr. Et du coup, parce que, fin apparemment ça a l'air d'être, ça a eu l'air d'être assez simple pour toi, en tout cas avec tes ami.es et tout..., à l'adolescence mais du coup, avec tes parents, comment ça s'est passé ? Et avec ton entourage en général ?

Sahara : Bah autant avec mes ami.es ça allait parce que du coup, y'avait aussi le truc où, comme je te disais, j'étais très visible en tant que personne bi. C'est-à-dire que tout le monde le savez, et cetera. C'est aussi pour ça que factuellement, j'ai rencontré pas mal de gens qui l'étaient aussi, parce que les gens venaient plus facilement vers moi, vu que je l'étais visiblement. Après... Avec mes parents ça a été une véritable catastrophe. En gros, ce qui s'était passé, c'est que je sortais avec une personne, et notre prof de sport de l'époque, nous avaient menacé de nous outer à nos parents, parce qu'il était ouvertement lgbtophobe, ce à quoi du coup là personne avec qui je sortais, a dit : « bah écoutez, t'as qu'à, vous avez qu'à le faire, mes parents ils s'en foutent » Et... Moi, j'étais pas du tout dans ce truc-là (rire de gêne dans la voix). Moi, j'étais en mode : non, moi ça va pas le faire du tout s'il leur dit(rire de gêne dans la voix). Et du coup bah j'..., j'ai voulu prendre les devants et leur dire mais du coup déjà, c'était dans un cadre où, c'est pas moi volontairement qui a voulu le faire, c'est un moment où on m'a mis un peu sous la contrainte de devoir en faire un, de coming-out, et du coup bah, je me suis retrouvé... A devoir le faire. Et ça s'est très mal passé... En plus, vraiment, comme ..., à l'époque je, je savais pas comment on était censé faire ce genre de choses, je... Je savais pas comment les autres faisaient. Du coup, genre vraiment, j'étais à un... repas de famille, donc y'avait mes parents et... ma grand-mère et son mari. Et vraiment, en fait, je me suis levé au milieu du repas et je leur ai dit ça quoi, je leur ai dit : « Bah en fait je suis bi». C'était genre, complètement terrifiant (rires) ! Et puis c'est d'autant plus terrifiant quand la réaction en face elle est..., elle est vraiment très froide. Genre, on m'a juste regardé hyper mal et on a... Plus personne n'a rien dit pendant tous le repas. Et du coup, ça s'est suivi que du coup, j'ai subi pas mal de violences de la part de ma mère à base de séquestration et de privation de nourriture pendant quelques mois après. Parce que du coup elle le supportais pas du tout et du coup, elle a été... Fin, elle a été et elle est toujours dans un déni un peu des, de mes identités que ce soient les identités trans, bi et même handicapé. Parce que pour elle, c'est impossible qu'un de ses enfants puissent l'être un des trois si ce n'est les trois en même temps quoi. Alors qu'on vient déjà de base, nous on a grandi quand même dans le, fin surtout du côté de notre père, donc dans le militantisme syndicaliste, et cetera, de classe pop... Fin genre, quand j'étais gosse on m'emmenait en manif par exemple tu vois, ce genre de choses.

Hermine : Ok. Ouais donc t'as quand même des parents qui sont un peu..., politisés quoi.

Sahara : Bah mon père, oui, ma mère,..., nan mais... Mais tu vois malgré ça, genre pour elle c'était impossible de penser au-delà de la question de la classe, en fait. Comme c'était la question, pour le coup la première sur laquelle j'ai été confronté quand j'étais enfant, hein, mais ouais, ça se, ça s'arrêtait là et du coup après c'était plus complexe et... Mais du coup, ouais, chez mes parents ça s'est très mal passé, et puis du coup, ça a été tellement nié que du coup pour mes frères et sœurs, comme ils sont tous plus jeunes que moi, comme ça été complètement, complètement nié par... mes parents, mes frères et sœurs en fait, l'ont appris beaucoup beaucoup plus tard, malgré qu'ils, le fait qu'ils étaient là ce jour-là. Parce que eux ils étaient petits, ils se rappellent pas forcément en fait. Fin par exemple, ma sœur qui pourtant était pas...., qui pour le coup est assez proche de moi en âge, comme pour elle, elle avait un vague souvenir que j'avais dit ça, mais en même temps comme derrière, j'avais... jamais présenté quelqu'un à mes parents ou ce genre de choses, tu vois, par exemple, elle était partie sur l'idée que bah en fait c'était un espèce de faux souvenir qu'elle avait eu quoi. Du coup, c'est en y rediscutant y'a quelques années avec elle, que je lui ai dit : « Bah en fait, je présentais juste personne avec nos parents, parce que bah, ils étaient pas du tout ok avec ça quoi.

Hermine : Du coup, t'as, t'as quand même du soutien de tes frères et soeurs maintenant ou c'est...

Sahara : Alors moi, je suis d'une grande et d'une grosse fratrie (rires), on est cinq. Du coup, la majorité de la fratrie, maintenant oui. Aussi parce que y'a une grosse rupture familiale avec mes parents : sur les cinq, on est trois en rupture complète. Et, et puis le plus petit est vraiment très jeune, donc pour le coup lui c'est encore, fin, un cas particulier. Mais du coup avec ma sœur et un de mes frères ça se passe... très bien. Mais, par exemple y'a un de mes frères qui est un..., un masculiniste.... Incel et cetera donc autant te dire que ce genre ne passe pas du tout, et genre je me suis déjà pris des droites de sa part, par exemple, tu vois ? Donc, ça, ça dépend vraiment genre : c'est soit tout (rire), c'est très peu nuancé, c'est soit tout blanc, tout noir mais...

Hermine : Ok. Ouais. D'où l'importance d'avoir... une famille choisie, n'est-ce pas (rire)

Sahara : Ouais.

Hermine : D'où l'importance d'avoir une communauté autour de nous et pas juste la famille biologique. Parce que voilà, ça ne se passe, pas toujours bien.

Sahara : Bah, oui oui, surtout que moi j'a... En parallèle du coup, j'étais dans la commu L, LGBT et on me disait quand même en permanence que la bis..., la biphobie, c'était pas un vrai truc, que les bi supportaient rien de discrimination et caetera. Et à côté moi j'étais en mode : « bah,euh..., si. Si je les expérimente, quoi, genre.» Et d'autant plus que je sais que genre ce qui passait mal, c'était aussi l'idée de dire : bah que c'était vraiment vu comme une espèce de déviance d'être en mode bah non faut, à un moment faut choisir quoi ! Le côté multisexualité était quand même très mal compris, et très ce truc de : bah t'as, t'as qu'à choisir ton camp quoi !

Hermine : Oui, oui, bah oui, le fameux... Mais ça c'est un truc, mais fin, ton témoignage c'est encore une preuve que y'a pas de privilège bi là ! J'sais pas c'est quoi votre truc, mais non en fait (rires).

Sahara : Surtout que pour moi c'est une question de passing en fait, genre ... Les passing c'est comme pour toutes discriminations, c'est-à-dire que les gens vont plus ou moins passer pour la norme et tu vas être plus ou moins emmerdé.e selon, selon ça. Mais moi par exemple, j'ai genre jamais eu de passing hétéro donc... On m'a pas... J'ai jamais eu ce privilège de pouvoir dire : non, on m'emmerde pas quoi. Même quand, par exemple, je pouvais être en, dans des couples pouvant être perçus comme hétéro, je me faisais quand même toujours emmerdé parce que je n'avais pas le passing hétéro. Bon d'ailleurs pour la petite anecdote : c'est une fois je sortais avec une personne dans mon lycée et y'a quand même un gars qui, qui est venu taper la personne avec qui je sortais, parce qu'il trouvait ça dégueulasse de sortir avec une personne comme moi, tu vois ? Du coup, genre, quand derrière y'a des, y'a des personnes de la commu qui, fin de la commu LGBT qui te disent, qui disent que la biphobie ça existe pas, alors que... Fin, et le plus drôle c'est encore quand c'est des personnes qui, elles, pour le coup, ont un hétéro passing qui te disent ça (rire), j'avoue que ça...

Hermine : Ouais, nan, c'est clair, c'est clair ! Ouais d'ailleurs force et courage à toutes les personnes bi qui sont en couple hétéro : vous êtes valides ok ? Vous êtes... légitimes et vous faites partie de cette commu là aussi. Et aussi toutes les personnes bi qui sont en couple gay et qui sont invisibilisées, fin... En fait, on est hyper nombreux et nombreuses.

Sahara : Ouais, puis même les figures historiques lgb, finales figures historiques bi, on toujours été : soit mis catégorie hétéro, soit catégorie gay mais on a tout de suite effacé, effacé ça. Et puis bon, y'a aussi la gestion des meufs bi et la gestion des mecs bi qui est différente. Parce que bon, les meufs bi, c'est des héteros curieuses, et les mecs bi c'est des, c'est des gays refoulés, fin genre tu sais....

Hermine : Évidement ! (Rires)

Sahara : Et les deux sont extrêmement biphobes au final (rires).

Hermine : Ouais, ouais. Non c'est clair, c’est clair... Et d'ailleurs, ouais bah ouais, toutes la pop culture contribue aussi à... perpétrer ces stéréotypes et tout et... Heureusement, c'est encore un peu en train de changer, mais ça a mis du temps. Mais ce sera pour la question « recommandations culturelles ». Et là du coup, on a parlé un peu de, des parents... De la famille tout ça, et je sais pas en fait si j'ai envie de parler de mon coming-out à moi (rire), parce qu'il était un peu.... Si, il faut que j'en parle en fait, parce que c'est important (rires). Parce qu'il est tellement pas classique ce coming-out, que vraiment, il faut le, il faut en parler je pense. En fait, un jour, un dimanche après-midi, j'étais chez moi, en pyjama, paaaas coiffé.e rien du tout, et j'ai pris une photo où, on voyait du coup mes jambes et mon fauteuil et mes cicatrices et tous les trucs qui me faisaient archi complexer à l'époque, et, et en fait j'ai pris cette photo et j'ai trouvé cette photo hyper cool. Alors que voilà, on voyait tout, mon strabisme, fin tout. Ah oui ! Et j'ai fait mon coming-out le lendemain du 23 septembre, du coup le lendemain de la journée internationale de la bisexualité, et ce n'était clairement pas... un hasard (rire). En fait la veille, j'avais partagé une vidéo de Vivre avec, n'est-ce pas, que tout le monde connaît un peu dans la communauté handie.

Sahara : Ouais. (Rire général)

Hermine : Qui est une personne handie et bisexualité du coup, et qui avait fait une vidéo YouTube pour cette journée-là où il parlait de, de 7 clichés sur la bisexualité. Et moi j'avais partagé cette vidéo en, sur Facebook, en disant que j'étais concerné.e. Et puis, quelques heures après, j'avais pas assumé et je l'avais enlevée. Et puis, le lendemain, ouais,j'ai pris cette photo et je sais pas, j'étais dans une espèce de transe et je me suis dit : « Nan mais il faut que t'arrêtes de faire ça, il faut que t'arrêtes de te cacher ». Et j'ai écrit un texte (rire), que j'ai posté sur Facebook, mais qui est même pas juste pour mon coming-out, puis c'était vraiment un test, euh, un texte sur l'acceptation de moi-même et du fait d'être handicapé.e et d'être bi et d'être, à l'époque je pensais que j'étais une meuf, maintenant je sais que j'en suis pas une, mais bref... Du coup, ouais ce truc de cumuler sexisme, validisme et biphobie, fin tout ça... Du coup j'ai écrit ça, j'ai posté ça sur Facebook et, avec la photo, bien sûr. La photo où on voit mon fauteuil et tout. Et, bah ça a résonné, en fait, dans pas mal de gens, j'ai l'impression (petit rire), parce que j'ai des potes qui ont commencé à demander si ils pouvaient le partager et tout, et puis beaucoup de gens ont partagé (rire), et puis c'est devenu viral euh... Comme on dit. Ah, c'est allé très très vite. En 24 heures y'a eu genre... 500 likes, fin, 500 réactions sur le texte et tout et vraiment j'ai pas compris ce qui s'était passé. A tel point que, le lendemain, y'a une journaliste de l'Express qui m'a contacté.e pour me demander si, elle pouvait publier mon texte comme témoignage sur le site de l'Express. Et moi j'étais totalement paniqué.e, parce que..., je savais pas quoi faire fin... Parce que du coup voilà, moi j'ai écrit ce texte, mais mes parents ne savaient pas que j'étais bi en fait. Et du coup, c'était un peu brûler les étapes quoi, genre : attends du coup y'a pleins de gens qui savent que je suis bi, mais mes parents sont pas au courant, euh... C', c', c'était assez... bizarre. Et j'avais, ouais, j'avais 25 piges à l'époque, fin je, j'étais encore un bébé ! Et vraiment c'était beaucoup d'un coup, et en fait, je me suis dit, je vais le faire quand même : je l'ai fait en étant anonyme fin, j'ai, j'ai pas mis mon nom ou quoi, mais j'ai juste, j'ai bien vérifié que la journaliste allait pas changé mon témoignage ou quoi, ou changer des mots ou quoi. Et vraiment, elle a été top, elle a vraiment... bien fait les choses. Et du coup je l'ai fait et le, l'article a été posté sur le site internet de l'Express et sur la page Facebook de l'Express et je l'ai fait parce qu'en fait, je me suis dit, si ça peut aider des gens qui sont dans ma situation, bah je le fais en fait ! Et je passe au-dessus de, de... mes peurs et tout, et je le fais, fin, si ça peut aider des gens qui sont dans le placard ou qui se sentent mal ou qui... Je pense ça, fin, ce texte il peut aider..., tellement de gens, même des personnes même valides, hétéros et tout. Donc, bref, voilà, c'est pour ça je l'ai fait et... Et donc oui, je voulais dire mes parents.... Et là, je crois que mon chat vient d'aller gratter dans sa caisse ! Et du coup c'est pour ça que y'a du bruit. Et je ne vais pas couper ça au montage, parce que oui, j'ai un chat et elle fait du bruit et voilà, on enregistre et c'est comme ça. Donc si vous avez entendu du bruit, c'est que c'était mon chat (Rires). Merci Sybelle, ça fait plaisir. Du coup voilà, j'ai, j'ai dû le dire à mes parents et ça s'est biiieeen passé, euh, du côté de mon père, t'façon mon père est génial, bisous papa, je sais que tu m'écoutes et : merci. Et avec ma mère et mon beau-père, mon beau-père surtout, mon beau- père, (silence) voilà, voilà, hum hum. Parce que quand j'ai revu ma mère, elle avait pas encore lu le texte, du coup elle savait pas. Mais il fallait quand même que je parle de la violence des commentaires que j'avais reçus, parce que du coup il a été publié sur le, la page Facebook de l'Express : y'avait des commentaires mais d'une violence ! Et du coup j'étais choquée quoi fin vraiment ! Et disons que j'avais quand même un peu besoin d'en parler et (rire), y'a mon beau-père qui commence à dire : « Ouais, non mais... C'est vrai que des fois y'a des gens ils vont un peu trop loin quand même fin... Genre, hier, j'ai lu un article dans Libération d'un gars qui revendiquait sa bisexualité et... c'est n'importe quoi, on va pas sortir un drapeau dès que quelqu'un est différent ! T'façon c'est bon, fin ça, ça existe pas et tout ». Fin, hum, hum... Et j'étais là : « euh, oui, bah alors en fait, euh tu parles de moi là (rires)». Du coup, il a commencé à me dire : « Nan mais c'est bon t'es lesbienne, tu peux être attiré.e par les filles, donc t'es lesbienne, on va pas en faire tout un plat et tout. » Fin, en mode grosse négation et avec un air mais tellement... condescendant de je sais tout mieux que toi alors que je suis pas concerné. Enfin bref. Et ça a hurlé et hurlé et ma mère a trouvé à dire juste : « Chut! Baissez d'un ton parce que les voisins vont vous entendre.» J'étais là : ok maman, merci du soutien, euh, ça fait plaisir ! Sachant que c'était mon déménagement et que donc les voisins, j'allais plus jamais les revoir et je m'en fichais un peu de faire du bruit ou pas. Donc, c'était assez mouvementé. Et au final, je pense que ce texte sera toujours utile et du coup si vous tapez : « handicap et bisexualité » sur Google, vous tombez sur mon texte et sur ma tête de moi de y'a 5 ans (rires), qui avais vraiment une tête de bébé et j'étais à mille lieux de là où j'en suis aujourd'hui, c'est incroyable en 5 ans, comme tu peux évoluer sur un, un nombre de trucs assez, ouais, incroyable. Et du coup, ouais, ce texte maintenant, quand je le relis je trouve qu'il est assez binaire. Parce que, fin, je pensais que j'étais une meuf et j'avais beaucoup moins de connaissances sur la non-binarité, tout ça. Et même ma définition de ma bisexualité est très binaire, donc, si je devais le réécrire maintenant, je changerais deux/trois trucs, mais je suis quand même très fier.e de ce texte et qu'il soit publié là et que... Et je pense, je considère ça un peu comme un de mes premiers actes militants et pour moi c'est un p..., un petit peu le petit frère du podcast. Ça a été un peu la base de tout. Et voilà, si vous voulez aller lire le texte, allez-y. Je ne sais pas si je le mettrai en story ou pas, mais ... Voilà. C'était ma petite histoire de coming-out qui est quand même assez inhabituelle et je pense que ouais, c'était important de...

Sahara : Mais d'ailleurs, ça me fait penser : parce que là, pour le coup, que ce soit toi et moi, on a quand même des histoires un peu..., fin pour moi qui est violente, pour toi qui est quand même..., originale, on va dire ça comme ça, de coming-out. Et je pense que ça c'est aussi un truc où, souvent dans la commu, fin, dans la commu LGBT, on va aussi reprocher beaucoup plus aux bi quand leurs coming-out se passent bien, que..., pour les autres de la commu. Et que juste que bah en fait, c'est, c'est aussi ok de pas avoir de, de violences à subir, aussi. Déjà c'est pas le cas de toutes les personnes LGBT, et puis bah comme je le disais tout à l'heure, y'a aussi de l'hétéro passing qui va jouer dedans ou du cis passing et, tu vas subir ben plus ou moins selon comment toi tu te trouves, mais en soi t'as quand même le... Je vais donner un exemple parce que : y'a quelques années, je discutais justement avec une personne de la commu LGBT qui... niait complètement que la biphobie existait, et moi pour le coup, je suis quand même militant depuis très longtemps, je... Fin genre ce genre de trucs, je les laisse pas passer. Et du coup, bah je, je vais directement confronter la personne et du coup, voilà, on discute et on discute, on s'est pas engueulé ni rien, juste on discutait. Et du coup, en fait, à la fin de la discussion, la personne en vient à dire : oui, que bah elle s'était trompée et cetera voilà, que effectivement elle pouvait pas nier que moi j'avais eu de la biphobie et cetera, voilà... Mais, j'apprends derrière que une personne du coup que je connaissais et qu'elle connaissait aussi, qui elle pour le coup du coup, était dans un couple hétéro et qui elle, pour le coup avait un hétéro passing, qui était une personne qui se sentait très peu légitime alors que bah... Elle a le droit de l'être. A cause justement du fait qu'elle sortait avec un, avec un mec. Et en fait, j'avais appris que derrière la personne était allée emmerder cette meuf, en pareil en fait, en lui redonnant le, en lui tenant le même discours qu'elle m'avait tenu, mais face à elle parce qu'elle avait, cette facilité, d'être face à quelqu'un qui, se sentait déjà pas légitime et qui allait du coup moins ... Bah moins lui rentrer dedans pour lui dire qu'en fait, non c'est de la merde ce que tu dis quoi. Et du coup, j'ai l'impression que souvent aussi quand on essaie de discréditer la bisexualité et la biphobie, bah en fait, on va attaquer les personnes qui vont déjà de base se sentir pas légitimes alors que c'est jamais des gens qui vont aller..., voir des gens qui ont pas un hétéro passing, qui sont des militants depuis longtemps, ou ce genre de choses, qui ont, bah qui ont déjà ce travail en fait, fait. Mais bon, hein, c'est souvent le cas, hein, dans les discriminations, on va toujours attaquer celui qui peut moins se défendre. On va pas se mentir (rire). Et du coup, c'était d'autant plus, d'autant plus..., je trouve, inadmissible que effectivement c'était dans la commu LGBT quoi, c'était pas... C'est pas une personne hétéro qui lui a dit ça, c'était...

Hermine : Ouais, ouais. Ah bah ça... Les lesbiennes biphobes, c'est un truc. (Rires) Euh, voilà voilà, hein ! Bah d'ailleurs, c'est une transition parfaite pour la prochaine question, parce je trouve que, bon déjà quand t'es handi.e dans la communauté queer et que tu vois tous les lieux queers qui sont pas accessibles tout ça, tout ça... C'est compliqué. Mais quand en plus t'es le B de LGBT, ça rajoute de la difficulté. Et moi c'est pour ça que pendant hyper longtemps, j'ai pas voulu aller dans les centres LGBT, et tout et fréquenter ce genre d'endroits parce que j'avais trop peur d'être rejeté.e en fait. Et ça fait que depuis que je suis à Rennes là, ça fait, ouais, un an et demi même pas que je suis à Rennes, que je commence vraiment à, à fréquenter la commu et tout, et... Et ça fait du bien ! Et merci Rennes, et j'adore cette ville et voilà. Mais, euh, j'ai mis hyper longtemps, fin voilà, j'ai 30 piges quoi et c'est... Grave, que des personnes mettent aussi longtemps à, à rejoindre cette commu là, alors que elles sont légitimes à en faire partie. Du coup, comment tu te sens en tant que personne handie et bi dans la commu queer ?

Sahara : Pour... Mon rapport à ça, moi j'ai commencé du coup, à vraiment entrer dans les milieux bi, fin LGBT de manière générale, j'étais allé justement avec bah là personne avec qui je sortais quand le prof de sport nous avait emmerdés. Parce que du coup, cette personne était, était out depuis un peu avant moi, était déjà assez confiant et tout, avait justement le fait d'avoir ses parents de son côté et cetera, et cetera. Et du coup en fait, quand on était ensemble, bah genre la personne avait proposé justement d'aller ensemble au centre LGBT de Nantes et tout. D'ailleurs, centre LGBT de Nantes qui est pas du tout accessible, parce que à l'époque moi j'avais des béquilles, donc j'avais réussi à rentrer, mais c'est dans une petite rue à la con, avec des marches et tout le bordel, et en y repassant y'a pas très longtemps : c'est toujours la même chose, ça fait , ça fait dix ans ils ont pas changé de... De, rien ! (Rire). Puisque c'est ça, je devais avoir 13 ans la dernière fois que j'y suis allé, j'en ai 23 quoi ! Du coup en dix ans y'a pas eu un, ne serait-ce qu'un effort fait au centre LGBT de Nantes pour être plus accessible. Et déjà, du coup, alors je connais pas du tout l'équipe à l'heure actuelle donc je vais pas non plus, taper sur l'ambulance, fin genre c’est pas du tout le but, mais je sais qu'à l'époque justement, on avait un peu reçus comme, un peu t'sais un peu des héteros qui se cherchent quoi. En plus comme on était jeunes et tout, on avait pas été... Après, bah ça avait quand même été la voie de, d'entrée, parce qu'après du coup, on avait quand même pas mal... Fin c'était souvent avec cette personne que j'allais avec, dans les bars, notamment les bars lesbiens de Nantes ou ce genre de choses et/ou les bars gays de manière plus générale. Et c'est vrai que la sociabilisé c’était un peu, effectivement, c'était un peu, c'était un peu compliqué parce que, pour la petite histoire : c'est que moi j'étais sorti justement, avec une meuf lesbienne quand j'étais, ouais, peut-être au collège et que elle passait son temps à me dire que les bi c'étaient des infidèles et cetera. Pis elle me disait : « Ouais, je suis sûre tu vas finir par me tromper » et cetera. Pour qu'au final ce soit elle qui m'avait trompé avec quelqu'un quoi...

Hermine : (rire) pardon

Sahara : Et du coup, genre, c’est des discours que t’entends tout le temps dans la … quand t’es… du coup, dans ces lieux de sociabilisation t’entends tout le temps toujours que oui « les bi, c’est des infidèles, c’est des curieux, machin ». Et en fait on, vraiment, on nie le fait que ça puisse être une identité à part entière et que, en fait, c’est pas juste… genre c’est comme les gens qui passent leur temps à demander aux bi si iels sont chaud pour un plan à trois par exemple. Je sais pas combien de fois on me l’a demandé mais, en plus depuis très jeune, c’est ça qui est super glauque, c’est que… moi j’avais déjà des gens qui me proposaient ce genre de trucs, j’étais au collège quoi ! C’est là que tu te dis, mais, tu demandes, enfin tu demandes genre à un gosse ce genre de truc, il y a rien qui va quoi ! Et du coup c’est aussi… le truc c’est aussi pour ça que les gens que je côtoyais c’était beaucoup des personnes bi, et des mecs gays, parce que ben, au fait au final… ben comme je disais tout à l’heure c’est les mecs bis on a tendance à les faire passer pour des gays refoulés. Donc c’est moins dur de trainer avec des mecs gays, même si, voilà, ça change pas que c’est hyper biphobe comme remarque. Mais du coup je trainais majoritairement avec des personnes bi, très peu avec des personnes, ben typiquement les lesbiennes ou même, … gays pas trop, un petit peu mais… parce que c’était compliqué de… ben juste d’être pris au sérieux, juste d’être reconnu comme membre de la commu’ aussi tout simplement ! Quand les gens ils te prennent juste pour une espèce de… d’hétéro-curieux un moment c’est un peu compliqué pour te… toi, te sentir légitime, toi te…

Hermine : Mhhh, nan c’est clair, c’est clair, c’est toujours le problème… Et du coup, parce que là tu parles pas mal de ton adolescence, et maintenant ça va mieux, ou c’est toujours pareil ? (rires dans la voix)

Sahara : Oui, c’est vrai que… Bon après je suis pas très vieux, donc ça avec l’adolescence, c’est… (rire) pas si loin, mais oui, mais maintenant c’est vrai je suis adulte, depuis que je suis majeur j’ai fait que deux villes : Je suis allé.e à Besançon et là j’habite à Angers, que je quitte, bientôt. Et à Besançon il y a pas de… de… choses LG…, enfin, LGBT, il y a pas de lieux LGBT il y a pas de… de… de bars, de centres LGBT, y’a pas grand chose, enfin ya rien. Il y a pas de pride à Besançon par exemple. Et du coup, bah, genre moi j’étais là-bas, je sociabilisais, enfin j’étais avec personne de la communauté (rire), genre les rares gens que j’ai pu connaitre c’était des gens que j’ai connu par mes études en fait. Du coup mes camarades de classe quoi. J’avais pas une sensibilisation particulière par rapport à ça. Quand je suis arrivé à Angers pour le coup, à Angers il y a un centre LGBT, il y a une pride etc. Il y a deux bars LGBT qui sont inaccessibles au possible. Il y a aussi une boite de nuit, pareil, qui est inaccessible au possible. Donc j’ai dû aller une fois dans un bar, et c’est tout (rire), parce que en fait c’est juste pas possible. Le problème c’est que c’est vraiment là où c’est… ou se fait la sociabilisation à Angers. Après il y a aussi le problème que Angers c’est une ville aussi… Alors je sais pas si tu connais mais c’est quand même une ville très tournée extrême-droite. Donc elle est quand même pas très… carrément pas safe pour les personnes LGBT. Et du coup c’est encore assez caché, assez à la marge, les lieux de sociabilisation LGBT, genre, les bars en question par exemple ils sont très loin, ils sont pas dans le centre-ville, pas dans… contrairement à Nantes où les bars ils sont dans le centre. Du coup entre-temps moi j’avais fait mon coming-out trans, j’étais, enfin etc. J’avais fait quand j’étais à Besançon donc quand je suis arrivé à Angers j’étais déjà aussi bien… bien au clair sur les questions de cette identité-là, donc qui sont… mon identité trans et non-binaire. Du coup j’ai commencé aussi à… parce que je voulais aussi militer parce que du coup pareil, à Besançon, en fin à Nantes je militais… pas forcément dans des assos d’ailleurs mais… mais du coup quand je suis revenu dans une ville dans laquelle je pouvais j’ai essayé de… de militer dans ce domaine-là, en soi j’ai jamais vraiment arrêté de militer pour quoi que ce soit. Et du coup et ben j’ai… j’ai pris contact avec le centre LGBT etc. et ils avaient aussi des groupes de paroles trans qu’ils avaient lancé et donc pareil, j’ai y été… allé, juste participant et tout. Et du coup je me suis un peu greffé à des projets, à différentes choses. Donc j’ai commencé, oui à sociabiliser dans ces milieux-là à Angers. Et notamment c’est aussi là, la fameuse personne-là qui avait emmerdé… la meuf bie parce que elle avait pas été contente parce qu’elle avait pas pu m’emmerder bien moi comme elle voulait parce que je me défendais, typiquement ça c’était à Angers tu vois. Parce que même si là par exemple il y a une groupe de parole trans qui s’est lancé et tout, il y a encore quand même… ça dans beaucoup de villes hein mais il y a quand même un retard, quoi. C’est compliqué, genre t’as pas vraiment de représentation bi dans… dans le centre LGBT commence un peu à avoir de la représentation trans mais du coup, genre, après bon ça dépend aussi du genre de personnes du… du centre LGBT à part entière parce qu’il y a des personnes qui sont formidables, d’autres avec qui c’est… c’est clairement plus compliqué. Mais du coup, et c’est un peu comme ça, après c’est vrai que comme maintenant je sociabilise beaucoup et quasiment exclusivement par les lieux trans plus que les lieux, bah « LGB » quoi. Factuellement dans la communauté trans il y a quand même beaucoup, si c’est pas énormément de personnes bies ou pan. Du coup bah factuellement genre quand tu commences à trainer beaucoup avec des personnes trans, forcément tu… t’as aussi ce truc qui se fait, et du coup c’est moins dur, enfin genre c’est, c’est factuellement plus facile de sociabiliser avec des personnes trans quand t’es bi, que quand tu sociabilisais avec les personnes cis avant. Mais du coup la question d’être handi avec ça c’est que pour le coup c’est toujours très compliqué d’accéder aux lieux. Le centre LGBT ça va, il est un peu près accessible, et encore je dis à peu près. Euh... (rire), mais… mais pour te dire, c’est qu’ils ont une membre à temps complet de leur centre qui est handi et qui est quasiment jamais là parce qu’en fait les trucs sont pas accessibles et ils s’en servent un peu de totem en mode « Ben non mais regardez, machine elle est handi et elle voit pas le problème, donc il y a pas de problème d’accessibilité dans notre truc quoi ». Et alors que quand tu… quand tu parles à la personne elle dit « Oui bah je viens jamais parce que c’est pas accessible quoi », elle te dit pas « Ouais nan je leur ai dit que c’était ok » quoi (rire). Mais du coup, nan, les lieux de sociabilisation, enfin, globalement Angers est une ville pas du tout accessible. L’espace public est dans un état lamentable, les lieux sont dans un état lamentable. Voilà je viens de finir un Master aux Beaux-Arts d’Angers, l’école est inaccessible au possible, bon elle est LGBTophobe au possible aussi, mais…

Hermine : Ah punaise... Le combo !

Sahara : Ouais nan ils sont aussi très racistes mais ça pour, pour le coup c’est pas trop un sujet qui me concerne mais… c’est aussi un problème qu’il y a dans cette école. Et du coup c’est compliqué parce que du coup… enfin je sais que moi je passe plus enfin, …là avec toutes ces choses qui se combinent et tout, avec les questions de classe parce que mine de rien cette question de classe sociale, quand tu fais des études en art et tout, niveau classisme tu t’en prends quand même plein les dents. Ben du coup tu te retrouves à devoir… ben je sais que moi je mets beaucoup plus de temps et d’énergie à… sur les… sur la question handi parce que pour moi c’est aussi une des questions sur lesquelles je prends le plus de… ou j’ai le plus de problèmes, où j’ai le plus de difficultés au quotidien, où il y a le plus de… une plus grande part de discrimination dans ma vie. Même si bon, étant, pareil, visiblement LGBT j’ai pleins de problèmes dans la rue aussi par rapport à ça, que ce soit des regards, des insultes, enfin genre, ou carrément se faire péter la dents, fin les dents, enfin genre… parce que voilà, Angers, quand je dis que c’est pas safe, c’est vraiment pas safe genre. Ça m’est déjà arrivé, en allant juste à mon école en passant dans la rue de me faire prendre une tarte par un gars tu vois, enfin genre…

Hermine : Ouais… et vivement que tu déménages du coup ! (rire)

Sahara : Ça… je suis très content de me barrer de cette ville !

Hermine : Tu m’étonnes, et tu vas où du coup, tu déménages où après ?

Sahara : Je vais dans la banlieue de Genève… Donc carrément à l’autre bout !

Hermine : Ah ouais ! (rires) « Je quitte la France ! » (rire) okay.

Sahara : Du coup ça va me changer mais du coup, ouais, du coup c’est compliqué en fait parce que, comme t’as… comme dans mon cas il y a pas mal de choses qui s’ajoutent au fait juste d’être bi. Je mets beaucoup d’énergie dans d’autres choses aussi. Mais comme souvent, comme je te disais je traine beaucoup dans la communauté trans, ben la question bi comme elle est beaucoup plus facile dans la commu trans, elle prend mine de rien moins de… moins de place pour me sociabiliser et tout. Même si, genre ça n’empêche pas que je suis quand même vu comme… comme une espèce de déviance par le monde cis et hétéro quoi ! Donc ça, l’espace public me le rappelle bien tous les jours, ya pas de soucis… (rire).

Hermine : Nan, c’est sûr, je pense que quand tu cumules autant il faut aussi savoir choisir ses batailles un peu parce que si tu t’essayes d’être sur tous les fronts c’est épuisant et c’est pas possible. Déjà que quand on est handicapé.e on… ben voilà on se fatigue plus vite que les valides et donc forcément c’est encore plus fatigant pour nous et faut essayer de choisir ses combats, et ne pas finir en burnout n’est-ce pas ? Je dis ça à mon moi de il y a quelques mois justement (rire). Parce que ouais, les burnouts c’est pas cool.

Sahara : Ben c’est complétement ça, c’est qu’on a moins d’énergie, moins de force que les valides mais à contrario des valides il faut qu’on fasse plus d’efforts, parce qu’on est obligé déjà de… déjà de les supporter mais en plus de se revendiquer etc. Et je sais que typiquement, là j’ai un peu arrêté parce que je sais que niveau temps, énergie et tout j’ai un peu compliqué parce que (soupir), j’ai beaucoup de choses à gérer, et puis ben j’ai des études à gérer et du coup… ben mine de rien je fais quand même pas mal de choses, mais j’essaye de continuer, je fais pas mal sur les réseaux sociaux de la pédagogie, justement LGBT de manière générale, et handi. Et justement souvent dès que je vais parler de bisexualité, c’est souvent des personnes cis qui, quand je parle de questions trans qui sont en mode « Ah c’est vachement intéressant machin et tout », et dès que je vais parler de bisexualité ils vont revenir dans mes DMs pour me dire « non mais ça n’existe pas ça, machin et tout, c’est que de l’homophobie, machin et tout » et tu fais… je prends toujours ça en parallèle parce que c’est un parallèle que je vis, tu vois. Me dire que la bisexualité c’est comme l’homophobie pour moi c’est comme me dire que l’enbyphobie c’est de la transphobie, tu sais, qu’il y a pas de différence entre les deux. Et en fait, il y a forcément des points communs en fait. Parce que forcément ça touche aux identités sexuelles, aux identités de genre, tu vois. Mais il y a des particularités donc c’est pas pour rien qu’on s’est emmerdé.es à les… à les nommer quoi. La biphobie il y a cette question de multi-sexualité qui est niée quoi. L’enbyphobie c’est quand même un truc où, mine de rien tu es quand même dans une société qui nie complétement ton existence (rire), ou t’as aucune reconnaissance, enfin, donc forcément il va y avoir de la transphobie dans l’enbyphobie mais genre juste dire « c’est exactement la même chose » c’est con, et ben, pour la biphobie c’est un peu pareil quoi.

Hermine : Ben c’est clair. Nan et surtout les gens qui disent que la biphobie ça existe pas, rien que de dire ça c’est de la biphobie en fait (rire).

Sahara : Oui !

Hermine : Du coup… ça me fait toujours marrer ça un peu.

Sahara : Complétement, complétement…

Hermine : Et du coup ce que tu, enfin, ce que tu dis aussi c’est grave intéressant sur… ben en fait, vu que les milieux militants et les milieux queer ne sont pas accessibles, il y a beaucoup de personnes handi, qui font du militantisme en ligne n’est-ce pas ? Comme ce podcast, (rire) qui est un projet militant, et je ne le répéterai jamais assez. Et le militantisme en ligne c’est du vrai militantisme, c’est légitime et souvent c’est le seul moyen d’accès pour les personnes handi, parce que sur le terrain c’est trop galère, voilà.

Sahara : Ouais et puis c’est un sacré privilège valide, de dire que le militantisme en ligne n’est pas du militantisme. Parce que les valides ne font littéralement rien pour que les lieux sont accessibles, mais par contre t’es pas un vrai militant si… ton… la majorité, si ce n’est l’exclusivité de ton militantisme il est en ligne, quoi. Comme si, et c’est ça qui me fascine, comme si internet n’était pas quelque chose qui influait sur le réel. On est quand même à l’ère du numérique, enfin genre tout… énormément de choses passent par le numérique. En plus du coup avec la pandémie, qu’il faut rappeler, n’est pas finie, parce que j’en ai marre d’entendre partout que c’est la fin de la pandémie. Non, on est toujours bien dedans. Ben mine de rien on a aussi beaucoup expérimenté si ce n’est plus, enfin mine de rien pour beaucoup de personnes handi on sociabilisait déjà beaucoup par internet, mais ça s’est encore plus développé. Même des personnes handi qui avant sociabilisaient pas trop via internet, à cause de la pandémie qui ont dû passer par internet parce que… elles étaient pas forcément obligées avant, mais comme elles étaient fragiles par rapport au covid ou ce genre de choses, ben forcément, ça met des, des… des contraintes quoi. Et du coup moi ça m’a toujours fasciné ce truc de dire « Ouais, le militantisme en ligne c’est pas du militantisme », ou même question même de relations humaines où un truc qu’on dit souvent c’est, « Les amis que tu te fais en ligne c’est pas des amis » ou ce genre de choses. Et à chaque fois je me dis mais « Wow, c’est un super privilège valide de dire des choses pareilles ! ». Genre, moi j’ai des amis que je me suis fait en ligne, on se serait, genre, on n’aurait jamais pu être amis autrement, que ça soit par des questions de local… de géographie, de… on est trop loin, que, ben, on peut pas se déplacer comme on veut, on pourrait pas, on va pas dans les lieux de sociabilisation en général. Genre à Angers littéralement il y a trois bars accessibles quoi. Enfin genre…

Hermine : Ouais, ouais, ben, nan mais complétement. Là tu parles de tout ça, moi ça me fait juste penser à toutes les personnes géniales que j’ai rencontrées grâce à ce podcast. Et j’ai envie de dire à toutes les personnes qui disent que le militantisme en ligne c’est pas du militantisme, j’ai envie de leur faire lire tous les messages que je reçois de personnes qui me disent que écouter mon podcast, écouter le podcast, ça leur fait du bien et qu’elles se sentent moins seules et il y a aussi des personnes valides qui m’envoient des messages pour me dire qu’elles ont appris des trucs et tout. Et c’est là que je sais que mon podcast ça sert à quelque chose et que c’est pas un truc dans le vide, comme ça. Donc oui c’est du militantisme, ça fait bouger les choses à une moindre échelle mais ça fait bouger les choses quand même. Même si c’est juste quelques personnes c’est toujours ça de pris. Et… c’est ce qu’on veut.

Sahara : J’ai beaucoup ça comme retour, pareil sur mon travail, en fait. Mon travail genre je le présente aussi IRL, je fais des expos et tout. Mais factuellement la plupart du temps mon travail sur internet, et même mon travail militant sur internet, et c’est vrai que moi aussi j’ai des retours de gens, soit des personnes concernées… et aussi j’ai de la chance c’est que, mon plus gros réseau social c’est intagram et factuellement ya quand même, genre… j’ai à peu près, deux mille abonné.es donc c’est… c’est pas un très très gros compte mais c’est quand même pas un tout petit compte. Ben j’ai quand même déjà une déjà commu très très mimi. (rire) Genre vraiment, les gens qui me suivent sont des gros pipous, j’ai quand même cette chance-là de ne pas trop avoir de raids de harcèlement de faff ça m’est déjà arrivé mais c’est quand même assez rare. Mais voilà j’ai quand même des retours de gens, soit qui sont concerné.es, à qui ça fait du bien mais des fois où j’ai des personnes, typiquement des proches de personnes handi qui disent « ben mince, si moi je pensais bien faire mais… en lisant ton truc je me rends compte qu’en fait… bah en fait c’était un peu de la merde ce que je faisais », et qui vont t’envoyer des messages hyper mimi, ou voilà, où des gens qui se sentent représenté.es et à qui ça fait du bien quoi. Je vois pas pourquoi ça pourrait pas avoir d’influences dans le réel. Enfin c’est comme le cyberharcèlement, genre dire que… c’est comme dire que c’est pas du harcèlement. Bon il y en a qui le disent et c’est très con mais… les choses sur internet ont une répercussion réelle et puis ben, typiquement avec le cyberharcèlement il y a bien des gens derrière qui le font tu vois

Hermine : Tout ça pour dire : tout ce qui se passe sur internet et sur les réseaux c’est de… c’est de la vraie vie, okay ? Et voilà, et, en fait on a un peu beaucoup dévié du sujet mais c’est pas grave, ça arrive très souvent dans ce podcast et c’est mon premier enregistrement depuis longtemps du coup ça ne m’étonne pas du tout. Mais du coup, euh ben merci déjà d’avoir parlé de tout ça, c’est hyper important et merci d’avoir parlé de ton vécu et tout parce que c’est pas toujours facile. Et je rappelle que moi je… je ne force pas mes invité.es à dire des choses, c’est iels disent ce qu’iels veulent. Du coup voilà, merci d’avoir partagé tout ça et, là, on arrive à la dernière question qui est la fameuse question « recommandations culturelles ». Vraiment j’adore dire cette phrase (rire) ! Je ne m’en lasserai jamais !(rire) Parce que c’est vraiment un peu mon moment préféré du podcast. Du coup est-ce que tu as des recommandations culturelles avec un des sujets que l’on vient d’aborder, est-ce que tu as croisé des personnes ou des personnages bi dans la pop culture, qui t’ont fait du bien ou qui t’ont inspiré ? Ou des personnes handicapé.es, enfin comme tu veux.

Sahara : Je vais parler déjà des grandes figures qui ont été très importantes justement quand j’étais ado, qui ont été très importantes pour beaucoup de gens aussi hein mais, pour le coup c’est carrément pas rare. C’est bah Queen et Freddie Mercury qui est quand même est une icône bi qu’on oublie souvent, qu’il était bi (rire), parce que c’est plus simple de dire qu’il était gay parce que comme il est mort du Sida alors forcément il pouvait être que gay, alors qu’il était bi. Et évidemment, aussi Lady Gaga qui, pareil, elle aussi est bi. Notamment sa chanson Pokerface qui quand j’étais ado, était vraiment très importante pour moi, parce que ça… parce que justement il y avait ce truc de, vraiment les gens ne faisaient pas gaffe alors que ça parlait complètement de bisexualité. Du coup voilà il y a… il y a ces deux grandes… ces deux gros monstres de la pop culture (rire), qui étaient là. Ou même pour quelqu’un de enby, enfin de non-binaire et de bi, dans la pop culture on a aussi Prince, qui pareil a été complétement… on a complétement effacé ses identités queer (rire) à sa mort. Et puis ben tu citais Vivre Avec tout à l’heure, son travail en tant que personne handi, enby et bisexuel.le, genre son travail est vraiment formidable. Hparadoxae aussi, les questions handi et notamment autour de l’autisme par exemple qui est un travail qui vraiment, vraiment qui fait du bien. Et je dirais aussi Oh mu qui fait de la musique, qui tient aussi le compte @tas_pas_lair_autiste qui… qui fait beaucoup de contenu et la musique qu’iel fait est très… ben parle beaucoup des questions handi, des questions de genre etc. Et puis enfin le duo Morgan.e et Aimé Pastel qui font des, des collages et des illustrations et qui, voilà qui ont un travail sur les questions de genre, de handicap etc. parce que les deux sont handicapé.es.

Hermine : Et Big Up Morgan.e, qui a témoigné dans l’épisode… six, du podcast du coup, que je vous recommande si vous l’avez pas déjà écouté. Voilà, non, grave, j’aime bien cette, ce petit panel de personnes handi-queer qu’on aime bien ! Du coup, moi j’avais… c’est vrai que moi pas pensé à la musique et pourtant il y en a quand même beaucoup et pourtant j’adore la musique, enfin c’est un peu mon premier amour…

Sahara : Je sais que c’est plus simple aussi, quand t’es… c’est le truc que j’ai eu quand j’étais ado donc c’est forcément le médium le plus, le plus simple à voir quoi.

Hermine : C’est ça. Mais même la chanson de Lady Gaga fin Born this way c’est un hymne… enfin voilà. Du coup, c’est vrai, j’avais pas pensé à ça alors que c’est quand même un peu la base. Mais moi donc c’est vrai que je pense toujours aux séries, parce que j’adore les séries, et je regarde beaucoup trop de séries. Et moi c’est vrai que ma représentation bi elle s’est fait, en tout cas dans la pop culture, beaucoup par les séries, quand j’étais ado et jeune adulte. C’est marrant, en fait je me suis rendu.e compte qu’il y a pas mal de séries médicales qui ont des personnages bi. Notamment je pense à Grey’s Anatomy. Callie Torres qui était vraiment iconique pour l’époque et pour moi qui était vraiment importante, qui est jouée par la géniale Sarah Ramirez qui est une personne non-binaire et bi également, et ça c’est top ! Et du coup il y a eu, ouais, Callie Torres dans Grey’s Anatomy et aussi je crois que c’est encore avant, il y avait Numéro treize dans Dr House qui était jouée par Olivia Wild aussi. Enfin là à l’époque c’était vraiment des séries où genre le mot « bi » était dit et tout et c’était… pour l’époque c’était assez… pas révolutionnaire mais presque (rire) ! Et c’était vraiment important, et là ces derniers mois j’ai regardé une série qui s’appelle « New Amsterdam » qui est aussi une série médicale, qui est un peu plus récente du coup je crois, qui date de 2018. Et là vraiment on sent qu’il y a eu une évolution dans la représentation des personnages queer, enfin même en soi la représentation des minorités dans cette série est top ! Enfin vraiment bien faite. Et pour le coup il y a un personnage bi qui est le docteur Bloom, docteure Lauren Bloom, qui est une meuf hyper badass, qui est le chef des, la cheffe des urgences de l’hôpital. Et du coup elle est bi mais c’est genre totalement un non-sujet, donc au début de la série elle… elle couche avec un de ses collègues, qui est donc un mec, et puis au fil de la série elle se met en couple avec une femme, et on apprend qu’elle avait eu des relations avant avec des femmes mais qu’elle était… qu’elle s’était jamais mis en couple avec une femme. Moi ça a : « ah oui ! je savais qu’elle était pas hétéro ! » Bref (rire) !

Sahara : Petit moment de satisfaction qu’on connait tous (rire)

Hermine : (rire) C’est clair ! Et du coup, enfin, je trouve ça top de voir l’évolution en fait des premières séries où les choses avaient vraiment besoin d’être dites pour qu’il y aie de la représentation et tout. Et où maintenant ça commence vraiment de plus en plus à être un non-sujet, et ya pas de stéréotypes biphobes, enfin c’est juste la meuf, elle date des gens, elle sort avec des gens, c’est tout et on s’en fout si c’est une femme ou un homme ou whatever. Et c’est top et c’est pour ça qu’on veut de la visibilité aussi, et que c’est important d’en parler. Et le but c’est qu’on n’ait plus besoin d’en parler en fait (rire dans la voix). Et du coup je trouve ça chouette que, ouais, que ça devienne de plus en plus un non-sujet dans les séries, et que ça soit de plus en plus normalisé, c’est vraiment, vraiment top. Et là d’ailleurs il y a la saison 5 de New Amsterdam qui va sortir à la rentrée. Euh d’ailleurs je crois que New Amsterdam c’est une des rares séries que j’ai recommandées dans le podcast qui a plus de trois saisons, hein ? Parce qu’en fait souvent les saisons, les séries où il y a beaucoup de minorités c’est souvent vite annulé. Mais là ce n’est pas le cas ! Et d’ailleurs là elle est très mal distribuée en France cette série je sais pas pourquoi. Il y a les deux premières saisons sur Netflix, ça je sais, mais après c’est très dur de trouver les autres saisons, alors que voilà la saison 5 va commencer aux États-Unis quoi.

Sahara : D’ailleurs je viens de pensais à une autre… à des dessins animés qui… en plus c’est marrant parce que je viens de les revoir il y a pas très longtemps, où il y a des personnages bi, alors il y le génialissime Steven Universe, qui, si vous l’avez pas vu, vraiment, foncez c’est incroyable. Niveau représentation t’as vraiment un panel très très grand, et vraiment les personnages sont giga badass et tout. Où mine de rien ben… Rose, donc la mère du personnage principal, est une femme bi, enfin voilà, la représentation est vraiment très très cool, c’est très très queer. Ou sinon tu vas voir dans Adventure Time, Marceline. Le couple iconique Marceline et Bubble gum. Et du coup Marceline qui est justement présentée plusieurs fois comme comme étant sorti avec des mecs et du coup, et du coup la princesse. Et puis c’est très drôle, enfin… c’est assez tiré par les cheveux Adventure Time.

Hermine : J’avoue, je n’ai vu, je n’ai vu ni l’un ni l’autre. Je sais que tout le monde m’en parle et qu’il faut que je regarde mais j’ai toujours pas regardé. Mais… du coup ça me donne encore plus envie de regarder.

Sahara : Ben je sais que dans Adventure Time il y a même une question un peu de handicap à un moment, parce que justement il y a un personnage qui se retrouve à être handicapé du coup ben forcément… En plus je trouve que c’est intéressant comment c’est traité parce que comme ça lui arrive d’un coup, genre c’est un… un accident, genre il y a tout ce truc où au début il est un peu dans le déni et tout, et du coup il doit apprendre à revivre avec. Et c’est pas genre, c’est pas misérabiliste ni rien, c’est vraiment… il perd dans un accident son bras, tu vois, et du coup ben factuellement il doit réapprendre à faire les choses sans… sans son bras. En plus pour un dessin animé qui est quand même, oui voilà, dans un univers un peu… un peu tiré par les cheveux quoi c’est quand même vachement… enfin, moi j’ai trouvé ça bien fait et tout.

Hermine : Ouais c’est chouette que des dessins animés en parlent… ben trop bien, et en vrai, oui ça me donne encore plus envie de le regarder du coup… Mais en même temps il y a tellement de choses à regarder et il y a seulement vingt quatre heures dans une journée, je suis désolée à un moment donné je peux pas tout voir non plus (rire dans la voix). Mais ouais, du coup… ouais, New Amsterdam c’est vraiment top. Vraiment, moi c’est la série que je dis tout le temps : « Si vous en avez marre de Grey’s Anatomy, allez regardez New Amsterdam parce que c’est trop bien ! » Et d’ailleurs il y a une actrice sourde qui joue un personnage sourd, du coup. Mais dans les dernières saisons il y a un personnage sourd qui est trop badass et trop bien. Et la représentation dans New Amsterdam c’est trop chouette mais je l’ai déjà dit. Et du coup il y a une deuxième et dernière série que je voulais recommander qui s’appelle High Fidelity, qui est un reboot d’un film des années 90-2000 là avec que… Jack Black et je sais plus qui comme acteur là, et qui est une série top là du coup, parce que c’est vraiment un reboot de qualité qui a été fait en 2020 du coup, où il y a quand même beaucoup plus de diversité et de représentaion. Et où la femme de ma vie, aka Zoe Kravitz est le personnage principal, et voilà. Rien que pour ça j’ai envie de dire, il faut regarder cette série, nan mais… (rire), du coup c’est top parce que là encore le personnage de Zoe Kravitz du coup c’est Rob, Robin qui est bi, et c’est aussi un non-sujet. Robin c’est une meuf un peu genre la trentaine, qui habite à New York et qui est patronne d’un disquaire, un disquaire un peu un truc de hipster là, où tout le monde vient chercher des vieux vinyles et tout. Et elle est un peu paumée dans sa vie, et surtout dans sa vie sentimentale, et elle recontacte un peu tous ses exs pour savoir ce qu’il s’est mal passé (rire), et pourquoi ça s’est mal passé. Et dans ses exs il y a une meuf et du coup elle va recontacter cette meuf-là et c’est totalement un non-sujet aussi genre : « oui ben avant on était ensemble et maintenant je crois qu’on est potes »… enfin voilà, et c’est top, vraiment, et Zoe Kra… Zoe Kravitz est incroyable dans cette série et je l’aime tellement ! Vraiment il lui faut plus de… de rôles comme ça, de rôle principal où c’est vraiment elle qui est mise en avant parce que, elle a tellement de talent et de charisme et tout… bref, voilà, je vais me taire. Mais d’ailleurs, je pense que j’en ai un peu marre de recommander des séries en fait parce qu’à chaque fois je dis que la série en question elle était annulée au bout d’une saison, voilà. (En haussant le ton) Et ça commence à être fatiguant vos histoires là d’annuler tout, toutes les séries où il y a des queers et des rascisé.es et machin, hein ? Du coup je crois que je vais que recommander des livres à partir de maintenant (rires dans la voix), parce que j’en ai marre ! D’ailleurs je crois que Zoe Kravitz avait eu un petit message, elle a fait un petit acte à la boite de prod en disant, quand ça avait été annulé, en disant : « ben c’est sûr que, ya vachement de séries avec une femme noire en personnage principal, c’est vrai que c’était super, une super bonne idée d’annuler ! » Enfin genre (rire), elle était hyper cynique comme ça, j’avais beaucoup aimé. Bref, voilà, je vais arrêter de, de parler de mon amour pour Zoe Kravitz. Et du coup High Fidelity est dispo sur My Canal si je dis pas de bêtises, en France. Et c’est rapide vu qu’il y a qu’une seule saison (rire). Et voilà, New Amsterdam, High Fidelity et je pense que c’est tout ? Oui… Du coup merci Sahara d’avoir participé, c’était vraiment chouette et intéressant et ça me fait toujours plaisir de discuter avec d’autres personnes handi et queer, n'est-ce pas ?

Sahara : Mais merci beaucoup ! Genre, comme ça en plus j’ai pu reparler de questions de bisexualité, ça faisait longtemps que j’avais pas eu l’occasion… ça m’a fait très plaisir !

Hermine : Ouais c’est vrai que maintenant, t’es plus, ben comme tu disais, enfin, c’est vrai que moi ça faisait un moment que je te suis sur instagram et c’est vrai que maintenant t’est plus dans le côté trans de la force (rires)

Sahara : Exactement ! (rire)

Hermine : Du coup ouais, nan c’était chouette, c’était chouette. Merci beaucoup, et merci comme d’habitude à toutes les personnes qui écoutent le podcast. Et je rappelle que le podcast est dispo sur toutes les plateformes : Deezer, Spotify, Ithunes et également sur YouTube, en vidéo sous-titrée et sur mon site internet www.hcommehandipodcast.fr où vous avez toutes les retranscriptions des épisodes, car c’est important, et il faut rendre accessibles vos podcasts ! Les podcasteur.euses là ! Je… je vous parle, merci, et voilà, merci à tout le monde d’avoir écouté et on se retrouve le mois prochain du coup, et on parlera normalement de masculinité et de handicap. Parce qu’apparemment il y a pas assez de mecs dans le podcast, haha. Et du coup j’essaie de donner plus de diversité et plus de points de vue, toujours mon but. Et du coup voilà, le mois prochain on parlera de masculinité.