Recommandation culturelle : Chair Tendre

Bienvenue dans H comme Handicapé.e.s, le podcast qui donne la parole aux personnes handicapées parce qu'on ne les entend pas assez. Après avoir parlé des personnes asexuelles dans l'épisode précédent, je voulais cette fois pour ce nouvel épisode de recommandation culturelle, vous parler d'une autre lettre de l'acronyme LGBTQIA+. Je voulais vous parler de la lettre I pour les personnes intersexes avec la série Chair Tendre. Chair Tendre, c'est une série qui raconte l'histoire de Sasha, une adolescente de 17 ans, qui quitte la région parisienne pour arriver dans un nouveau lycée, dans les Landes, en cours d'année. Et en plus de découvrir ce nouveau lycée et ce nouvel environnement, elle va aussi découvrir son intersexuation, sa sexualité et aussi son identité de genre. C'est vraiment une série sur la découverte de soi et l'autodétermination, le "coming of age" comme on dit en anglais, la découverte de soi à l'adolescence.

C'est une série qui est très belle déjà visuellement par sa mise en scène, ses jeux de lumière, ses couleurs, ses paysages, mais qui est aussi très belle grâce à ses acteurs et actrices qui sont juste incroyables, avec notamment la géniale et si charismatique Angèle Metzger qui joue le personnage de Sasha, mais aussi les actrices que j'ai beaucoup aimées. Saul Benchetrit qui joue Pauline, la petite sœur de Sasha, et également Daphné Burki qui joue leur maman, et qui est juste parfaite dans ce rôle. Et vraiment les scènes où elles sont toutes les trois, les scènes mère-fille ou les scènes entre sœurs, sont vraiment mes préférées de toute la série je crois. Mais aussi toute la bande d'amis de Sasha qui est géniale et les personnages sont à la fois complexes et attachants, vraiment bien écrits. Et en parlant de bonne écriture, c'est une série qui parle d'intersexuation et qui a été écrite avec des personnes concernées, avec le collectif Intersexes et Allié.es. Et ça se sent, c'est vraiment une série qui est réaliste et pédagogique sur l'intersexuation.

Ce que j'ai beaucoup aimé aussi, c'est que la sexualité, et notamment la sexualité non hétéro, n'est pas un sujet. La sexualité entre les personnages est très fluide et il n'y est jamais question d'homosexualité ou de bisexualité. C'est vraiment des non sujets et ça fait du bien, vraiment. Ça fait du bien, encore une fois, d'avoir une série française avec un personnage intersexe en personnage principal, car c'est une première et on peut remercier France TV Slash pour ça, d'avoir eu l'intelligence de produire une telle série qui, encore une fois, est... Tellement belle et tellement importante à plein de niveaux. Pour préparer cet épisode, j'ai notamment écouté beaucoup d'interviews de la réalisatrice de la série, Yael Langmann, qui disait que dès que la série était sortie, elle avait reçu des messages de parents qui venaient d'apprendre que leur enfant était intersexe et qui, après avoir vu la série, avaient pris la décision de ne pas faire opérer leur enfant. Et c'est vraiment incroyable et c'est absolument génial et c'est là qu'on se rend compte à quel point la représentation est importante et la représentation de qualité faite par des concernés notamment est importante et peut littéralement changer des vies. Encore une fois, que des enfants n'aient pas à subir ces opérations et puissent grandir et avoir une vie entre guillemets normale, tout ça grâce à une série, c'est juste incroyable.

Et c'est d'ailleurs... en ça que je me suis pas mal reconnue dans le personnage de Sacha, pas tant en lien avec mon intersexuation puisque je suis moi-même une personne intersexe. D'ailleurs je vous invite à écouter l'épisode 11 du podcast avec Eden où on parle de nos parcours de personnes intersexes et handicapées. Mais du coup si je me suis reconnue dans le personnage de Sasha et dans son histoire, c'est surtout de par mon expérience de personne handicapée et d'enfant handicapé à qui on a fait subir des opérations pour que je puisse marcher, évidemment sans me demander mon avis. Et c'est en ça que j'ai fait un lien avec l'histoire de Sasha.

Et ça montre encore une fois que absolument tout est lié, je le disais encore dans l'épisode précédent. Toutes ces opérations, tous ces traitements médicaux, hormonaux qu'on subit, que ce soit les personnes intersexes, les personnes handicapées, Ce sont des opérations qui sont là pour nous faire rentrer dans une norme sociale arbitraire et qui souvent... laisse plus de négatif que de positif. Mais heureusement, il y a ce genre de séries incroyables qui existent. Et je le redis parce que c'est un projet que la réalisatrice Yael Langmann, encore une fois, a en tête depuis 2005. Mais à l'époque, tout le monde refusait de produire cette série. Et aujourd'hui, ce n'est plus le cas.

Et donc, même si ça reste une petite série de 10 épisodes... Ça en reste pas moins une série très importante et vraiment d'utilité publique encore une fois. Et qui fait du bien surtout par les temps qui courent, surtout avec ce backlash et ce retour de bâton, ce conservatisme, ce fascisme disons les termes. Et ce climat politique et social extrêmement anxiogène quand on fait partie d'une minorité, et notamment de la communauté LGBTQIA+. Vraiment cette série est une bouffée d'air frais et un véritable coup de coeur. Que j'ai déjà vu 3 fois. Et que je compte revoir encore et encore. Et qui est donc disponible sur le site de France TV Slash. Et voilà je pense que Je vais m'arrêter là et je vais encore une fois vous recommander chaudement de regarder Chair Tendre. C'est la fin de cet épisode, c'est déjà le 30ème épisode du podcast. Merci à vous de l'avoir écouté, merci pour votre soutien, et on se retrouve dans quelques semaines pour un nouvel épisode témoignage.