Laura & Hallux
015 03/03/2023
(Musique de fond)
Hermine : Bienvenue dans " H comme handicapé.es", le podcast qui donne la parole aux personnes handicapées, parce qu'on ne les entend pas assez. Aujourd'hui je suis avec Laura et Hallux qui sont là pour nous parler de leur vécu en tant que personnes handicapées et travailleuses du sexe. Du coup, bonjour à toutes les deux, merci d'être là. Est-ce que vous pouvez vous présenter un petit peu ? (fin de musique de fond)
Hallux : Bonjour, oui, moi c'est Hallux. J'ai 40 ans… Je… C'est pas facile de se présenter, on sait pas par quel bout. Parce que j'ai plusieurs…, identités…, opressées on va dire. Mais là pour ce qui nous intéresse sur le podcast en fait, du coup moi j'ai… Je suis atteinte d'un syndrome d'Ehlers Danlos, ce qui fait que j'ai beaucoup de tendinites…, et que je suis très fatiguée. C'est un peu ça les, ce que ça donne dans ma vie. Et, je dois parfois marcher en cannes, je dois parfois, fin voilà, parfois avoir des, des vêtements compressifs ou trucs comme ça. Et donc, j'ai commencé le travail du sexe…, y'a pas si longtemps, y'a un an, mais ça fait super longtemps que je réfléchis sur…, les sexualités…, j'ai fait du porno aussi et je suis assez militante…, depuis vingts ans, dans les milieux queers, alternatifs, anarchistes et punks. Voilà.
Hermine : Et toi Laura du coup ?
Laura : Bah du coup moi c'est Laura, j'ai 27 ans. Ça fait cinq ans que je suis TDS. Au niveau des handicaps, c'est plus…, psychique de mon côté. J'ai des dépressions chroniques avec anxiété et fatigue chronique également, ce qui fait que c'est un peu difficile de, au quotidien on va dire… Voilà.
Hermine : Ok. Non mais c'est important aussi de rappeler aussi que la dépression, c'est un handicap.
Laura : Bah là c'est surtout mêlée à la fatigue chronique… Quand t'as besoin de 3 jours dans la semaine facile pour te reposer, voire 4 parfois, voire 5 parfois, bah… Y'a plus beaucoup de temps de libre, on va dire.
Hallux : Je comprends trop parce que du coup, moi avec les douleurs, c'est pareil quoi c'est : la fatigue qui entraîne la dépression, qui entraîne fin la douleurs, fin c'est un cercle, un cercle un peu sans fin comme ça. Et… Ouais, les temps de repos, savoir…, pouvoir un peu gérer son temps pour avoir des temps de repos, c'est hyper important !
Hermine : Du coup, bah merci pour ces petites présentations. Du coup, ma première question, c'était : comment, vous êtes entrées un peu dans le travail du sexe, comment vous avez commencé ça ? Et, hum, est-ce que ça a changé, du coup c'est un peu deux questions en une, est-ce que ça a changé…, votre rapport au corps ?
Hallux : Alors, moi, comment je suis rentrée dans le travail du sexe…En fait, du coup comme je disais dans ma présentation, ça fait… Depuis que j'ai commencé le sexe, je crois, que je réfléchis à qu'est-ce que c'est que cette chose. Et c'est un quoi mon, mon interaction avec, avec ça… Du coup ça fait hyper longtemps que c'est dans ma vie, quoi ! Et puis moi j'ai vécu des traumas sexuels aussi, très jeune, du coup je pense que, fin voilà, j'ai eu des moments de, de questionnements… J'ai eu un gros black-out mais après, vers mes 23-24 ans, j'ai eu des gros moments de remise en question et tout ça. Et voilà. Et en fait, j'ai commencé…, y'a 5 ans, j'ai fait partie d'un collectif de porno qui s'appelle le porn process, où on a lancé cette impulsion là à Bruxelles. Oui, parce que j'habite en Belgique. Et du coup…, le fait de me, de faire du sexe en collectif devant la caméra, les caméras d'ailleurs, ça m'a vraiment ouvert…Ça m'a ouvert une voie quoi, je vais dire! Et débloquer plein de choses dans mon rapport au corps, mon rapport aux sexualités… Parce que je pense que, j'ai toujours été pansexuelle comme polyamoureuse, mais que j'avais jamais eu l'occasion de vraiment l'explorer quoi, parce que comme j'avais des traumas avec… les pénis… Bah du coup, ça me faisait, fin ma sexualité elle était un peu limitée on va dire. Et, le fait d'avoir fait ce sexe en collectif, bah ça m'a permis un peu, voilà de revenir, puis des expériences avec des partenaires aussi, de revenir un peu à une sexualité pan, ce qui m'a fait beaucoup de bien ! Et… Y'a quelque part, voilà, le travail du sexe, via ça, fin j'ai toujours eu des personnes travailleuses du sexe autour de moi, hum, dans le militantisme queer. Et ça a toujours fait un peu.partie de moi, comme ça, mais de loin en me disant que moi, j'étais pas capable (rire). Et du coup, bah voilà ça, ouais, ça a changé, fin voilà y'a un an j'ai un peu commencé. J'y pensais déjà y'a plein d'années mais en me disant : « Ouais, j'aimerais bien être…, sexworker pour personnes queer ou meufs… Fin voilà. Mais en me disant que, ethiquement j'avais pas envie d'aller chercher la thune là parce que c'est déjà des personnes oppressées. Voilà, y'avait un peu un truc dans ma tête, de me dire, d'aller chercher la thune chez les mecs cis hétéros quoi voilà ! Je trouvais que c'était assez, un peu comme une revanche comme ça sur mes violences. Et puis, bah voilà, j'ai commencé y'a un an, et je crois que, autant le porno que le travail du sexe, ça a changé complètement mon rapport au corps, ouais. A mon corps à moi. Dans le sens où…, bah je suis beaucoup moins… décomplexée, euh, complexée je veux dire. Je beaucoup plus décomplexée, pis, je crois que dans le travail du sexe, je sais maintenant ce que je vais y chercher quoi. C'est moins flou. Voilà. Et ça a beaucoup changé mon rapport à la, aux sexualités, à ma et mes sexualités. En ce moment par exemple…, ma sexualité elle est presque uniquement dans le travail du sexe, avec des personnes cis hétéros, fin ça me fait beaucoup rire (rire) ! Et puis avec une relation de domination avec deux personnes… : un couple hétéro, qui est pas dans un rapport monétaire. Donc voilà, en fait. Ça a vraiment révolutionné plein de trucs en moi.
Hermine : C'est rigolo d'ailleurs, parce que y'a beaucoup de personnes du podcast, qui témoignent dans le podcast, qui viennent de Belgique.
Hallux : Ah! (Rires) Et y'a un petit, y'a un petit terreau quoi, en Belgique, ouais.
Hermine : C'est ce que j'allais dire, ouais, y'a un petit vivier de personnes militantes en Belgique, c'est cool ! Bisous à toutes mes invité.es belges, vous êtes géniaux, voilà ! Du coup, merci pour cette petite intro. Mais, c'est rigolo parce que tu dis que genre, tu faisais du porno, et que maintenant tu fais du, fin, pour moi le porno ça va aussi dans la catégorie travail du sexe en fait.
Hallux : Oui, c'est vrai, c'est vrai.
Hermine : Laura du coup ? Même question.
Laura : Du coup… Je me suis lancée là- dedans parce que…, j'avais déjà des ami.es qui le faisaient. Du coup ça m'a quand même sécurisée, dans le sens, tous les a priori qu'on a et tout, fin, ça permet de se déconstruire assez facilement quand y'a des proches qui le font. Et… J'avais essayé de faire des petits boulots, type inventaires et tout, et c'..., c'était vraiment pas viable pour moi niveau horaires et, fin en fait, je me suis fait renvoyer parce que j'arrivais même pas à faire ça quoi. Bah du coup je me suis dit : « ok, bon bah il me reste plus que le TDS… Bah je vais faire ça… J'ai pas de moula, je sais pas comment faire, bon bah go! » Et, j'étais déjà en couple à ce moment-là, euh, niveau expériences sexuelles, j'avais pas énormément de bagages, dans le sens où j'avais que eu une seule partenaire (rire). Donc, vraiment, je me lançais là dedans en mode : « ok, bon bah, on va apprendre sur le tas et puis voilà ! » Et ça, fin ça s'est fait très bien au final, et par rapport au… Par rapport au corps, j'étais quelqu'un de très très complexée…, sur mon corps, pourtant je suis, bah je suis dans la norme, on va dire, je suis juste en surpoids, mais… Je sais pas, j'ai toujours eu une confiance en moi qui était très basse par rapport à, à mon physique et…, ça m'a énormément aidée à, à me valoriser parce que, dans ce travail là, si t'arrives pas à te valoriser par rapport à ton corps, t'y arrives pas trop en fait, parce que les clients sentent si t'as de l'assurance ou pas par rapport à ça. Ouais, ça m'a permis de, bah de, de m'assumer, de fin je sais pas de, de me trouver bien quoi ! Ce qui était pas forcément le cas, et du coup je bah, c'est des points positifs en fait qu'on, c'est vrai qu'on pense pas forcément sur le TDS, mais, y'a vachement d'empowerment par rapport à la vie de son corps quoi.
Hermine : Ma prochaine question, c'était sur : l'infantilisation. Parce que c'est… sujet qui revient souvent dans le podcast. Et,du coup c'est un…, sujet qui est, qui concerne beaucoup d'oppressions, que ce soient les personnes handies, LGBT, fin peu importe. Et du coup, les personnes TDS aussi. Du coup, je voulais savoir comment ça se traduit quand on est handie et TDS ? Est-ce que ça fait deux fois plus d'infantilisation, comment ça se passe ?
Hallux : Bah moi je sais pas. Parce que, fin, de mon côté, je le ressens pas trop. Parce que mes clients je leur dis pas déjà (rire) ! C'est…, le seul…, avantage que j'ai tiré d'avoir un handicap… invisible. Ça me permet aussi de choisir quand, je veux le rendre visible ou pas. Après : je dis juste que, moi j'ai besoin de changer de position souvent, en discutant avant les rendez-vous, voilà, je dis ça. Donc, oui, je le sens pas trop, pis mon entourage et carrément TDS friendly donc…ou TDS (rire) ! Du coup, je pense que y'a pas trop cette…, ouais je le ressens pas en tout cas. Ouais, je peux pas dire que je ressens ça.
Hermine : Et toi, Laura, du coup ? J'imagine c'est un peu pareil, nan ?
Laura : Ouais, je ressens pas trop ça, je le dis pas aux clients non plus, parce que bah c'est pas pertinent pour eux. Par contre, niveau sociétal, ça se ressent quand même un peu plus en fait. Parce que bah c'est, c'est ultra stigmatisé quoi, et…
Hermine : Bah, en fait, moi, ce que je pensais en disant…, le parallèle entre l'infantilisation des personnes handies et des personnes TDS, c'est vraiment le truc des personnes abolitionnistes et tout, qui parlent à votre place en fait. Alors que elles ont jamais rencontré de personnes TDS, et que elles vous victimisent sans vos, sans vous connaître quoi. Et c'est un petit peu la même dynamique pour les personnes handies… C'était dans ce sens là que je pensais à l'infantilisation.
Hallux : Ouais. Après… C'est vrai que, moi je crois que je ressens plus de mon entourage par exemple. Moi, je ressens plus d'infantilisation sur le handicap que sur le TDS par exemple. Mais bon, parce que voilà, j'ai un entourage…, particulier et je suis pas out, sur le TDS dans ma famille. J'ai déjà dû faire tellement de coming out, que bon, celui-là je me suis dit :« bon allez c'est bon ! (Rires dans la voix suivis d'un éclat de rire). Hum, voilà, puis mes parents sont plutôt vieux donc… Je me dis c'est plus la peine de voilà. Après je, ouais, je crois que j'ai déjà eu des…, des moments d'infantilisation…, dans, dans le TDS par des clients mais plutôt…, de par ma précarité. Sans forcément parler du handicap, enfin, en tout cas en en parlant peut-être, mais de façon détournée, voilà pour dire que j'ai des douleurs et tout ça. Ouais, j'ai plus senti l'infantilisation de mon… sexe plutôt que… de mon handicap. Par rapport au fait d'avoir, un vagin et être remise à un genre… féminin. Et du coup, ouais c'est plus dans ce sens là. Après, les, je les rembarre souvent. Voilà, après moi c'est particulier parce que je vends des services sexuels, de soumission, alors où moi je suis soumise et c'est plutôt du hard ou du BDSM, et du coup, voilà, ça fait un peu bizarre aux gens… Fin à mon entourage, ça fait, ça leur fait un peu bizarre ou ils sont là : « Mais attends t'as des douleurs et tout ça ». Mais justement je trouve ça intéressant, fin, je trouve pas que ce soit infantilisant, je trouve ça intéressant comme débat en fait à avoir. Sur… Les choix que tu fais dans tes sexualités ou comment tu peux accéder au plaisir ou comment détourner la douleur pour en faire…, quelque chose de, de positif. Et… Et oui, les clients, c'est plutôt… Je me tape beaucoup de faux clients, donc qui vont discuter, discuter, me faire des faux plans par exemple ou… Parce que ça on n'en parle pas assez des faux plans dans le TDS.
Laura : Y'en a beaucoup trop ! (Rires)
Hallux : Beaucoup trop ! Et je trouve qu'en ce moment c'est encore pire quoi ! Ils te font déplacer pour que dalle… Ça m'est encore arrivé hier où, tu te déplaces jusque chez eux, et en fait ils te font dépenser de l'essence machin nin nin nin, pis arrivée devant l'adresse qu'on te donne y'a personne…
Laura : Puis y'a plus de nouvelles ou quoi que ce soit quoi…
Hallux : Ouais. Ah ! Toi aussi ça t'arrive ! (Rires) Ça me rend dingue (rires)!
Laura : Mais je suis à… Rennes, et c'est un peu une des pires villes pour taffer, y'a beaucoup beaucoup de fantasmeurs comme ça, qui vont te faire déplacer et perdre du temps pour rien. Ou parfois t'attends genre 20 minutes devant une porte d'hôtel quoi, et c'est un peu l'horreur.
Hallux : Ouais je comprends pas ce délire en fait ! C'est au dessus de mes capacités de compréhension de pourquoi en fait, faire ça ? C'est vraiment dégueulasse !
Hermine : Ouais, du coup, en fait, Hallux ce que tu disais, c'est plutôt, l'infantilisation c'est plutôt par rapport à ton genre que par rapport, par rapport au handicap ?
Hallux : Oui, j'ai l'impression. J'ai l'impression. Après le, l'infantilisation de mon handicap dans la sexualité, je l'ai plutôt eu…, dans mon… intimité. Avec des partenaires amoureux.ses.
Hermine : Intéressant. Mais comme quoi, en fait, ouais c'est vrai, l'infantilisation ça se retrouve absolument partout, dans toutes les oppressions (petit rire), genre, y'en a pas une où ça… Surtout quand t'en cumules plusieurs, même si t'es pas trop infantilisé.e dans une oppression, t'es en,forcément infantilisé.e dans une autre.
Hallux : Oui, c'est ça. Moi je crois, j'ai vraiment plus ressenti l'infantilisation des clients par rapport à ma classe sociale : fin, tu vois, t'as des clients sauveur, quoi ! Genre : « Je vais te sauver de là, je vais te trouver un appart tu vas voir…» Un moment j'avais plus de logement et je le disais, et du coup, ouais voilà, c'est les clients sauveurs quoi. Et puis en fait après, ils te foutent un gros faux plan, tu vois (rires). Mais… Voilà, c'est plus dans, dans ce sens là. Après, comme je dis le handicap, j'en parle peu. Je pense que…, c'est un peu erroné quoi. Mais, dans les sexualités, moi c'est avec…, avec les partenaires avec qui j'ai pu être. Parce que mon handicap, il s'est déclaré y'a pas longtemps non plus. Fin, je l'étais déjà, mais voilà, depuis 3-4 ans, c'est… C'est dégénérescent quoi, fin ça s'empire. Et du coup, voilà, ça a été plus des, des endroits où j'ai été mise… Fin voilà, j'ai été figée quelque part, en incapacité de, faire ci ou faire ça. Sachant que bon, voilà, c'est pas forcément… Fin, le corps n'est pas figé, fin ça peut évoluer d'une façon ou d'une autre quoi, et que… Et puis beaucoup dans, dans le fait que effectivement l'a, l'acte sexuel moi, ça me provoque des douleurs, mais que, voilà, j'ai envie de choisir. Fin je veux dire : marcher me provoque des douleurs. Donc pourquoi pas faire du cul et choisir que le cul va me faire des douleurs, fin ? Que les personnes qui ont pu être, dans l'amour avec moi, voilà, voulaient pas me créer des douleurs, être à l'origine de, voilà.
Hermine : Ouais, donc y'a plus de liberté dans le TDS au final… Par rapport à ça quoi.
Hallux : Oui, parce que c'est des personnes inconnues et je peux leur, on peut leur raconter ce qu'on veut.
Hermine : Trop bien ! Trop intéressant ! La prochaine question, c'était sur : en fait pour préparer l'épisode du coup, et même avant, c'est un truc qui est revenu souvent dans les témoignages que j'ai entendus ou lus, c'est le côté un peu…, care. Fin, y'a beaucoup de personnes qui trouvent que…, leur travail et le travail du sexe, c'est un travail d'accompagnement, fin y'a un côté très social dans le travail du sexe, qui peut se rapporter au, au care quoi. Et du coup, je trouve ça intéressant, parce que : les personnes handicapées, on, on se dit pas que c'est elles qui vont nous donner du care, mais que genre, nous personnes, fin personnes valides ou quoi, on doit leur en donner et pas l'inverse. Du coup…, je trouvais ça intéressant. Du coup j'imagine vu que vous en parlez pas, doit pas trop y avoir de, de dynamiques comme ça, mais fin, ouais, est-ce que vous avez quelque chose à dire là dessus ?
Laura : En vrai, c'est quasiment omniprésent, parce que… Rien que quand quelqu'un vient pour un rendez-vous, bah en fait, c'est surtout de la tendresse qui veut quoi, fin c'est… Après, j'avoue, je suis moins dans le care depuis que je travaille chez moi. Je reçois les clients chez moi maintenant. Euh, avant je me déplaçais et là c'était beaucoup plus…, facile de, d'en faire parce que…, bah j'ai pas… La notion d'intimité est pas la même, du coup, je p, c'est plus facile en fait, de, de donner du care à quelqu'un dans un autre espace que dans son intimité. (Grande respiration). Je trouve. Quand tu connais pas les gens en tout cas. Après… Si c'est un client régulier c', ça va quoi mais… Mais nan, nan, c'est assez omniprésent en soi. C'est pas… Ça fait partie de la demande en soi, les gens y veulent pas juste du cul, du cul, du cul ! Ou alors c'est rendez-vous sur le parking quoi, c'est… Et même rendez-vous sur le parking, bon je l'ai fait, c'est pas à faire hein, parce que sécuritairement, c'est vraiment pas top, bah… Y'en a oui, qui ont besoin de parler, tout ça, de… Après, moi ce que je propose c'est surtout…, juste du GFE, donc plutôt classique et tout ça, on papote,on, on fait des câlins…, et on explore un peu, aussi, si y'a quelques petits trucs qui z'ont envie, par exemple, découvrir leur prostate et tout ça, bah moi ça me fait kiffer donc…, je le fais aussi quoi. Et eux y sont contents et…, en fait c'est, ils apprennent sur eux, en fait. Mais a, avec leurs limites et tout ça, fin vraiment c'est beaucoup de communication en fait, ce taf. Ce qu'on pense pas forcément. Mais, du coup, ouais, je dirais plus que c'est beaucoup de communication, plus que du care en fait, quand même. Je sais pas pour toi Hallux, mais…
Hallux : Oui, c'est plus de la communication, ça c'est vrai, je trouve. En tout cas, c'est plus un apprentissage de communication. J'ai l'impression que nous on est dans la pédagogie de leur apprendre à communiquer sur…, leurs désirs, sur…, le consentement aussi. Fin, respecter le consentement de, le nôtre (rire). Mais après, ouais moi comme j'ai, mes services y sont assez…, spéciaux, et que du coup, je suis déjà direct dans la sexualité, souvent. Fin, pour moi, c'est une façon, en fait le care je le vois dans les deux sens. Parce que, du coup, moi si j'ai commencé le travail du sexe, c'était aussi, j'ai ré, beaucoup réfléchi à qu'est-ce que j'allais proposer comme services, qu'est-ce que je suis en capacité de proposer comme services surtout. Et du coup…, le hard et le BDSM, c'était un… Une façon pour moi de pouvoir faire le moins d'efforts dans…, l'acte. Parce que, moi, je suis de nature très switch, c'est-à-dire je, je peux changer les rôles du dominant au dominé, mais…. Bah ces derniers temps avec le handicap, du coup y'a des choses que réellement, je peux plus faire. Ou alors que je peux plus le faire s…, c'est surtout que je peux plus le faire sur la durée. Et du coup, bah voilà, je me suis dit : « Tiens, bah on va essayer de vendre ces services-lá et puis on va voir ! ». Et en fait c'est assez étrange parce que, pour moi, je crois que les clients que j'ai, sont vraiment…, quasiment directement dans la sexualité, et on parle après, en fait, le care il vient après. Ou pendant quoi. Pendant l'acte. Ou si, ça va être, si c'est sur plusieurs heures, c'est beaucoup plus sur plusieurs heures aussi…, au moins deux heures. Et bah du coup… Voilà, on va, sectionner les parties sexe, et, entrecoupées de papote, et de justement parler de, c'est quoi les pratiques…. Moi je viens avec des…, safe word, parce que c'est important. Et je teste avant, sur, avant mes limites personnelles, je teste sur…, voir si il va les respecter et je lui dis d'ailleurs que je vais tester. Fin, voilà y'a tout un truc comme ça de, dans le BDSM, pour moi, qui m'a assurée, d'avoir…, un cadre qui me permette d'être, en sécurité, mais aussi de m'apporter du soin. Et, dans le fait de m'apporter du soin au niveau de mes sexualités, et bah j'en apporte forcément…, à l'autre personne. Je sais pas comment dire, y'a un truc comme ça de réciprocité…, qui se fait assez naturellement quoi.
Hermine : Mais, en fait, fin moi quand je vous entends parler de ça, du coup ça a l'air quand même fatigant, de genre communiquer, discuter et tout. Fin, peut-être parce que je suis introverti.e de base, mais (rire), mais je sais pas, il faut a, quand même avoir l'énergie de, de faire ça à chaque fois et tout, fin… C'est pas trop fatigant ?
Hallux : Ah bah c'est du travail, hein ! (Rires collectifs).
Laura : Si c'est… Fin en fait faut être, la vigilance, mais dans le sens vigilance aux émotions des autres…. C'est surtout ça quoi !
Hallux : Ouais, je pense y'a ce truc-lá, et puis,en vrai, bah…, comme tu disais Laura, moi bah c'est pareil, j'ai pas beaucoup de clients, quoi! C'est…, à peine si j'en fais un par mois, tu vois ? J'essaye de les, moi je mets des tarifs assez hauts, exprès, comme ça ça fait un premier tri. Et puis, tout le travail pour moi, le plus difficile, c'est paaas dans la sexualité, dans l'acte quand on est avec le client, c'est dans tout ce qui est avant. De trouver le client, parce que on s'en tape tellement des (gros soupir), voilà (rire). Des beaux parleurs.
Hermine : Et oui, et Laura quand tu disais GFE, c'est GirlFriend Experience, c'est ça ?
Laura : Ouais donc c'est vraiment très doux, classique….
Hallux : Ouais, c'est marrant, on est à l'opposé quoi du coup (rire d'Hallux suivi d'un petit rire de Laura)!
Laura : Ouais mais c'est bien du coup… Ça se complète.
Hermine : Ouais, carrément ! On arrive bientôt à la fin, et c'est une question que j'avais déjà posée dans un épisode précédent, qui est l'épisode … sur la sexualité, avec Ivanka et Lisa, qui est super si vous voulez aller l'écouter, allez l'écouter,il est très bien, voilà. Du coup ouais, j'avais déjà posé cette question dans…, ancien épisode, et c'était une question sur : les personnes TDS dans l'accompagnement sexuel, et plus largement l'accompagnement sexuel pour les personnes handicapées. Et du coup, pour vous, en tant que personnes handies et TDS, quel est votre point de vue sur, sur cette activité…? Qui fait partie du TDS mais aussi des personnes handies, fin c'est tout un, c'est assez complexe, en vrai. Du coup… Quel est votre point de vue là-dessus ?
Laura : Bah j'ai déjà eu des clients…, qui sont handis et qui m'ont demandé des services. C'est clairement pas pareil qu'avec des autres clients parce que, bah, y'a tout ce qui est préparation avant en fait… Quand je dis handis en tout cas c'est handis physique parce que, les autres ils en parlent pas déjà. Donc là, c'est notamment : j'ai eu deux clients qui sont en fauteuil. Je sais qu'ils avaient du mal à avoir des, à contacter dès TDS en fait. Ouais donc fallait les déshabiller, les mettre sur le lit, parfois changer la couche, pas qu'elle était sale, mais juste, bah en fait on l'enlève pour les prestations. Donc après faut en remettre une. Et en fait tout ça, on nous l'apprend pas. Rien que ça, si on n'y est pas confronté…, en formation ou dans un autre job avant, bah ouais, c'est pas, c'est pas inné et du coup c'est au client de nous l'apprendre et c'est pas… Ça peut être un peu galère parfois quoi. Mais autrement… Ouais, ils ont du mal à trouver des, des gens qui acceptent de les voir, ce qui est… con je trouve, mais bon. Après en général, ils demandent plus de…, plus d'énergie, parce que bah, ils ont plus de besoin de, d'affection, c'est con hein…, mais je l'ai ressenti. En tout cas… Du coup, je fais quand même qu mieux pour bien communiquer et pas, fin… Le truc en fait : c'est plus difficile de mettre des limites, j'ai envie de dire. Dans le sens où ils s'attendent à une relation en quelque sorte, même si c'est tarifé, alors que, bah en fait, on fait juste des prestations. Alors certes, on, on est à fond dans le, dans le moment partagé et tout, mais, par exemple, envoyer des messages tous les jours et tout, bah c'est, c'est pas notre taf quoi. Et en général c'est plus ça, c'est vraiment un manque de, ouais de, de relation. Ce qui n'est pas nos services, fin en général. Parce que parfois y'en a qui le font, et tout avec notamment Snapchat et tout. Mais…., c'est pas forcément le cas pour tout le monde et…C'est ça qui est un peu difficile à mettre le holà dessus pour que ce soit compatible avec les rendez-vous. Parce que, bah c'est chiant de, de dire : « bah non je te vois plus parce que t'es trop pot de colle en gros ».
Hallux : Moi j'ai jamais eu de clients…, handicapés physique. Et, en général, je les refuse, parce que je sais que j'ai pas le physique pour, du coup. Après j'ai des collègues qui le font, qui font des prestations pour les personnes handicapées physique. Et, c'est toujours, fin voilà c'est le même constat que tu dis Laura, c'est de… C'est que y'a beaucoup de manipulations du corps et sans forcément avoir de formation et je trouve que ça, ça serait quelque chose qui serait intéressant à, à mettre en place. Je crois qu'il y a une formation qui existe en France.
Laura : Ouais, y'en a une. Je crois qu'il faut être déclarée en fait pour l'avoir. C'est vraiment pas le cas de tout le monde, quoi, fin surtout quand t'es handis parce que bah du coup, bah t'as l'AAH et c'est en complément on va dire ce qu'on fait. Mais…, ouais, y'a une formation qui existe parce que je connais des collègues qui le font en effet. Qui, qui ont fait la formation. Après, bah perso j'apprends sur le tard quoi, mais c'est pas, c'est pas ce qu'y'a de mieux clairement.
Hallux : Ouais, c'est ça. Bah, en fait, je trouve que…, bah voilà c'est un truc…, bah voilà après on part sur une autre discussion de…, comment le TDS il est perçu quoi. C'est que du coup, comme on apprend tout sur le tas, (rires) bah ça, façon de parler, fin façon très imagée de parler quoi, mais… Du coup oui…, voilà, je pense qu'on fait beaucoup d'erreurs, on est beaucoup dans le, fin c'est aussi beaucoup d'apprentissage par les pairs et les mères et que, bah comme c'est un, un travail qui est pas reconnu, du coup voilà, y'a pas de formation, y'a pas de, y'a pas d'échange, y'a pas… Donc là, c'est ce dont on est en train de…, travailler en Belgique puisque la décriminalisation elle est passée. Youpi (Rire)! Première d'Europe, youpiii (rire) ! J'espère que ça déteindra, sur la France mais…, j'ai peu d'espoir pour l'instant. Mais, en,en, en tout cas,voilà c'est aussi une réflexion aussi de, ouais de déclarer, pas déclarer, comment on fait…. Et se dire que : l'assistance sexuelle, elle peut être… fin…. Moi j'ai envie de dire qu'elle peut être pour tout le monde en fait ! En vrai, j'ai l'impression que c'est un travail qu'on fait, déjà. Après c'est pas forcément sur le handicap, pas forcément visé vers les handicaps…, physique, mais …, du coup, si les, si les personnes elles font appel à nous, c'est bien qu'y'a une carence quelque part. Fin, voilà, je trouve que c'est intéressant de pouvoir parler de ça aussi, et que ça paraît plus…, plus logique, ou…, plus imaginable pour les personnes handicapées, ce qui est bien. Euh, parce que c'est clair que fin, c'est, c'est un service qui de, qui devrait être du quoi. Mais c'est vachement mal perçu quoi la sexualité chez les personnes handicapées…Fin on en parle pas en fait !
Hermine : C'est pas que c'est juste mal perçu, c'est que c'est pas perçu en fait (rire).
Hallux : Oui, c'est ça (rire) !
Hermine : Et ouais, non c'est hyper intéressant. En fait, là vous parlez, du coup y'a plein d'idées qui me viennent en tête et je sais pas par où commencer. Mais du coup, ça me fait quand même penser à ce qui s'est passé quand, je cherchais des invité.es pour cette épisode. Parce que, je trouve que c'est très…, parlant sur comment on voit les personnes handicapées. C'est-à-dire que, j'avais du mal à trouver, c'est la première fois que je galère autant à trouver des invité.es pour un épisode. Et donc, j'avais du mal à trouver, et donc j'ai fait un appel à témoignages sur Instagram, comme je fais très souvent. Et, en précisant bien que je cherchais des personnes handicapées et TDS. Et… Quend j'ai partagé le truc en storie, j'ai eu beaucoup, beaucoup, beaucoup de personnes qui m'ont contacté.e, en pensant que je cherchais des TDS valides dans l'accompagnement des personnes handies. Ou en tout cas, dans l'accompagnement des personnes handies tout court quoi…
Hallux : C'est intéressant ça !
Hermine : Et vraiment, j'ai eu genre : 5-6 personnes qui m'ont envoyé.e des messages comme ça. Et pourtant, et j'ai relu l'appel à témoignages plusieurs fois, et j'ai bien, fin y'avait bien écrit : « handicapées et TDS » quoi.
Hallux : Oui, c'était écrit hein ! Fin, moi j'ai trouvé très clair.
Hermine : Ah ! On est d'accord, merci ça me rassure (sourire dans la voix) ! Mais du coup, ouais, j'ai trouvé ça hyper intéressant sur, sur comment les gens imaginent la sexualité des personnes handies quoi, fin genre, c'est forcément dans…, l'accompagnement et pas forcément dans un truc de : où c'est, c'est nous qu'on tient les rėnes tu vois ? Fin genre, c'est forcément on est des assisté.es quoi, tout le temps !
Hallux : Oui baaah…, j'crois que c'est assez symptomatique de comment on perçoit les personnes handicapées tout court !
Hermine : Ouais complètement ! Bah, pour continuer là-dessus, du coup y'a un type qui m'a envoyé un message, qui était du coup pas du tout concerné et son message était totalement à côté de la plaque, et il a pas compris ce que je cherchais. Et du coup y m'envoie un, un vocal après, pour me dire : « Ah désolé j'avais pas compris », parce que du coup, moi je avais dit que je cherchais bien des personnes handicapées et TDS, j'avais le « et », en majuscules et il m'a, il m'a répondu dans son vocal en disant : « Ah, euh, mais handicapées et TDS, je pense que c'est assez improbable de trouver et tout". Et… (soupir), ça m’a, ça m’a tellement énervé.e ! (Rire d’Hallux)
Laura : Ben ouais parce que… en fait il y a masse de TDS qui sont handi.es… en général des handicaps invisibles, chroniques, et en fait, ben… qui n’ont pas trop le choix de faire d’autre taff, parce que c’est pas accessible. Du coup ben… les gens font du TDS quoi. Mais en vrai c’est hypra commun, enfin… je connais masse d’autres collègue qui, qui sont TDS et handi.es en fait.
Hallux : À fond. Moi aussi.
Laura : Ouais !
Hallux : Ouais, oui, oui ! C’est ça, c’est que… c’est vraiment une vision erronée, c’est, enfin, il y a un endroit où le TDS permet une liberté aussi de travail, permet une liberté de… Moi je trouve que ça permet de me sortir aussi des… de la notion de travail parce que je travaille, oui, mais c’est un travail qui me plait, et puis j’aime être en contact avec les gens, j’aime être en contact sexuel avec les gens. En plus je me fais plaisir. Enfin, voilà, je me… je me fais plaisir avec mon corps, oui, je sais pas, il y a un endroit, c’est des notions dans le travail, normé on va dire, qui ne sont pas… qui ne sont pas du tout ! Où on doit travailler pour être productif. C’est la société capitaliste qui fait ça et que… à l’inverse des, des arguments des TERFs où on capitalise nos corps, ben au fait, on capitalise des services, mais, c’est pas nos corps, déjà, c’est des services, mais c’est surtout que pour moi, y’ un endroit où c’est complétement, le fait qu’il y a un rapport monétaire, on n’a pas le choix. Enfin, on n’a pas le choix, je veux dire, voilà, on est dans une société où il y a de l’argent. Moi, si je pouvais faire autrement, et ben j’aimerais bien, j’ai déjà proposé d’ailleurs de faire en troc avec des clients ou il y a un client qui m’a filé des… qui m’a fait des robes par exemple. Il y a un truc où pour moi c’est un échange… et que j’en tire profit quelque part, j’en tire, pas dans le sens, j’en tire profit productiviste, tu vois mais j’en tire un profit personnel, où moi ça me permet de me réapproprier mon corps, de pouvoir être claire sur les limites de mon corps, de mon consentement, enfin c’est des choses et je soigne des traumas comme ça. En vrai je soigne vraiment des traumas, des traumas sexuels, ben je les soigne avec la sexualité, les sexualités et surtout le TDS en vrai. Et le BDSM, aussi (rire). Ce truc de réappropriation du corps, quoi. Et je crois que dans le travail, comme il est interprété dans ce monde, en tout cas dans ce monde occidental, il y a vraiment pas du tout ces notions-là, quoi de… d’appropriation des pratiques et des… et des corps quoi. Même dans l’art contemporain, en fait, pour moi ce qu’on fait dans le TDS c’est une certaine f… c’est entre l’art et le social en fait.
Hermine : Oh c’est beau!
Hallux : Ouais, nan mais c’est vrai ! (Rire bref) c’est vrai, franchement parce que des fois tu vois, on fait des vidéos, moi j’ai déjà eu des… j’ai déjà eu clients qui voulaient se filmer pour se le repasser après, des fois on doit aussi faire des photos de nos corps, pour les agences, il y a vraiment pour moi cette dynamique de performance aussi. Et donc la performance c’est de l’art.
Hermine : Du coup est-ce que vous avez quelque chose à rajouter avant que on termine l’épisode ? Laura je crois que tu voulais parler d’un truc, si je ne m’abuse…
Laura : Ben ouais, c’est par rapport à la gestion du temps, en quelque sorte, enfin, et à l’énergie, quoi, à nos capacités en gros. Avant je pouvais taffer énormément, ben pour m’évacuer parce que en fait j’avais pas l’AAH, j’avais besoin de thunes, enfin voilà. Du coup je taffais… je travaillais de ouf, et dés que j’ai eu l’AAH, en fait, mon corps et mon mental il a fait « non, tu ne travailleras plus, tu ne pourras plus avoir de clients pendant plusieurs mois, voire un an, voire deux ans ». Après j’ai repris, c’était à peu près au moment du covid en plus. Et maintenant en fait je reprends mais avec mes conditions, donc vraiment, je travaille chez moi, avec, allez, entre un et trois clients par mois à peu près en vrai, parfois plus mais c’est quand même très rare, et c’est clairement pas… ce que les gens pensent de… de la pute on va dire, parce que oui, on a le droit d’utiliser le mot « pute » si on est pute hein. Mhhh, on fait pas à la chaine, quoi, enfin… et quand on est handi.e encore moins, on va pas se mentir. Je vois des collègues qui arrivent à faire, à faire des voyages par-ci par-là, à… à même à avoir un lecteur de carte bancaire quoi tellement, tellement elles taffent bien et qu’elles sont déclarées et tout. J’aimerais pouvoir faire ça, pouvoir être déclarée et… et pouvoir taffer, genre trois, quatre fois par semaine. Mais en vrai bah c’est pas faisable de, vu… vu ma fatigue chronique notamment quoi. Et… je pense que c’est pareil pour beaucoup d’autres personnes en fait. Et ça on n’en parle pas assez.
Hallux : Ouais, je suis trop d’accord, je plussoie, je plussoie, ouais. (Rire de Laura) nan, c’est vrai, il y a vraiment un truc de… de fétichisation aussi de la pute, tu vois. Je crois que ça a été aussi lié à ça, à la fétichisation, moi il y a beaucoup de clients, quand je leur réponds pas, j’ai un téléphone à part et des fois je laisse de côté genre trois semaines hein, je m’en fous.
Laura : Ouais, pareil, vraiment pareil.
Hallux : (Rire) et du coup quand je réponds pas ils me disent « ah tu dois être en train de baiser, et tout, nanana », et je leur dis hein, je fais « non je fais pas que ça de ma vie, en fait… ». Il y a des moments aussi, et en fait la plupart du temps je ne baise pas, en vrai (rire), mais que, ouais, qu’il y a un truc de gestion du temps qui est… qui est vachement important. Voilà, ça peut être très frustrant des fois, quand justement t’as décidé… que tu voulais aller travailler mais que en fait, ben les clients ils te foutent des faux plans et lalalilalala, c’est… ça peut bien vénère. Mais bon voilà après…, ouais j’ai l’impression qu’il y a un endroit où c’est plus de la fétichisation, et que cette fétichisation elle existe pas que chez les clients quoi. Même entre TDS ça peut arriver, enfin voilà il y a des personnes travaillent à fond, comme tu dis, tu vois. Enfin il y a différentes classes sociales chez les TDS aussi. Mais ouais, après enfin voilà, c’est qu’il y a vraiment… moi j’avais appris là l’… une échelle aussi, par rapport, par rapport aux privilèges et ça existe aussi chez les putes et c’est important quoi parce que… en vrai… enfin voilà des fois les discussions que je peux avoir avecdles collègues c’est un peu dur quoi.
Laura : C’est simple : déjà si tu fais déjà plus de quatre-vingt kilos, enfin tes annonces peuvent être, ben shadowban, sachant que quatre-vingt kilos en fait il y a beaucoup de personnes qui sont au-dessus. Alors, soit tu tapes sur les fétichistes qui vont du coup rechercher les personnes grosses, enfin grosses… fin quatre-vingt kilos c’est même pas gros quoi mais… bref.
Hallux : Ben dans ce monde si… (rire)
Laura : Ouais, voilà (rire)… Mais, et dans ce cas-là tu peux… ta clientèle c’est majoritairement des fétichistes, ou alors ben tu mens sur ton annonce mais ben les fétichistes ils peuvent plus te retrouver par rapport à ton poids, et… enfin, c’est assez ouf en fait comment rien que ça, c’est le truc principal, mais après t’as aussi, en effet, ben si t’es racisé.e ou pas, ben t’as beaucoup plus de clients ou pas, en général beaucoup moins on va pas se mentir. C’est pas mon cas mais je connais des collègues, ben je pense que tu… c’est le cas pour toi non, Hallux ?
Hallux : Ben moi tous mes cli… quasiment tous mes clients sont racisés, voilà. J’ai très peu de blancs quoi. En tout cas qui m’écrivent et tout, ouais j’en ai très peu. Parce que… ben voilà, il y a une certaine fétichisation aussi tu vois. Et pareil, ben moi… moi j’ai fait le choix de… de mettre mon poids et… En fait je crois qu’il y a un endroit où pour, pour moi… toutes les oppressions que je subis, pour moi, dans le TDS, elles ont un prix, et ça je trouve ça très intéressant. Donc je les mets en avant en fait. C’est, ce que je suis en fait, parce qu’il y en a plein qui viennent me voir il me font « ouais, t’es trop chère, et tout, mais j’adore ton gros cul », et ben du coup je suis « ben voilà, t’adores mon gros cul, tu payes » (rire). Ils comprennent pas trop hein, c’est, c’est compliqué.
Hermine : J’aime trop l’empouvoirement dans ce que tu racontes Hallux c’est trop cool.
Hallux : Ah merci, c’est gentil, merci (rire). Ah ben c’est pour ça que je gagne des sous hein (rire).
Hermine : Nan mais je veux dire, enfin, la démarche, et comment tu dis que c’est du care pour toi, et tout enfin c’est trop bien, c’est trop bien. Ça, ça démonte tellement l’image de… de la TDS victime, machin…
Laura : Ouais mais faut arrêter avec ça…
Hermine : Arrêtez avec ça, le TDS c’est pas juste de la traite humaine là, c’est pas des personnes exploitées, c’est pas que ça, enfin genre, c’est un spectre qui est hyper vaste, comme pour le handicap, comme pour la communauté LGBT+, enfin, comme pour tout en fait, et… et oui, éduquez-vous, les gens, arrêtez vos bêtises.
Hallux : C’est pas que ça, et en vrai, c’est… la plupart des TDS sont contre l’exploitation des corps hein donc… et là dans les lois justement, qu’on est en train d’écrire, de la décrim’ il y a aussi ça quoi, comment on lutte contre ça, comment on laisse le choix, comment… enfin pour moi le TDS c’est un choix, c’est pas… Et je sais que j’ai le… que j’ai le privilège, moi, que ça soit un choix. Voilà, je fais ce travail pas par nécessité, je fais ce travail parce que j’ai envie de le faire. Du coup c’est vrai que… c’est, c’est soulant en fait, quand… ouais, c’est soulant. (En riant) Ce truc de… franchement, on te dit « oui, mais quand même », mais, souvent à moi on me dit, des clients « Ah mais tu respectes pas ton corps et tout » et je dis « Mais justement, je vous dis, c’est le contraire, putain ! » (rire)
Laura : (Rire) je pense que c’est plus facile de mettre des limites dans le cadre du TDS, dans le cadre du taff que dans la vie perso, rien que ça en fait c’est…
Hallux : Mais grave… enfin, ça apprend trop, justement les limites du consentement… moi j’ai aucun soucis à envoyer chier des gars quoi.
Laura : C’est ça, t’as pas peur de les blesser, c’est…
Hallux : C’est clair. Enfin j’avais pas trop de problèmes avant non plus mais… mais là dans la, dans la sexualité comme ça, je, enfin voilà, moi je suis claire avec… voilà parce que de toute façon, eux ils vont toujours monnayer. T’as beau dire ce que tu… eux, ils vont toujours monnayer c’est un truc de fou.
Hermine : Ah mais merci franchement c’est trop intéressant, tout ce que vous avez raconté et j’espère que ça va « dé-abolo-iser » certaines personnes (rire), si ça fait sens ce que je dis !
Hallux : On croise les doigts alors (rire) !
Hermine : Ouais, franchement j’espère. Et moi-même j’ai pas toujours été allié.e des personnes TDS et pendant très longtemps j’ai eu des visions hyper abolo sans m’en rendre compte, mais, pendant très longtemps j’avais une vision hyper abolitionniste du TDS et des personnes TDS et des réalités et tout, et en fait un jour je me suis rendue compte que en fait j’avais jamais écouté une seule personne TDS de ma vie, alors que j’étais la première à dire « oui, la parole aux concerné.es, tout ça ». Mais, quand il s’agissait des TDS j’étais encore vachement dans cette victimisation et tout, et c’est en écoutant un podcast que je me suis rendu.e compte que vraiment je… j’étais à côté de la plaque quoi ! D’ailleurs podcast qui n’est pas accessible et qui n’est pas retranscrit, et que je ne pourrai pas recommander, que je ne pourrai pas citer, c’est fort dommage parce que ce podcast est génial, mais vraiment, rendez vos podcasts accessibles s’il vous plait ! Mais voilà, enfin, pour dire que c’est possible de passer à… à, à genre « je sais pas trop mais je suis quand même un peu beaucoup abolo » à « je suis alliée et je fais un épisode qui donne la parole aux personnes TDS ».
Hallux : Bravoo !!
Hermine : Nan, nan, c’est pas pour me lancer des fleurs !
Hallux : Mais nan, attends c’est hyper important que, ton témoignage, que tu le dis, tu vois aussi que… ben voilà, on a beaucoup d’intériorisation de… de toutes les discriminations et oppressions. Même moi j’ai été raciste, donc voilà.
Hermine : Ehee, voilà, nan mais du coup, ouais, enfin c’est important de dire que tu peux évoluer, que c’est possible d’évoluer sur tes positions et tes questionnements et tout et que on peut arrêter d’être abolo alors les abolos arrêtez d’être aussi… têtu.es ? Je sais pas comment dire mais… et de faire preuve d’autant de mauvaise foi et tout là parce que vraiment c’est...
Hallux : …Fatigant ! C’est Fatigant (rire).
Hermine : Ouais, vraiment. Et je suis même pas concerné.e, encore une fois, franchement je suis énervée pour vous alors que… alors que voilà, du coup merci pour… tout ce long témoignage, c’était fort fort intéressant. Et, je rappelle que cet épisode sortira, enfin quand il sortira, il sortira le trois mars, qui est la journée internationale pour les droits des personnes travailleuses du sexe. Et c’était vraiment important pour moi qu’il sorte ce jour-là parce que… enfin il faut donner d’autres discours que ceux qu’on entend partout, qui sont ceux des abolos justement. Et voilà, et le trois mars c’est aussi l’anniversaire du podcast.
Halux : Oooh, wow ! Et… quel âge ?
Hermine : Il a deux ans, il est encore un bébé. Mais pour un podcast en vrai c’est, c’est vieux ! Parce que ouais, la toute première bande annonce je l’ai sortie le trois mars 2021.
Hallux : Trop bien ! Ben joyeux anniversaire !
Hermine : Merci, merci. Je suis assez fier.e de moi, vraiment, on se… on se rend pas compte, et là j’ai besoin de parler de ça même si c’est pas trop le sujet mais, on se rend pas compte à quel point faire un podcast quand on est indépendant et quand on est handicapée et quand on n’a pas d’argent, quand on n’a pas d’équipe, à quel point c’est fatigant, enfin… Je suis quasiment toute seule à bosser là-dessus, c’est moi qui vais faire le montage là, et le montage il va durer des plombes parce que l’épisode fait plus d’une heure là au moment… là où on parle actuellement. Et vraiment, à quel point c’est fatigant, vous vous rendez pas compte, en fait c’est un travail à temps plein, ok, c’est pas une occupation, c’est pas un passe-temps, c’est vraiment un travail. C’est comme le TDS là, vous dites à chaque fois que les, le TDS c’est pas du vrai travail et que les travails de façon bénévoles qui sont pas rémunérés c’est pas des vrais travails, mais si en fait ! Parce que j’ai déjà fait un burnout, et que j’ai failli en faire un deuxième, et que j’ai fait une pause de deux mois là, et que je reviens après trois mois sans enregistrer parce que là j’en pouvais plus, et oui, enfin, voilà en fait, c’est vraiment du travail, et c’est… euh, c’est… trop d’émotions d’un coup. Mais… tout ça pour dire que je suis fier.e de moi parce que j’ai réussi à tenir sur la durée, et que j’ai encore envie de continuer même si c’est de plus en plus chiant, notamment les problèmes techniques.Jje pourrais faire un épisode entier sur les problèmes techniques, parce que voilà, j’enregistre à distance, et que du coup il y a toujours pleins de problèmes de micro ou de connexion internet qui marche pas, et juste, en fait, là on enregistre, c’est un parfait exemple, on enregistre un vendredi matin, alors que en fait on devait enregistrer le jeudi soir, mais il se trouve que la première invitée à laquelle j’avais pensé n’a pas pu participer parce que sa connexion internet était trop mauvaise, parce que elle habite en campagne et qu’apparemment en campagne il y a encore des personnes qui ont l’ADSL, genre, c’est possible. Et, à quel point la connexion internet c’est un truc politique aussi en vrai. Bref, je, je m’égare. Et en fait Laura tu es arrivée un peu à la dernière minute, et heureusement que je t’avais toi parce que sinon il y avait pas d’épisode, en fait, vraiment, c’est totalement des trucs imprévus et, ou des trucs auxquels on pense pas, et qui sont vraiment fatigants et c’est vraiment de la charge mentale. Et donc… voilà. S.V.P. arrêtez de dire que les podcasters indépendants sont juste des travailleurs bénévoles et que c’est juste un passe-temps, parce que vraiment ce podcast c’est toute ma vie depuis deux ans là, donc… voilà, merci, c’était mon petit coup de gueule !
Hallux : Ben merci en tout cas de déjà de… de créer cet espace, parce que franchement c’est trop bien. Et je sais à quel point c’est difficile, moi j’ai fait de la radio pendant six ans, je sais à quel point c’est difficile de tenir sur la longueur. D’ailleurs je peux plus faire de la radio parce que… (rire bref) parce que la radio est au cinquième étage sans ascenseur. Mais bon, voilà, le validisme. Mais du coup ouais, à quel point ça point ça peut être… voilà, un travail hyper éprouvant et qui est en même temps nécessaire dans l’éducation, et dans la pédagogie et tout, quoi. Maintenant tout le monde écoute des podcasts, enfin c’est la nouvelle forme de faire passer des messages et tout, et… et du coup ben voilà, ben merci en tout cas, de nous donner la voix.
Hermine : Ohh
Hallux : C’est chouette (rire).
Hermine : Ça fait tellement plaisir ! Mais du coup il reste une dernière dernière question car si je termine pas l’épisode avec cette question ce n’est pas un épisode de H comme handicapé.es. C’est la question recommandations culturelles. Du coup, est-ce que vous avez des recommandations culturelles avec un des sujets dont on vient de parler ?
Laura : Ben déjà il y a… une chanteuse qui a fait des clips, sans trop de budget, mais c’est quand même chouette, qui est une personne TDS et qui s’appelle Leña Dora. Voilà, il y a les sous-titres et tout sur YouTube, donc, on pense pas forcément aux clips… aux petits trucs comme ça, moi je trouve que c’est important d’en parler parce que c’est pas… c’est vraiment pas quelque chose de connu, là c’est une chanson sympa mais en fait qui montre bien la réalité, de manière plutôt ironique parfois, enfin, c’est sympa quoi. Autrement, il y a plusieurs séries. Il y a la série Pose où il y a des personnes TDS, alors, là ça compile, au niveau intersectionnalité ça compile beaucoup. Il y a des personnes, ouais, majoritairement trans, pas que, parce qu’il y a genre deux-trois mecs cis, mais gays, donc LGBT+ quand même, racisé.es, New-York dans les années quatre-vingt, voilà, c’est… le TDS dans les années SIDA quoi, donc c’est pas… Mais ça fait aussi partie de l’histoire des personnes TDS en fait. Parce que… ouais, il y a eu beaucoup de personnes TDS trans qui… ben qui ont taffer dans la rue, et qui n’avaient pas forcément le moyen de se protéger dans ces années-là, et du coup on a perdu beaucoup d’adelphes à… des collègues adelphes… qui, ouais, qui... Enfin ça fait partie de notre histoire en fait, et on n’en parle pas forcément assez.
Hallux : Ouais. Pose, my god, quelle merveilleuse série. En se rappelant que Stonewall est parti d’une bagarre dans un… d’un soulèvement plutôt dans un bar parti de personnes contre les flics, qui faisaient une descente dans un bar… gay. Et du coup les personnes, les premières personnes qui se sont retrouvées, souvent les travailleuses… les putes, les trans, et les bi.es, et les personnes racisées quoi, les personnes noires. Marsha hein.
Hermine : Ouais, ouais, c’est clair, et en plus Marsha P. Johnson, on oublie souvent qu’en plus d’être noire et trans, elle était aussi handicapée, quoi. Et ça on l’oublie touut le temps et ça m’énerve ! (rire bref) Mais ouais, ouais, nan c’est clair, c’est hyper important, Pose, il y a deux-trois petits trucs qui me gênent mais c’est clair que historiquement c’est quand même hyper… fidèle et enfin il y a vraiment un travail historique qui est hyper bien fait et c’est hyper important, c’est pour ça quoi
Laura : C’est une fiction donc forcément il y a des points négatifs… c’est romancé de ouf quoi c’est pas…
Hermine : Ouais man mais… cette série est quand même incroyable, enfin genre… toutes les actrices, enfin… je suis trop contente que quelqu’un en parle parce que ça fait hyper longtemps que je… j’espérais un jour qu’elle arrive dans le podcast.
Hallux : Et ben voilà, avec les putes ! (rire)
Hermine : (Rire) Nan mais trop ! J’avoue ! En plus j’y avais même pas pensé en y réfléchissant et après j’étais là « ah oui, c’est vrai » ! Ok, est-ce que t’avais une autre reco Laura ou pas ?
Laura : Le bouquin de Klou, « Bagarre érotique », qui montre bien le quotidien d’une personne TDS lambda… Donc Klou c’est une personne… c’est K, L, O, U, c’est une BD, c’est un style graphique assez particulier, je préviens quand-même, mais ouais ça, ça montre bien le quotidien d’une personne TDS, basique, qui…
Hallux : Elle est à Bruxelles d’ailleurs
Laura : Ouais ! Ouais, ouais, elle est en Belgique (rire). Et plutôt punk, queer, enfin voilà.
Hermine : Du coup Hallux, est-ce que tu avais des recos ou pas ?
Hallux : Moi je dirais que… comme recommandation… ça serait d’aller sur le site d’UTSOPI, U. T. S. O. P. I., où il y a pleins de… de ressources et puis de voir un peu ce que cette ASBL elle fait. Et sinon, comme autre ressource sur laquelle je suis tombée ce matin, c’est assez drôle… c’est une, une amie TDS domina qui m’a envoyé ça , qui est une amie punk aussi depuis longtemps. Je connaissais pas, mais il… il y a eu un mouvement qui s’appelle le collectif SPK voilà, SPK, donc c’est « socialistes, patients, collectif » et c’est tout une… un point de pensée sur… Ben anarchiste complétement mais qui repose justement sur cette dynamique de à quel point le capitalisme il, il est… ancré dans nos corps et qu’il essai de se réapproprier nos corps, tant dans la sexualité que au rapport du travail-profit, enfin voilà, c’est hyper intéressant. Je suis tombée sur cet article ce matin et j’étais là genre « mais wow ! » (rire). Et c’est un mouvement qui date des années septante, et du coup… mais voilà. J’invite à les lire, je peux donner un lien, c’est un PDF en fait, et, franchement c’est hyper intéressant, sur… ça m’a réveillé pleins de truc où j’étais là genre « mais wow ! », voilà il faut relancer tout ça là ! (rire)
Laura : J’ai encore deux petites recos s’il y a moyen. J’aimerais recommander du coup, ben, t’as recommandé UTSOPI pour la Belgique, ben il y a l’équivalent en France, c’est le STRASS… donc c’est un syndicat, des putes. Voilà c’est le syndicat des putes. En gros, c’est une grande asso où l’adelphité est vraiment très présente, et c’est super chouette. Donc si vous êtes concerné.es, que vous avez envie de soutien où quoi que ce soit… maintenant il y a des « apériputes » en plus qui sont organisés, donc c’est plutôt chouette, pour se retrouver et échanger sur nos quotidiens. Et sinon, pour tout ce qui est plutôt information, TDS et tout ça, il y a @o.s.m.o.s.e sur Instagram, qui fait beaucoup de contenu, et… qui essaie de, ouais, de faire le plus possible, en fait, sur tout les points de vus, bon, qui raconte aussi beaucoup sa vie, donc voilà (rire), faut pas avoir peur, mais c’est vraiment une personne très très très chouette, et qui explique très bien ce que c’est que d’être TDS, quand t’es vraiment queer, et quand t’est nomade, et que tu… et même TDS en général hein, parce que iel donne la parole à pleins d’autres gens aussi. Et il y a pleins d’assos locales aussi, qu’il faut pas oublier. Il y a Les pétrolettes à Rennes, il y a Paloma à Nantes, il y a grisélédis à grisélédis , enfin, je sais plus comment on dit, mais bref. À Toulouse ou Lyon je crois, il y a pleins d’associations, faut pas hésiter si, si on veux se renseigner et tout ça. En général il y a toujours des temps d’ouvertures pour les personnes non-concernées aussi, si vous avez envie de, d’en savoir plus ou tout ça, d’échanger, n’hésitez pas à y aller, il y a toujours des temps en mixité… en mixité, et des temps en non-mixité si vous êtes concerné.es et que vous avez pas envie de voir des gens qui ne sont pas concerné.es, enfin voilà.
Hermine : Ouais, nan mais complétement, et… @o.s.m.o.s.e du coup, en tant que personne pas concernée je recommande, parce qu’iel a vraiment une… iel est hyper pédagogique et tout et je trouve que c’est hyper bien pour les personnes qui sont pas concernées et qui veulent apprendre justement, @o.s.m.o.s.e je recommande plus plus.
Hallux : C’est clair, c’est hyper pédagogique et drôle en plus, donc…
Hermine : Complétement. Et du coup moi j’avais deux dernières recos. Un livre qui est pour le coup aussi hyper pédagogique et qui fait un peu écho au podcast parce que c’est un livre qui est rempli de témoignages de personnes TDS, qui s’appelle très sobrement « TDS, témoignages de personnes travailleuses et… travailleuses et travailleurs du sexe », qui a été écrit pas Tan Polyvalence, et en fait elle a vraiment recueilli pleins pleins pleins de témoignages sur plusieurs années. Beaucoup de personnes différentes, euh d’ailleurs il y a beaucoup de personnes handies dans le livre, qui témoignent, notamment des personnes autistes, et elle a aussi des témoignages de proches de personnes TDS, que ça soit des enfants où des partenaires et c’est aussi hyper intéressant. Et il y a tout une partie du livre où à la fin, justement, elle démonte un peu les idées abolitionnistes, et les arguments abolos, et… où ça parle de toutes les revendications des personnes TDS. Et vraiment, c’est un livre, c’est vraiment un outil pédagogique quoi, vraiment, qui est hyper… hyper bien fait et hyper important, que je recommande à foison, vraiment. Mais je crois que il est plus disponible, enfin il est en rupture de stock, actuellement.
Laura : Je crois qu’il est en réimpression
Hermine : Ouais, il me semble. C’est ça… (miaulement) Ohhh ! oh ! (Rire de Laura) Oh non, trop mignon ! (Rire général) c’était l’instant mignonnerie, voilà.
Hallux : Ah ouais elle fait un travail de ouf, Tan Polyvalence, ça fait des années, des années enfin moi je la suis depuis vraiment longtemps, ça fait vraiment très longtemps qu’iel bosse sur ce bouquin et je trouve… depuis que c’est sorti je l’ai pas encore eu !
Hermine : Ouais, et ben, ouais, moi j’ai eu la chance de l’avoir mais pareil, c’était un des derniers exemplaires avant qu’il y en aie plus du tout. Et j’avais une dernière série, et vraiment j’avais dit que je ne recommanderais plus de séries dans le podcast parce qu’elles finissent toutes par être… annulées au bout de deux saisons, mais là celle-là, j’ai vraiment eu un gros coup de cœur et je trouve que ça aborde des sujets qu’on voit très peu souvent à l’écran, du coup c’est, vraiment hyper important. Et du coup c’est une série qui s’appelle P Valley et c’est une série qui à la base est inspirée d’une pièce de théâtre, qui a été écrit par… une femme noire américaine, qui n’est pas concernée mais qui est genre cliente des clubs de striptease depuis qu’elle est jeune en fait, depuis qu’elle est ado, parce qu’apparemment aux États-Unis c’est hyper répandu en fait, d’aller fêter des anniversaires dans des clubs de striptease et tout, enfin. Et du coup elle s’est beaucoup renseignée sur ces milieux-là et tout pour écrire la pièce, et du coup elle en a fait une série, qui est absolument géniale, qui du coup se passe dans un club de striptease, dans le sud des États-Unis et qui est à quatre-vingt-dix-neuf pourcents composé de personnes noires, et de personnes noires queer. Et ça parle de pleins pleins de sujets, ça parle de… ben d’homosexualité, de TDS, de santé mentale, de racisme, et je trouve que ça redonne vraiment de la valeur à genre « c’est quoi être stripteaseuse », et en fait à quel point aux États-Unis c’est vraiment, et j’insiste sur « aux États-Unis parce qu’apparemment en France c’est pas du tout le même délire. Mais que, vraiment, aux États-Unis c’est vraiment de la performance, et, et les meufs qui font ça c’est vraiment des athlètes quoi, elles font des figures incroyables, et du coup dans la série ça donne des scènes qui sont incroyables, qui sont trop belles, ça les met vraiment en valeur et c’est vraiment hyper beau. Et la saison deux est encore plus intéressante parce que ça se passe pendant la pandémie, en début, début début de la pandémie, du coup ça montre comment… l’impact que la pandémie a eu sur le club et tout ça. Et c’est vraiment incroyable, enfin, il y a des scènes, ça parle aussi du coup, d’homosexualité dans la communauté noire, et aussi d’homophobie, genre dans le milieu du rap et tout, et du coup il y a des scènes de sexe qui sont incroyables, enfin, bref, c’est vraiment des sujets qu’on voit pas assez souvent à l’écran et du coup je recommande plus plus.
Hallux : Ouais ça a l’air trop bien !
Hermine : Oui ! C’est génial. Franchement, au début j’étais, j’étais un petit peu sceptique parce que… enfin par exemple au début, enfin la première saison c’est surtout centré sur… un personnage qui est genre la meuf light skin, tu vois, genre, et je suis là, mais c’est toujours les meufs qui ont la peau plus claire qui sont mis en avant, genre c’est bon… Et, et les autres elles sont un peu au second plan et en fait ça, ça se… ça évolue dans le bon sens et, et c’est grave cool, et puis enfin, juste le fait que ça soit des séries qui soient réalisées pas des femmes noires et je sais que à la prod, enfin… il y a aussi, je crois pas qu’il y aie beaucoup de mecs cis blancs dans la prod quoi ! Du coup, clairement c’est hyper important de mettre ces séries-là en avant. Et du coup P Valley c’est malheureusement disponible en France sur un truc de gros mecs cis blancs, c’est-à-dire Canal+, enfin My Canal je crois, mais, franchement je… je recommande parce que c’est trop trop intéressant et trop bien fait. Je vais m’arrêter là et on va s’arrêter là parce que ça commence à être beaucoup trop long et je vais avoir cinq-cent heures de montage !
Hallux : Désolé on a trop parlé ! (Rire)
Hermine : Nan, mais en même temps je, je voulais pas vous arrêter parce que c’était trop intéressant et moi j’étais là à boire vos paroles mais en même temps à un moment donné il faut savoir… savoir dire stop ! (Rire) Du coup, merci à vous deux d’avoir participé, encore une fois, c’était vraiment trop intéressant.
Laura : Ben merci à toi.
Hallux: Merci à toi pour… l’espace…
Laura : …que tu nous offres, ouais.
Hermine : Et merci au petit chat pour le ronron dans les oreilles, vraiment c’est trop mignon (rire). Et d’ailleurs c’est un… une transition parfaite, mais j’adore quand je fais des transitions parfaites sans m’en rendre compte, parce que le sujet du prochain épisode ce sera les animaux, parce que... je pense que vous l’aurez compris, j’ai aussi envie de parler de trucs mignons, parce que j’en ai marre de parler des oppressions, tout le temps, et du coup il sortira au mois d’avril !